SAGUENAY – C’est en 2015 qu’Audrey Clavet a lancé son entreprise en accompagnement à la naissance, Passion Naissance. Cette mère de quatre enfants et passionnée de périnatalité a récemment élargi sa gamme de services et souhaite faire croître encore plus son entreprise afin de soutenir une large diversité de familles dans la région.
Ergothérapeute de formation, c’est après la naissance de son aînée par césarienne, qu’elle a vécue difficilement, qu’Audrey Clavet a découvert les accompagnantes à la naissance (ou doula) et qu’elle a eu envie de suivre la formation. « Quand j’ai appris un peu plus à connaître les doulas, je me suis dit que j’avais envie, moi, de faire partie de la solution, d’accompagner d’autres personnes enceintes dans ce qu’elles vivent pour la grossesse », raconte-t-elle.
Elle a suivi sa formation de doula après la naissance de son deuxième enfant et, depuis, multiplie les formations en périnatalité pour mieux accompagner les couples. Ses services, toujours modulables et flexibles en fonction des besoins des familles, comprenaient au départ l’accompagnement à la naissance. Celui-ci inclut, par exemple, un certain nombre de rencontres prénatales, puis la garde 24 h/24 à partir de 37 semaines et la présence à l’accouchement, suivie de soutien téléphonique 24 h jusqu’à un mois après l’accouchement et deux visites postnatales à la maison, dont une souvent juste après la sortie de l’hôpital. « Je suis là pour renforcer leur sentiment de compétence, de confiance dans leur capacité à lire leur enfant. Pour l’allaitement, je peux aussi observer une tétée au complet », explique celle qui possède aussi une formation de marraine d’allaitement.
Des services élargis
Depuis le début 2021, Mme Clavet travaille à élargir ses services afin de mieux répondre aux besoins des familles de la région. Elle offre maintenant un service de relevailles pour lequel les parents peuvent acheter des heures ou un bloc d’heures. La particularité de son offre : elle est disponible également de soir, de nuit ou de fin de semaine. « Je peux faire du soutien émotif, aux tâches domestiques, à l’adaptation de la fratrie. Je peux aussi être présente de nuit, si par exemple le bébé ne dort pas, le papa travaille de nuit ou les parents ont juste besoin de dormir une nuit complète. Je peux alors m’occuper de tous les soins au bébé, sauf l’allaitement bien sûr, mais je peux amener le bébé à sa maman juste pour ça et m’occuper du reste. C’est vraiment ouvert à tous : parents qui adoptent, issus de la communauté LGBTQ+, familles d’accueil ou banque mixte, etc. », souligne la doula.
Elle a également ajouté l’animation de rituels comme les soins Rebozo, un rite d’origine mexicaine réalisé quelque temps après l’accouchement, qui permet une fermeture physique (muscles et bassin) et émotionnelle par un serrage à l’aide d’écharpes, ou les Blessingway, d’origine autochtone, célébrant la femme enceinte qui donnera bientôt naissance.
Depuis l’hiver, Mme Clavet présente aussi, sur sa page Facebook, aux deux semaines, des entrevues avec différentes professionnelles de la région sur divers sujets liés à la périnatalité et la petite enfance. « Ce sont de beaux partenariats, c’est gagnant pour tout le monde. On a une belle participation, ça crée un beau réseau. Je rencontre vraiment de belles personnes avec ça », estime-t-elle.
Un nouveau service à Saguenay
Audrey Clavet a lancé récemment un tout nouveau service à Saguenay : l’accompagnement à l’interruption de grossesse. Elle a obtenu la certification de l’organisme Les Passeuses, le seul à en faire au Québec, à l’hiver et au printemps dernier. « En général, ce sont 5 % des deuils qui deviennent pathologiques, mais pour une interruption de grossesse, c’est 40 % qui le deviennent, parce qu’il n’y a pas d’écoute pour ces deuils-là, que ce soit une fausse couche ou un avortement décidé ou médical. […] J’avais envie d’offrir cet espace-là, cette écoute-là pour valider leurs émotions », mentionne-t-elle.
Mme Clavet peut offrir de l’information vérifiée et rigoureuse, des références et des ressources pour permettre aux personnes de faire un choix éclairé. « Toute l’information avant, c’est un service gratuit. Je trouve ça important que les gens aient accès à de l’information fiable et gratuite. Je rencontre la personne sur ce qu’elle veut, ses besoins. Si elle veut du soutien émotif, de l’information ou de la défense de droits, je l’accompagne », affirme-t-elle. Après l’interruption de grossesse, elle demeure disponible pour des rencontres de soutien, pour parler du deuil ou du vécu, à la carte selon les besoins.
Cours prénataux virtuels
C’est avec une foule d’idées en tête qu’Audrey Clavet poursuit le développement de son entreprise. Une portathèque gratuite, soit un endroit où les parents peuvent emprunter différents types de porte-bébés, devrait voir le jour au cours des prochains mois. Des cours prénataux semi-privés, soit en groupe de trois à cinq couples, seront aussi offerts prochainement et la doula prévoit collaborer avec d’autres professionnels pour ce faire.
Un autre projet sur lequel elle planche est de développer des cours prénataux virtuels sur une plateforme numérique en ligne qui contiendrait des capsules, des vidéos et différents outils. « Je me donne un an pour créer et constituer le contenu. […] Je ne veux pas un contenu plate qu’on ne fait que visionner. Dans mon accompagnement, j’aide le partenaire à prendre un rôle actif dans la gestion de la douleur, dans la naissance de son bébé. Ça fait toute une différence, plutôt que d’être passif ou anxieux ou ne pas comprendre ce qui se passe. Je veux orienter mes cours virtuels autour de ça. Je veux travailler sur l’autonomie, l’empowerment. Je n’ai pas envie d’un cours passif préenregistré de deux heures où tu regardes un écran qui est plate. Je veux que ce soit ludique, avec des exercices, que les couples puissent s’asseoir, réfléchir et se demander : “nous, qu’est-ce qu’on veut ? C’est quoi, nos choix ?” », note-t-elle.
Extrêmement passionnée par son travail, Mme Clavet souhaiterait aussi jumeler ses deux métiers, soit l’ergothérapie et l’accompagnement à la naissance. Pour ce faire, elle retourne aux études à temps partiel pour faire de la recherche sur l’ergothérapie en périnatalité. Ce projet devrait se réaliser sur un horizon de trois à cinq ans.
Et à long terme ? « Dans mon rêve idéal, je me verrais à la tête d’une équipe de doulas. Ça prend des gens qui auraient les mêmes valeurs et la même vision que moi. J’aime l’entrepreneuriat. Je me vois à la tête d’une entreprise humaine où la passion est le moteur des affaires », conclut-elle.