SAGUENAY – Le député de Jonquière à l’Assemblée nationale du Québec, Sylvain Gaudreault, estime que les audiences du BAPE qui débutent aujourd’hui devront apporter un éclairage complet à certains éléments cruciaux du projet Énergie Saguenay.
« Plusieurs des informations soumises par l’entreprise et les réponses aux questions qui lui ont été adressées par les scientifiques du gouvernement demeurent préoccupantes et le BAPE devra répondre à ces questions de manière détaillée », déclare Sylvain Gaudreault, ajoutant qu’il a demandé dès l’élection de 2018 que le mandat du BAPE porte sur l’ensemble du projet, de l’extraction à la consommation sur les marchés, incluant le gazoduc, ce qui a été refusé par le gouvernement Legault.
Dans sa réponse à l’étude d’impact de novembre 2019, les experts du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques ont établi que le projet Énergie Saguenay pourrait entraîner les émissions de GES canadiennes de 8,5 millions de tonnes de CO2 par année. L’entreprise prétend que ce GNL remplacera des sources d’énergies plus polluantes ailleurs dans le monde, mais sa propre étude de cycle de vie n’arrive pas à cette conclusion. Il serait capital que le BAPE réponde de façon définitive à cette question. « Peut-elle présenter au BAPE des lettres d’intention et des contrats fermes qui lui permettent d’appuyer cette prétention ? » a poursuivi Sylvain Gaudreault. Par ailleurs, le député se questionne aussi sur la proportion du gaz de schiste qui serait liquéfié par l’usine, rappelant que la compagnie n’a jamais pu préciser la donnée par le passé.
Études sur les mammifères marins
Une étude scientifique diffusée récemment a démontré que des mammifères marins fréquentent le fjord du Saguenay. Dans le cas du béluga, Énergie Saguenay a inscrit dans ses documents que 5 % des bélugas fréquentaient le fjord du Saguenay, alors que des études plus récentes démontrent que ce serait 50 %, soit 10 fois plus. Des études complémentaires continuent d’être menées et permettront d’établir plus clairement les impacts sur les mammifères marins. « Est-ce qu’Énergie Saguenay peut s’engager à attendre la fin des études entamées par l’Université du Québec en Outaouais et le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) avant d’entreprendre la construction de l’usine et du gazoduc ? » a demandé le député ?
Durée de vie du projet
La compagnie a diffusé certaines données sur la durée de vie du projet et les emplois créés pour l’exploitation. Il sera souhaitable que le BAPE puisse analyser ces données. Le député se questionne également sur la quantité réelle d’emplois permanents créés par le projet, malgré les prétentions de la compagnie, et sur la durée de vie du projet dans un contexte où la diversification économique à long terme de la région est une priorité. « Avec l’automatisation des procédés industriels et le phénomène de la rareté de la main d’œuvre, il est important d’avoir des garanties fermes quant aux emplois. Sur le passif environnemental, la région a déjà connu de mauvaises expériences récemment et il est important de laisser un environnement en santé pour les générations futures » a averti Sylvain Gaudreault.
Un projet dépassé
Le député de Jonquière estime qu’Énergie Saguenay est un projet dépassé et qu’il faut s’orienter différemment pour le développement régional du Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Alors que les investisseurs potentiels se désistent, que les institutions financières internationales orientent leurs investissements ailleurs que dans les énergies fossiles et que la transition énergétique est bien amorcée dans plusieurs régions du monde, le projet Énergie Saguenay fait peu de sens et les audiences du BAPE permettront de le démontrer. », a conclu Sylvain Gaudreault.