SAGUENAY – Pour Produits forestiers Résolu (PFR), dont les usines de Kénogami et de Dolbeau, dans la région, étaient touchées de plein fouet depuis 2015 par les droits compensatoires de 17,87 % imposés par les États-Unis sur le papier surcalandré, la décision rendue hier [05-07-2018 NDLR] par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur du Canada, vient renforcer et confirmer la position qu'elle défend depuis le début du conflit.
« Ça va dans le sens de ce qu’on a toujours dit : que cette plainte était non fondée. […] Ça confirme la position qu’on a toujours défendue », affirme le porte-parole de l’entreprise, Karl Blackburn. En réponse à une plainte déposée par le Canada en 2016, l’OMC a déclaré que le département du Commerce américain a agi d’une manière incompatible avec les règles commerciales en justifiant l'imposition de droits compensatoires sur le papier surcalandré, utilisé principalement dans les magazines, catalogues, brochures et encarts et produit notamment par les usines régionales de PFR.
Plainte retirée
La décision de l’OMC vient renforcer la position canadienne dans ce dossier, mais il importe de rappeler que le conflit avait pris une nouvelle tournure, en mars. En effet, Verso Corporation, l’entreprise américaine à l’origine de la plainte contre les papetières canadiennes, comptait faire volte-face à la suite d’une entente avec deux des entreprises visées. Hawkesbury Paper Limited Partnership et Irving Paper Limited verseront 42 M$ à Verso lorsque la plainte sera retirée.
Après le retrait de la plainte par Verso, le département du Commerce américain dispose de 60 à 90 jours pour accepter cet accord et mettre un terme aux droits compensatoires. Si tout se passe bien, selon le moment où le département prendra sa décision, Produits forestiers Résolu devrait récupérer entre 61 et 86 millions de dollars US en droits payés depuis 2015. « Nous, on s’attend de récupérer les droits compensatoires et antidumping versés depuis 2015. Normalement, le département du Commerce américain devrait statuer qu’il n’y a plus de plainte et nous retourner les sommes. […] Selon nos estimations, à la fin de 2018, nous aurons payé 86 M$ depuis le début du conflit », mentionne M. Blackburn.
Une excellente nouvelle pour l’économie régionale
Il s’agit d’une bonne nouvelle qui fournira un peu de répit à Produits forestiers Résolu. « Ça devrait nous permettre de récupérer les taxes payées sur les exportations américaines. Retrouver l’accès à nos liquidités peut permettre la recherche, l’innovation, l’investissement », note le porte-parole, qui précise que la direction de PFR va évaluer les possibilités dans les prochains mois, lorsque le dossier sera conclu.
Le fait de ne plus payer de taxes devrait également améliorer la compétitivité des usines de Kénogami et de Dolbeau, qui avaient été fragilisées par ces surtaxes sur leurs opérations dans un contexte de demande du papier en déclin et de compétition internationale féroce dans le domaine.
Mentionnons que PFR est également touchée par les conflits commerciaux avec les États-Unis dans le domaine du bois d’œuvre (depuis 2017) et du papier journal (en 2018), qui risquent aussi de s’avérer assez longs à régler. Le marché du bois d’œuvre demeure vigoureux, ce qui contribue à atténuer les impacts des surtaxes imposées en 2017 par Washington. Du côté du papier journal, Karl Blackburn indique qu’on assiste à une mobilisation sans précédent de 600 000 personnes (travailleurs, propriétaires d’entreprises, élus, etc.) qui demandent que la plainte déposée par une seule entreprise américaine soit retirée. Les signataires affirment que ce sont 600 000 emplois qui sont en péril aux États-Unis en raison de ces droits douaniers. PFR évalue toutefois à 237 M$ les montants cumulés que lui auront coûté, à la fin 2018, les surtaxes imposées depuis le début des conflits dans ces trois secteurs d’activité.