Dans les prochaines semaines, le gouvernement du Québec recevra les études d’opportunités qu’il a commandées au printemps 2021 en lien avec deux projets stratégiques : un nouveau pont à Chicoutimi et un autre à l’embouchure du Saguenay. Quelles que soient les recommandations de ces études (qui, par le plus grand des hasards, ont toutes deux étés confiées à Cima+/WSP), il est à prévoir qu’elles s’inscriront au cœur de l’actualité régionale.
UN NOUVEAU PONT À CHICOUTIMI ?
Avec une moyenne de 46 000 véhicules par jour, la problématique de congestion du pont Dubuc résulte évidemment d’une circulation du matin et du soir qui dépasse de beaucoup la capacité du pont. Si l’étude d’opportunités conclue qu’il faut un nouveau pont, il est à prévoir que plusieurs s’y opposent, invoquant que cette nouvelle infrastructure accélérerait le développement résidentiel et commercial de la rive nord au-delà de la Ville de Saguenay, un secteur effectivement en plein développement. De plus, se posera la question de la localisation du nouveau pont et de ses accès.
UN PONT À L’EMBOUCHURE DU SAGUENAY ?
La construction d’un pont à l’embouchure du Saguenay, fortement appuyée sur la Côte-Nord et dans Charlevoix, est souvent présentée comme une compétition directe à un nouveau pont qui pourrait être construit à Chicoutimi. Le raisonnement est que pour éviter les désagréments de la traverse de Tadoussac, une partie importante de la circulation entre Québec et la Côte-Nord, emprunte actuellement le Parc des Laurentides et donc, traverse le pont Dubuc.
En posant l’hypothèse qu’environ 50 % des 930 véhicules par jour qui circulent sur la route 172 entre Ste-Rose-Du-Nord et Sacré-Cœur ont le Saguenay-Lac-St-Jean comme destination ou origine, on peut donc estimer que, si un nouveau pont était effectivement construit à l’embouchure du Saguenay, plus ou moins 460 véhicules par jour (à destination ou à l’origine de la Côte-Nord) ne passeraient donc plus par Saguenay. Cela représente environ 1 % du trafic quotidien du pont Dubuc…Il est donc difficile de croire que la circulation de ou vers la Côte-Nord serait « LE » facteur de décision déterminant la construction ou non d’un nouveau pont à Chicoutimi.
Par contre, l’abandon du service de traversier et de ses quelques 40 000 passages annuels à l’embouchure du Saguenay, résulterait en une diminution d’environ 80 % de la circulation maritime dans ce secteur, ce qui ne saurait qu’être bénéfique à la population de bélugas qui y séjourne. De plus, un pont dans le secteur de Tadoussac augmentera considérablement la sécurité sur cette section de la route 138, tout en devenant lui-même un spectaculaire produit d’appel touristique.
Ériger de nouveaux ponts pour répondre aux besoins des populations s’inscrit dans le cours normal du progrès de la société. Il y aura, bien sûr, des supporteurs et des opposants, mais considérant que le Saguenay-Lac-St-Jean pourrait en retirer de nombreux avantages, notre région aurait tout intérêt à être plus qu’un simple spectateur dans le processus décisionnel de ces dossiers cruciaux.