Voici la UNE de notre journal papier du mois de juillet 2021
SAINT-PRIME – Taimi Hydraulics, une firme spécialisée dans la conception de joints hydrauliques en acier, vise à doubler son chiffre d’affaires au cours des trois prochaines années. Pour ce faire, la PME jeannoise mise sur le développement d’un nouveau produit innovateur : le Taimi Ring et sur une nouvelle approche marketing.
Sébastien Tremblay, copropriétaire de Taimi Hydraulics, et son équipe ont développé au cours des derniers mois le Taimi Ring, un dispositif qui se fixe principalement sur de l’équipement forestier usagé ou neuf et qui nécessite une utilisation hydraulique et qui prolonge considérablement la durée de vie des boyaux tout en permettant des économies substantielles sur les fluides. Pour bien comprendre le fonctionnement du produit, il faut se représenter une multifonctionnelle en opération. La tête articulée saisit des troncs d’arbres, les fait pivoter et les découpe en différentes longueurs. Ces mouvements sont possibles grâce à une série de conduites qui acheminent l’huile dont la pression active les vérins.
Éviter de tordre les boyaux
« La tête de la multifonctionnelle est rotative, mais les boyaux d’alimentations, non. Une torsion de trois degrés par pied réduit la vie du boyau de 70 % et une torsion de cinq degrés par pied la diminue de 90 % ! Le Taimi Ring permet aux tuyaux de suivre le mouvement de la tête et de ne pas se tordre », explique l’homme d’affaires. Testée sur les machines d’un entrepreneur forestier, l’invention de la firme de Saint-Prime a permis, selon l’entreprise, de réduire la perte d’huile de 60 gallons sur une année d’utilisation ainsi que l’achat de plusieurs pieds de tuyaux supplémentaires. Bien entendu, le Taimi Ring a aussi un impact sur l’écoresponsabilité des opérations forestières, notamment en limitant les fuites d’huiles dans l’environnement.
Une industrie qui repose sur la confiance
Les 16 derniers mois de confinement ont poussé nos entreprises à user de créativité. Face à une interdiction de voyager, les gestionnaires de chez Taimi Hydraulics, qui comptent plus de 50 % de leur clientèle en Europe, ont dû revoir leur façon de faire. Un défi qui n’a pas été simple étant donné la nature des relations d’affaires dans leur secteur. « L’industrie a ses traditions et ses manières d’opérer. Nos clients et nos partenaires ne signent pas une entente après une discussion Zoom. Ils veulent venir sur place pour nous rencontrer et inspecter nos installations », lance Sébastien Tremblay. Quelque 60 % des ventes de la firme jeannoise sont effectuées auprès de fabricants de machines neuves. Des sociétés comme Caterpillar, TigerCat ou encore John Deere ont des exigences quant à leurs fournisseurs. « Amazon tente de faire une sorte de commerce en ligne dans notre milieu, mais c’est trop impersonnel pour fonctionner. C’est un secteur où les décideurs doivent avoir une confiance totale en leurs manufacturiers. La conception de systèmes hydrauliques est souvent réalisée en “Just-in-time”, c’est-à-dire que le constructeur ne commande pas les pièces à l’avance, mais plutôt au fur et à mesure que son véhicule progresse dans sa chaîne de montage. De là l’importance, pour les grandes firmes, de s’assurer que leurs partenaires sont en mesure de répondre à la demande. »
Se redéfinir pour atteindre sa cible
Les rencontres en présentiel reléguées au placard pour un temps, l’équipe de Taimi Hydraulics s’est tournée vers une nouvelle approche. « Au mois de juin passé, nous étions récipiendaires d’une bourse de 10 000 $ remis par le Centre d’entrepreneuriat et d’essaimage de l’UQAC (CEE-UQAC). Ce montant obtenu visait à nous aider à l’implantation d’une nouvelle stratégie marketing, un projet qui nécessite un investissement total de plus de 50 000 $. Comme plusieurs, nous avons constaté que les outils de prospection traditionnels comme le “cold call” avaient atteint leurs limites. En effet, ce sont des techniques énergivores en temps-homme et qui apportent trop peu de résultats. Avec la rareté de main-d’œuvre, il devenait essentiel d’automatiser une partie de notre démarchage. L’idée est de laisser le client venir à nous au lieu d’apparaître in extremis dans sa boîte de courriel ou dans ses messages vocaux », relate l’homme d’affaires.
Inbound marketing
Situé à l’opposé du marketing traditionnel, l’inbound marketing est une solution numérique qui consiste à segmenter précisément une clientèle et à lui exposer du contenu très personnalisé. « Ça fonctionne sous forme de canevas qui s’ajuste automatiquement selon l’utilisateur visé. Par exemple, si nous ciblons les gens qui ont un intérêt pour l’hydraulique dans le sud de l’Ontario, notre publicité apparaîtra avec un camion TigerCat en arrière-plan, puisque les installations de cette firme se trouvent dans ce secteur. Si nous ciblons un autre territoire, ça sera peut-être un produit Caterpillar ou encore John Deere. C’est très pointu comme technologie et le ciblage est tellement personnalisé et efficace qu’on réduit les coûts de “Pay-per-Click” et l’approche paraît moins invasive pour le client. » Cette nouvelle vision semble faire ses preuves puisqu’il est démontré que l’acheteur moyen trouve envahissante l’inondation publicitaire et préférerait effectuer ses propres recherches avant de procéder à une acquisition. Afin de monter des canevas publicitaires pertinents, un vice-président aux ventes a été engagé. C’est ainsi que Jean-Sébastien Gingras, qui cumule plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de l’hydraulique, s’est joint à l’équipe. L’ancien directeur régional d’une importante entreprise de systèmes automatisés a quitté la région métropolitaine pour se joindre à la PME de Saint-Prime.
Partager le risque
L’équipe de Taimi Hydraulics conçoit l’entièreté de ses produits et procède à leur assemblage final, alors que la fabrication des pièces est confiée en sous-traitance à un tiers. C’est avec fierté que le copropriétaire précise qu’aucun dispositif ne quitte l’usine sans être vérifié par son équipe. « Nous avons opté pour ce fonctionnement très tôt dans l’élaboration de l’entreprise. Nous remarquions que plusieurs petites PME européennes engrangeaient de bons chiffres d’affaires en confiant certains départements en sous-traitance. En cédant la fabrication, nous réduisons nos profits, mais nous nous assurons une plus grande agilité et la COVID nous a donné raison. Lorsque les commandes ont cessé de rentrer en mars 2020, nous n’avons pas eu à licencier des employés. Nous avons réduit l’envoi de demandes à notre fabricant et celui-ci a ralenti ses activités. Personne n’a subi trop d’impact et, lorsque la situation est revenue à la normale, nous avons été en mesure de relancer la machine rapidement. Sous-traiter une partie de la production signifie aussi partager les risques », conclut l’entrepreneur.