Voici la UNE de notre édition papier du mois de juin.
SAGUENAY – Après avoir développé la technologie unique de filtration des particules autonettoyante EPURA, Propulsa Innovations ajoute une nouveauté avec une cartouche d’épuration des gaz toxiques au charbon activé qui se démarque des autres produits sur le marché. Ce système est actuellement en phase d’essai sur un transporteur d’anodes de l’usine Grande-Baie.
La technologie EPURA, qui élimine le besoin de changer les filtres par sa conception autonettoyante, a fait ses preuves. Il permet de pressuriser une cabine d’opération en continu et de manière constante grâce à un ventilateur performant, et ce, peu importe le niveau de colmatage du filtre. La nouveauté, c’est que l’équipe de Propulsa Innovations l’a muni d’un système de captation des gaz sous la forme d’une cartouche de charbon indépendante et rechargeable.
« Les alumineries sont très critiques en matière de charge de poussières, et notre système est intéressant parce que le filtre est autonettoyant. Mais dans ces milieux, il ne faut pas seulement enlever les particules, mais aussi s’assurer que les travailleurs ne sont pas exposés aux gaz toxiques », indique Denis Dumais, vice-président innovations chez Propulsa.
Bien que des produits existent déjà dans le marché, l’entreprise saguenéenne a choisi d’innover dans la réalisation de son système. « En intégrant la technologie EPURA, nous sommes uniques. Nous avons aussi travaillé beaucoup pour obtenir des performances de captation des gaz plus grandes. De plus, notre ventilateur offre des performances jusqu’à 10 fois supérieures à la concurrence au niveau des pressions, ce qui nous permet de maintenir des pressions stables dans la cabine », affirme M. Dumais. Ce dernier précise que le système a sa propre interface homme-machine qui permet de suivre en direct l’évolution de l’état du filtre et d’assurer une filtration optimale en tout temps.
Moins polluant
Par ailleurs, le développement durable a été pris en compte dans la conception du système. Les autres produits offerts sur le marché intègrent les filtres et le charbon dans un même dispositif qui doit être entièrement changé et jeté lorsque l’un ou l’autre est saturé. La différence du système de Propulsa est qu’il utilise du
charbon granulaire. « Les filtres sont complètement séparés. Le charbon est un consommable, soit un charbon en particule qu’on intègre dans un bac. Quand il est saturé, on le vide et on réintroduit une autre quantité de charbon granulaire. On jette seulement le charbon. Et bien sûr, notre filtre pour les particules et poussières est autonettoyant et n’a pas besoin d’être changé. On génère ainsi moins de déchets », précise le vice-président Innovations.
Défis d’adaptation
Afin de tester le concept en situation réelle, Propulsa Innovations a collaboré avec EPIQ Mecfor et Rio Tinto pour l’intégrer sur le transporteur d’anodes MTA30 conçu par l’équipementier régional [voir autre texte p.2]. Cette démarche a présenté plusieurs défis techniques.
L’un des enjeux venait de la dimension du système, plus volumineux que ceux d’origine. Il n’y avait qu’un endroit possible où il pouvait être installé sur le MTA30 sans affecter le champ de vision de l’opérateur. « La visibilité pour l’opérateur est sans compromis. Il s’agit d’une caractéristique inégalée du design d’EPIQ MECFOR pour ce type d’équipement », fait remarquer Carl Lapointe, ingénieur de produits pour l’entreprise.
Un support adapté a donc été conçu et le design du boîtier revu afin d’être positionné dans l’orientation requise. « Il ne fallait en aucun cas altérer les fonctions normales du véhicule et le culbutage de la cabine, qui facilite son entretien et sa maintenance », ajoute M. Lapointe. Autre défi : le ventilateur d’origine de la technologie EPURA était alimenté par du 24 volts. Toutefois, le transporteur d’anodes nécessitait un système alimenté par du 12 volts. « Il a donc fallu trouver un ventilateur possédant des performances similaires, mais avec un voltage différent », mentionne Denis Dumais.
Suivi des performances
Le transporteur est en utilisation dans l’usine Grande-Baie de Rio Tinto depuis environ un mois et demi. Cette étape, qui permet de tester les performances dans des conditions réelles, revêt une grande importance puisqu’elle permettra de démontrer les avantages concurrentiels, de s’assurer des rendements du point de vue de la santé et sécurité des travailleurs et de confirmer les retombées environnementales positives. Un suivi étroit est réalisé. L’équipe de Rio Tinto effectue des tests de gaz réguliers, tandis qu’un technicien de Propulsa fait une inspection et une collecte de données sur l’état général du système une fois par semaine.
