Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Vitrine industrielle du Lac-Saint-Jean, une vue d’ensemble » publié dans notre édition du mois de juin.

ROBERVAL – La bioéconomie demeure un secteur phare de la MRC du Domaine-du-Roy. Celle-ci souhaite faire de ce créneau sa signature distinctive en matière de développement économique.

« Notre ADN, le créneau où l’on se démarque, c’est celui de la bioéconomie forestière et agricole », lance d’entrée de jeu Jean Simard, conseiller sectoriel foresterie, industrie et bioéconomie à la MRC. C’est d’ailleurs le projet que l’organisme a soumis comme Signature innovation, un créneau de développement choisi dans le cadre du troisième volet du Fonds régions et ruralité du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

Au cœur de la vision en matière de bioéconomie de la MRC se trouve le Centre de valorisation de la biomasse (CVB), qui vise à valoriser une partie des résidus laissés en forêt par les activités de récolte. Issu d’un partenariat tripartite entre la centrale de cogénération Greenleaf Power de Saint-Félicien, la Ville de Saint-Félicien et la MRC, celui-ci est en attente des réponses des différents paliers de gouvernement à ses demandes de financement. Il pourrait donc se mettre en branle à l’automne 2022 et entrer en exploitation à l’été 2023, selon le conseiller.

Un moteur

Le CVB devrait être le moteur qui entraînera l’implantation de plusieurs projets privés. Sa construction est prévue directement sur les terrains de la centrale de cogénération, lui permettant de bénéficier de ses résidus de chaleur. Les entreprises privées pourront s’implanter autour de ce site et obtiendront également un accès à faible coût à cette chaleur résiduelle, un avantage non négligeable.

« Nous sommes avantagés à Saint-Félicien pour la création d’un pôle en bioéconomie parce que la Ville dispose d’un réseau de chaleur résiduelle. Celle-ci pourra être fournie à coût moindre, voire gratuitement, aux entreprises qui en ont besoin pour fonctionner. Avec le CVB, elles ont ainsi à proximité à la fois l’approvisionnement en biomasse, le traitement de cette matière première et la chaleur nécessaire pour alimenter leur procédé. C’est très intéressant pour elles. »

Plusieurs projets

Déjà, plusieurs organisations s’intéressent au CVB. « Ce centre permettra de traiter la matière (biomasse) pour différents utilisateurs. Nous avons un marché. Nous avons différents preneurs et projets de récupération des extrants d’écorces. Nous avons quatre ou cinq clients qui font en sorte que l’exercice est rentable. Parmi ceux-ci, nous avons des entreprises québécoises d’envergure qui travaillent sur des extrants pour fabriquer de nouveaux produits biosourcés », explique Jean Simard.

D’autres portions de la biomasse traitée seraient destinées à la centrale de cogénération de Saint-Félicien, à la production de granules ou au chauffage d’entreprises à proximité. Un premier partenaire d’affaires, l’entreprise ontarienne CharTech Solutions, s’est d’ailleurs attaché au projet en février. Cette firme prévoit investir 14 M$ dans la construction d’une usine de biocharbon approvisionnée en matières premières par le CVB. Avec les investissements prévus pour le centre par les trois organisations du Domaine-du-Roy, on parle d’un montant total de près de 22 M$.

La MRC a par ailleurs collaboré à plusieurs études avec les différentes organisations intéressées par la matière première fournie par le CVB. « Nous travaillons beaucoup ces temps-ci sur des extraits qui prolongeraient la durée de conservation de pommes de terre entreposées. Nous avons aussi étudié un nettoyant industriel biosourcé, donc sans produits chimiques à partir des écorces. Il y a aussi le Taxifolin qui est une molécule intéressante », indique M. Simard.

Des serres

Des serres pourraient aussi se greffer au complexe. « En face de la centrale de cogénération, c’est zoné vert, donc ce serait plutôt réservé à des projets de serres. Nous en avons deux actuellement. Le premier est un producteur de fraises qui est en train de faire son montage financier. L’autre est un motel serricole, qui permettra de développer une dizaine d’emplacements pouvant être loués par des producteurs en démarrage pour différentes cultures », précise le conseiller.

Par ailleurs, la biomasse agricole, comme les résidus de maïs et de chanvre, intéresse aussi les promoteurs du CVB. « Il y a beaucoup de producteurs de chanvre dans le Domaine-du-Roy. On peut récupérer cette matière pour des produits pharmaceutiques et cosmétiques. Dans la chimie verte, ces matières sont récupérables aussi. Même le lactosérum des fromageries pourrait être intéressant à récupérer », résume Jean Simard.

Le conseiller croit qu’en se positionnant à la fois dans la bioéconomie forestière et agricole, la MRC vient se distinguer par rapport à d’autres territoires. Elle prend également de l’avance par rapport à des stratégies qui pourraient être développées régionalement ou provincialement.
« D’ici trois ou quatre ans, ça va exploser partout. La chimie verte, on s’en va vers ça. Nous voulons être prêts et présents. Le moteur qu’est la cogénération nous donne un bon coup de pouce pour nous démarquer, en plus d’être assis sur un bon jardin forestier et agricole », conclut-il.

La bioéconomie

La bioéconomie se veut l’économie de la photosynthèse. Son objectif est en fait de passer d’une économie dépendante des ressources fossiles à une économie basée sur la biomasse, donc sur des ressources renouvelables en provenance de l’agriculture, de la foresterie, des pêches et de l’aquaculture, des déchets organiques et de la biomasse aquatique.

La bioéconomie est donc associée à l’invention, au développement, à la production et à l’utilisation de bioproduits, de procédés de production biologique et de biotechnologies.

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