Selon le dernier sondage réalisé par le Regroupement des Jeunes chambres du Québec (RJCCQ), dans le cadre de son projet " Travaillons ensemble ", un jeune professionnel sur deux du secteur tertiaire se considère surchargé mentalement. Il a aussi le sentiment de devoir travailler davantage que ses aînés, ce qui nuit considérablement, selon lui, à sa qualité de vie personnelle.
Pour Elizabeth Starenskyi, associée principale et co-présidente de " La Tête Chercheuse ", qui a collaboré à cette étude, " nous sommes face à une génération avec des priorités très différentes des précédentes. Étant donné que le milieu du travail est composé de quatre générations qui doivent travailler ensemble, nous faisons face à une confrontation de valeurs générationnelles. Il faut ouvrir un dialogue et ensemble penser à réécrire les règles du jeu du travail".
Emplois et relève
Dans notre économie, le secteur tertiaire regroupe un nombre impressionnant d'activités génératrices de dizaines de milliers d'emplois : commerce, administration, transport, finance, immobilier ; à ces différentes catégories, il faut ajouter les services aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale. Au Québec, personne ne sera surpris d'apprendre que c'est dans ce secteur que se manifeste le plus souvent la relève dans les entreprises de services et les commerces. Cette réalité prend tout son sens dans bon nombre de municipalités rurales aux prises avec la dévitalisation pour s'être vues privées, presque du jour au lendemain faute de relève et de repreneurs, de leurs commerces ou de points de services considérés comme essentiels par leur population.
Forte représentation
Le projet du RJCCQ a débuté en 2021 ; il arrivera à son terme en 2024. Cette étude assortie de sondages a comme objectif de " brosser un portrait global des intérêts et des besoins des jeunes en matière de conditions de travail et de qualité de vie personnelle ". Dans les faits, le RJCCQ représente environ 10 000 jeunes professionnels, cadres, travailleurs autonomes et entrepreneurs âgés de 16-18 ans jusqu'à 35 ans et plus. Les conclusions de ce 4e sondage doivent donc être prise au sérieux. Il faudra patienter jusqu'en 2024, année qui marquera la fin de l'étude, avant d'avoir le portrait global de la situation. D'ici là, la nécessité d'une réflexion s'impose.
La carte de la prudence
Parmi les données révélées par ce dernier sondage, 3 ressortent de manière particulièrement surprenante, voire inquiétante : 30 % des jeunes sondés affirment, en effet, avoir repoussé l'idée de commencer à épargner pour leur retraite ; 20 % préfèrent attendre avant de fonder une famille, d'acheter une maison ou d'emménager dans un nouveau logement ; 10 % croient préférable de patienter jusqu'à ce que la situation économique se stabilise avant de se lancer en affaires. Par ailleurs, la majorité des jeunes professionnels (56 %) disent avoir été obligés de réduire considérablement leurs dépenses pour faire face à l'inflation et 48 % font état de leurs préoccupations face à la possibilité d'une éventuelle récession. Ce coup de sonde ponctuel est également révélateur en ce qui concerne le stress et les dangers qu'il fait peser sur la santé mentale des jeunes travailleurs, en particulier pour ceux ayant effectué leur entrée sur le marché du travail pendant la pandémie.
Un outil de travail précieux
Le projet " Travaillons ensemble " est un outil de travail précieux pour les experts de tous les horizons. Il fait ressortir de façon claire des problématiques déjà ressenties dans la foulée de l'ère post pandémique et qui pourraient hypothéquer lourdement les performances économiques du Québec dans un proche avenir. Pour l'heure, il faut souhaiter que les jeunes travailleurs du secteur tertiaire, davantage préoccupés par le climat socio-économique actuel sur leur santé mentale et leur charge de travail, puissent trouver le juste équilibre entre la qualité de leur vie personnelle et les exigences de leur profession.