N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Équipementiers et fournisseurs | Rouages essentiels de notre économie publié dans notre édition du mois de mars.
MÉTABETCHOUAN–LAC-À-LA-CROIX – Les équipementiers régionaux ont tout intérêt à collaborer et à s’entraider, selon Evans Thibeault, président-directeur général du Groupe LAR. Ce dernier croit que cette façon de faire assure une meilleure création de richesse dans la région.
« Régionalement, il faut se soutenir. Mes compétiteurs ici, ce ne sont pas vraiment mes compétiteurs. La vraie concurrence, ce n’est pas l’entreprise à côté de moi, mais celles à l’international qui font exactement ce qu’on fait et qui vient s’installer au Québec ou encore la compagnie qui fait fabriquer ses pièces en Chine pour les ramener au Québec ensuite », affirme le PDG de l’équipementier spécialisé dans la mécanique lourde, notamment pour le secteur de l’hydroélectricité.
Evans Thibeault croit que les gros équipementiers de la région ont avantage à œuvrer ensemble pour s’assurer de conserver un maximum de production et de retombées au Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Nous devons nous parler plus et faire des travaux ensemble de temps en temps. Ça va nous amener ailleurs », indique-t-il.
Soumissionner ensemble
L’homme d’affaires rappelle que, bien souvent, les équipementiers régionaux ne seront en concurrence que pour des portions spécifiques de leurs activités. « Nous pouvons nous mettre ensemble pour certaines soumissions. Nous pouvons nous entraider », estime-t-il.
Les entreprises qui se regroupent pour répondre à des contrats sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses. Selon M. Thibeault, cela est dû au fait que les donneurs d’ordres sont beaucoup plus enclins aujourd’hui à offrir de très gros projets incluant plusieurs réfections, étalés sur cinq ans ou plus.
« Quand les contrats deviendront trop gros, les consortiums vont se former. Si tu te retrouves avec un seul immense contrat dans ton organisation, tu as un risque de contrôle économique sur ton entreprise. S’il y a un problème avec ce projet, tu fermes. Pour l’éviter, il faut diversifier le portefeuille de travaux. C’est là que les consortiums et partenariats deviennent intéressants. Ça permet de diversifier les risques et d’avoir de plus gros contrats. »
Le Groupe LAR collabore d’ailleurs souvent avec d’autres équipementiers de la région. « Nous parlons régulièrement avec nos compétiteurs. Par moment, nous soumissionnons ensemble. Nous sommes deux experts d’un domaine, alors pourquoi ne pas travailler de concert ? Il faut que ce soit gagnant-gagnant », précise Evans Thibeault.
Développer l’écosystème
Chaque grand équipementier fait affaire avec une foule de sous-traitants locaux pour des pièces ou des besoins ponctuels. Lorsque les plus grandes entreprises travaillent ensemble, cela est bénéfique pour toute la chaîne de valeur.
Le développement de l’écosystème d’équipementiers et fournisseurs régionaux est donc une clé de la réussite pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Nous nous connaissons entre gros équipementiers, mais il faut aussi découvrir les plus petits. Nous devons comprendre l’offre de service des entreprises de la région. C’est gagnant pour tout le monde. […] On sent qu’il y a un virage qui se fait vers ça », assure le PDG du Groupe LAR.
Une plus grande collaboration entre les entreprises régionales permettra également de mieux se positionner sur l’échiquier mondial. « Quand tu peux avoir plus de profondeur ou de capacité parce que tu t’allies en relation stratégique avec d’autres équipementiers, tu es en mesure de faire face davantage à l’économie internationale », conclut Evans Thibeault.
Interrelations régionales
Les interrelations entre les équipementiers, les fournisseurs et les autres entreprises sont importantes. Chacun a développé une expertise et des forces qui peuvent servir à son voisin. Par exemple, lorsque le Groupe LAR a obtenu le contrat de 80 M$ pour la réfection du barrage de Rapide-Blanc, il a sous-traité la portion des travaux touchant le génie civil, qu’il ne fait pas à l’interne, à J.E. Perron. « Parfois, c’est l’inverse, le donneur d’ordres donne un gros contrat à une firme qui fait du génie civil et cette entreprise vient nous chercher pour la mécanique », explique Evans Thibeault, PDG du Groupe LAR. Dans la phase de conception, l’équipementier peut également faire de l’impartition avec une firme de génie si elle obtient plusieurs gros contrats en même temps et que la capacité de son équipe est débordée. À l’étape de la fabrication, plusieurs choses peuvent être transférées en sous-traitance. Le réseautage entre les différentes organisations du Saguenay–Lac-Saint-Jean est donc essentiel. « Nous essayons de développer le plus possible les interrelations à l’intérieur de la région », assure le PDG.