SAGUENAY – Les entreprises de la région qui emploient des travailleurs issus de l’immigration ont un défi particulier dans le contexte de la pandémie du coronavirus affectant durement le milieu industriel de toute la province. C’est du moins l’avis de Martin Lépine de Groupe Industriel AMI (GIAMI) qui avait sous son aile une quinzaine de ressources humaines originaires de France, du Sénégal et de la Tunisie au moment de la mise sur pause de l’économie québécoise.
« Ces travailleurs sont traités de la même façon que les natifs du Québec. Toutefois, nous portons une attention particulière à leur état d’esprit, puisqu’en plus de l’angoisse liée à leur situation professionnelle (certains sont au chômage), ils sont inquiets pour leurs proches restés dans leurs pays d’origine. Mais quand tu les sondes, tu te rends compte que si certains ont peur du virus, dans l’ensemble, ils sont heureux d’être ici, surtout quand ils constatent les mesures mises en place pour les protéger. Le gouvernement traite les immigrants comme des Québécois, nous les traitons aussi comme nos employés québécois. D’ailleurs, je crois que la plupart se sentent chanceux d’être au Canada dans les circonstances. À date, ça va quand même bien. Il n’y a que nos Français qui ne travaillent pas pour le moment, mais ils sont supportés par le fédéral, comme toutes nos autres ressources en chômage temporaire », explique le PDG du GIAMI.
Gérer au jour le jour
Groupe Industriel AMI, situé dans le parc industriel de Jonquière, est spécialisé en fabrication et en maintenance industrielle, notamment auprès des grands donneurs d’ordres de la région. L’entreprise est considérée essentielle au vu des critères édictés par le gouvernement du Québec, puisqu’elle agit comme fournisseur auprès de clients stratégiques, comme Rio Tinto. Toutefois, Martin Lépine explique que son service de paye rémunère normalement quelque 230 employés alors qu’il n’en supporte que 50 actuellement. « On a mis en place un comité de crise, mais, tous les jours, il faut s’ajuster aux nouvelles. Des chantiers ferment et rouvrent après, ça change tous les jours. Actuellement, on a 50 personnes sur le payroll, mais on s’attend à monter à 80 cette semaine. En réalité, on est à la remorque de nos clients, qui eux sont à la remorque des décisions gouvernementales », lance-t-il.
Des leaders communautaires
« Dans la crise que l’on vit actuellement, ce qu’on demande à notre personnel, c’est d’être des leaders communautaires positifs autour d’eux, mais surtout de ne pas baisser la garde pour éviter la contamination. Mais on reste à l’affût et positif, même si on a tous hâte de baisser les bras et de reprendre une vie normale. Pour le moment on ne peut pas faire beaucoup plus », confie Martin Lépine.