Le système de filtration autonettoyant EPURA est un des premiers concepts de Propulsa Innovations et a fait ses preuves en matière de filtration des poussières. Il n’avait toutefois encore jamais été combiné à un dispositif permettant d’épurer les gaz toxiques dégagés par certains procédés industriels, dont ceux des alumineries. L’entreprise désirait s’attaquer à cette réalité, toujours en apportant une plus-value à son produit, sous la forme d’une cartouche rechargeable au charbon.
Collaborer pour mieux innover
Dans cette démarche, l’un des meilleurs équipements possibles pour tester les performances du prototype était un transporteur d’anodes qui opère dans un environnement industriel chargé en poussières de carbone et d’alumine, en plus des gaz nocifs comme le fluorure d’hydrogène (HF) et le dioxyde de soufre (SO2). Les filtres et le charbon font l’objet de remplacements fréquents sur ces appareils, ce qui assure le maintien d’une bonne qualité d’air.
C’est la raison pour laquelle l’équipe de Propulsa Innovations a approché celle d’EPIQ MECFOR, entreprise régionale reconnue comme un leader nord-américain pour ce type d’équipement, dont les installations de Saguenay sont de surcroît situées à proximité des siennes.
Intérêt immédiat
L’équipe d’EPIQ MECFOR, division régionale d’EPIQ Machinerie, a tout de suite été intéressée à participer au projet avec son transporteur d’anodes MTA30. Celui-ci utilisait auparavant une autre technologie pour la filtration et l’épuration des gaz. Toutefois, ces cartouches (une pour le filtre et une pour le charbon) doivent être changées régulièrement et sont assez onéreuses.
Le système EPURA nécessite uniquement le remplacement du charbon en vrac utilisé pour l’épuration des gaz. « Nous le trouvions intéressant en raison de sa capacité de filtration, mais aussi parce qu’il a un bon maintien de la pression dans la cabine, un apport constant d’air frais et que le filtre se nettoie seul. Il n’y a plus de temps morts pour changer les filtres. Comme on doit généralement les changer aux mois, on gagne beaucoup de temps. Pour le client, c’est intéressant », résume Carl Lapointe, ingénieur de produits chez EPIQ MECFOR.
En plus de la technologie, les deux entreprises possèdent des valeurs et une vision similaire, ce qui a facilité la collaboration. « Nous avons eu la visite d’Éloïse Harvey, chef de la direction d’EPIQ Machinerie. Nous avons constaté que nos visions d’entreprises se rejoignent », souligne Denis Dumais, vice-président innovations chez Propulsa. « S’allier les forces d’autres organisations plus spécialisées dans certains domaines, ça crée des synergies et des relations gagnant-gagnant », ajoute Isabelle Gaudreau, coordonnatrice marketing et communications chez EPIQ Machinerie.
Synergie régionale
Rio Tinto s’est aussi impliqué dans le projet en tant qu’acheteur du transporteur d’anodes et par le biais du Développement économique régional (DER). L’équipe de l’usine Grande-Baie doit aussi réaliser les tests de gaz pour confirmer que l’exposition au HF et au SO2 est conforme en tout temps dans un contexte d’opération réel.
« Rio Tinto a une volonté de faire rayonner les technologies régionales. Le bassin de l’industrie de l’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est un fleuron autant pour la région que pour le Québec. Il y a donc eu une implication pour supporter le déploiement de cet essai-là en usine », indique Mme Gaudreau. Toute la synergie entre les trois organisations, qui ont un historique de collaboration, a assuré la réussite du projet. « Il y avait une ouverture parmi les participants pour l’essayer. Il y a une conjoncture favorable qui s’est développée pour tester cette technologie. Au-delà de la technique, il y a une belle chimie qui a permis au projet de se réaliser », estime-t-elle.
Étroite collaboration
L’étroite collaboration entre les équipes de Propulsa et d’EPIQ MECFOR pour l’adaptation du système sur le transporteur d’anodes a d’ailleurs constitué la clé du succès du projet. « Ça s’est bien passé. Notre équipe est très imaginative. Nos employés ont fait un beau travail collaboratif avec les gens de MECFOR pour atteindre un concept intéressant. Ça s’est fait rapidement. Nos gens ont adoré travailler sur ce projet », raconte M. Dumais.
« Pour nous, ça a presque été un projet clés en main. Nous avons fourni les plans du véhicule et l’équipe de Propulsa a adapté le système au complet. C’était complexe et ils ont été très efficaces », renchérit Carl Lapointe.