ALMA – Alors qu’on évoquait il y a plusieurs années les autobus jaunes de jeunes qui quittaient le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le paradoxe s’est inversé depuis 2016.La région attire désormais des jeunes de l’extérieur qui font le choix de venir établir ici.

Roxane Michaud, agente de migration pour Place aux jeunes (PAJ) dans Lac-Saint-Jean-Est, indique que seulement 8 % de sa clientèle est native de la région. « Le reste, ce sont des gens qui n’ont jamais habité ici. Ils nous appellent parce qu’ils sont déjà venus en vacances et avaient adoré leur séjour ou qu’ils ont vu des photos et entendu parler de la région. Ils aimeraient tenter l’expérience. D’autres ont trouvé un emploi ici et doivent déménager », explique-t-elle.

Place aux jeunes est spécialisé dans l’attraction et l’intégration des jeunes qualifiés de 18 à 35 ans en région. Il est présent au Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) depuis 27 ans et a des agents de migration dans chaque MRC.

Selon Mme Michaud, c’est vraiment depuis 2016 qu’on sent un mouvement d’engouement envers la région. « Avant, dans Lac-Saint-Jean-Est, on pouvait avoir de 15 à 25 migrations par année. Nous sommes montés à 40 en 2016. À Saguenay, ça se maintenait autour de 40 à 60 établissements. Du côté du Haut du Lac, les deux MRC accueillaient environ trois à sept personnes, et ces chiffres sont passés de sept à 15 en 2016 », raconte-t-elle.

Explosion des migrations

C’est toutefois avec la rareté de main-d’œuvre qu’on a vu le nombre de jeunes s’établissant ici exploser. « Il y avait une volonté de venir dans la région, mais le plein emploi et les coûts d’habitation moins élevés ont vraiment attiré les gens », résume l’agente de migration.

La pandémie n’a fait que renforcer cette volonté de venir s’établir, accélérant parfois des projets de déménagement. Place aux jeunes SLSJ connaît ainsi des années records. L’organisme comptait, fin janvier, 245 établissements par l’entremise de ses agents depuis le 1er avril 2022. Ce nombre grimpe à 309 personnes si l’on inclut les 64 conjoints et enfants qu’ils amenaient avec eux.

Ainsi, 24 jeunes sont venus s’établir dans la MRC de Domaine-du-Roy, 24 dans celle de Maria-Chapdelaine, 91 dans Lac-Saint-Jean-Est, 93 dans la ville de Saguenay et 13 dans le Fjord-du-Saguenay. Cela représente une hausse de 42 % des migrations réalisées par l’entremise de PAJ SLSJ.

Des retours

Les plus récentes données de l’Institut de la statistique du Québec démontrent que la région a affiché son meilleur solde migratoire interrégional en 20 ans entre juillet 2020 et juillet 2021. La région a eu un gain de 1 405 personnes au cours de cette période, soit l’équivalent de 0,52 % de la population.

Il ne faut pas oublier qu’outre les jeunes, des personnes d’autres tranches d’âge s’établissent dans la région. « Nos jeunes qui partaient par autobus jaunes, là, ils veulent revenir. En 2017-2018, nous avons constaté que nous avions beaucoup de demandes chez les 35 ans et plus. Ces jeunes familles qui veulent revenir, elles sont souvent parties depuis longtemps. Ça prend des services », affirme Roxane Michaud.

Attractif

L’agente de migration de la MRC Lac-Saint-Jean-Est estime que le SLSJ est attractif pour les jeunes d’autres régions. Elle cite le plein air, la proximité avec Québec, la vie culturelle et les nombreuses activités, le coût de la vie et le coût des maisons moins élevé, de même que la présence des collèges et de l’université.

« Le fait que le plein air soit à proximité, l’accessibilité qu’il y a et le temps que ça prend pour y aller, ça joue beaucoup. C’est possible d’aller faire des activités de plein air à pied en quelques minutes », souligne-t-elle.

Il faut maintenant travailler sur la rétention de ces nouveaux arrivants. « Si 92 % d’entre eux ne sont pas natifs d’ici, il faut réfléchir à la façon de les garder et de les ancrer ici. Ils n’ont pas de réseau social dans la région, donc il faut les amener à s’en créer un et à mieux connaître le milieu », conclut Roxane Michaud. Les agents de PAJ à travers la région organisent d’ailleurs de plus en plus d’activités en ce sens, souvent en partenariat avec d’autres organismes.