SAGUENAY – La firme saguenéenne CONFORMiT a ouvert un bureau en Tunisie l’automne dernier. Cette décision, ayant nécessité un investissement de 300 000 $, a pour but de favoriser le recrutement international et de faciliter l’immigration des employés de cette région.
Le développeur de logiciel dans le domaine de la gestion de risques en santé, sécurité et environnement fait face, comme plusieurs autres, au manque de ressources humaines. Elle s’est donc tournée vers le recrutement international. Toutefois, comme les délais d’immigration sont très longs, les gestionnaires ont choisi de permettre à leurs recrues de travailler pour eux à distance.
« Nos équipes au Québec sont en télétravail depuis six ans. C’était donc logique de permettre aux travailleurs recrutés à l’international de travailler à distance pour nous pendant les démarches. Nous faisons ainsi de la télé-immigration », indique Éric Desbiens, président-directeur général de CONFORMiT. L’entreprise compte 75 employés et a actuellement plus d’une vingtaine de postes à combler.
Étude de marché
C’est après une étude de marché que l’entreprise a choisi la Tunisie pour l’ouverture d’un premier bureau international. Cinq personnes y travaillent actuellement. « Nous recrutons là-bas, puis nos employés peuvent commencer à travailler pour nous à Tunis. Ils font toute l’intégration dans l’entreprise et, parallèlement, nous lançons les démarches d’immigration », souligne M. Desbiens. Ce dernier précise que les employés qui ne désirent pas immigrer peuvent demeurer au bureau de Tunis.
Le PDG confirme que la télé-immigration fonctionne bien et réduit le stress des nouveaux arrivants. Une première travailleuse ayant bénéficié de cette démarche vient d’ailleurs de s’installer ici, après un an de travail à distance. « Quand ils arrivent finalement au Québec, ils sont déjà intégrés dans notre organisation et ils n’ont que l’adaptation au nouveau pays et à la culture à vivre. Ça réduit leur charge mentale », affirme Éric Desbiens.
CONFOMiT collabore aussi avec les universités tunisiennes afin de faciliter le recrutement. Les gestionnaires souhaitent aussi créer des liens entre ces universités et l’UQAC, afin que les étudiants puissent effectuer des sessions à l’étranger reconnues dans leur diplôme.
Certification BCorp
En plus de l’ouverture de ce nouveau bureau, CONFORMiT vient d’obtenir la certification internationale B Corp, qui est remise aux entreprises à but lucratif répondant aux plus hauts standards d’impact social et environnemental, de gouvernance éthique et de transparence envers le public. Le processus de certification, très exigeant, a nécessité deux ans et devra être renouvelé tous les trois ans. « Tous les aspects de l’entreprise sont évalués, tant les finances que les interactions avec la communauté, avec l’environnement, la diversité, le développement durable, etc. », explique Éric Desbiens.
Une fois tous les audits réalisés, une note est octroyée à l’entreprise. La note de passage est de 80 %. « Environ 75 % des compagnies échouent à leur première demande. Nous avons réussi avec 85,1 %. » CONFORMiT est la première entreprise au Saguenay–Lac-Saint-Jean à obtenir la certification B Corp. Elle est également la première dans son secteur d’activités (gestion de risques et santé, sécurité et environnement). Le Québec compte 90 organisations certifiées. À travers le monde, on en trouve 6 200 réparties dans 90 pays.
L’obtention de la certification permet à la firme saguenéenne de se démarquer auprès des clients et des employés potentiels, puisqu’elle est un gage de qualité face aux engagements en matière de développement durable. Au-delà de cette reconnaissance, M. Desbiens juge qu’elle permet surtout à son équipe de savoir exactement où sont ses forces et ses faiblesses. « Nous avons encore 15 % à aller chercher. Notre but est de nous améliorer. L’audit nous aide à élaborer notre planification pour faire mieux. Ça nous donne plein d’idées », estime-t-il.
Par exemple, l’entreprise soutenait de nombreuses causes sociales, mais sans que ce soit mesuré et sans ligne directrice. L’audit a mis en lumière le fait que ces actions étaient trop éparpillées. « Nous avons donc choisi une cause : la persévérance scolaire. Et nous avons ciblé des indicateurs. Chaque membre de l’équipe doit faire des interventions dans ce domaine, comme une conférence dans des écoles, de l’aide aux devoirs, l’accompagnement de stagiaires, etc. »