N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : La forêt, porteuse d'avenir publié dans notre édition du mois d'avril.

 

SAGUENAY – Avec ses 300 employés, la Coopérative forestière Petit Paris de Saint-Ludger-de-Milot est un joueur majeur de l’industrie forestière régionale. Les effets négatifs de la pandémie y sont toujours présents, mais sous contrôle. Le soulagement de pouvoir résister à la crise sanitaire et aux profonds bouleversements dont elle est à l’origine dans tous les secteurs de l’économie mondiale est perceptible. 

Toutefois, ce climat de confiance fait aussi beaucoup de place à l’inquiétude, ainsi que le démontrent les propos du directeur des Ressources humaines et de la santé et sécurité au travail, David Boivin.

« En plus des retombées négatives de la pandémie sur nos activités courantes, il nous faut tenir compte du ralentissement anticipé du marché de la construction, en raison de la hausse des taux d’intérêt. Aux États-Unis, où nous exportons chaque année environ 15 % de notre production, ce ralentissement est déjà une réalité. Il y a aussi, bien évidemment, la crise de main-d’œuvre et, bientôt, la mise en place de la politique gouvernementale des aires protégées. Tout cela arrive en même temps. C’est tout un creux de vague. Je n’ai jamais connu de situation
comparable depuis les 21 dernières années. »

Le problème le plus aigu auquel la Coopérative Petit Paris doit faire face pour le moment réside dans un fort roulement de main-d’œuvre. « On cherche par tous les moyens à avoir le dessus sur le phénomène, précise M. Boivin. Ce n’est pas facile, car nos activités sont diversifiées. Nous devons également composer avec l’éloignement géographique. Nos employés chargés de l’administration et de la gestion font du télétravail, d’autres sont affectés au reboisement ou à des tâches spécifiques relevant de la sylviculture ; nous avons des opérateurs de débusqueuses, des camionneurs. Cette diversification nous empêche d’appliquer des solutions communes à l’ensemble de nos départements. Il faut constamment faire preuve d’imagination. » 

Départs à la retraite

Le travail en forêt exige beaucoup d’effort physique, même en tenant compte des avantages reliés à l’utilisation de la machinerie lourde qui fait de plus en plus appel à la technologie de pointe. Pour cette raison, ce sont surtout des hommes qui forment le contingent d’employés le plus important de la coopérative. Cela dit, les femmes effectuent une percée, mentionne M. Boivin. « En usine, elles représentent environ 8 % de nos employés ; leur présence se fait surtout remarquer du côté de l’administration. »  

À moyen terme, le plus gros défi de la coopérative résidera dans la planification de nombreux départs à la retraite. « En plus de ceux qui ont déjà quitté l’entreprise, un bon nombre d’autres employés seront bientôt, eux aussi, éligibles à la retraite, et ce, à tous les niveaux : usines, camionnage, administration. Jusqu’à présent, explique M. Boivin, nous avons été en mesure d’embaucher des jeunes pour compenser ces départs. Le plus difficile, c’est de les retenir. Certains ont de la difficulté à s’adapter au travail en équipe et il y en a qui ne montrent pas beaucoup d’intérêt pour venir occuper un emploi à Saint-Ludger-de-Milot. Plusieurs se découragent après un certain temps. Ce que je privilégie, c’est l’embauche de candidats provenant, par exemple, de Sainte-Monique, L’Ascension, Labrecque, Lamarche… Les attaches familiales ont toujours été pour nous un facteur important de rétention. »

Prospective 2023-2025

Que réserve l’avenir à moyen terme, non seulement pour la Coopérative forestière Petit Paris, mais pour l’ensemble de l’industrie forestière du Saguenay–Lac-Saint-Jean ? « J’espère que nous pourrons sortir du creux de la vague sans trop de dégâts, mais pour en arriver à ce résultat, estime M. Boivin, il faudra une reprise du marché de la construction. Ce qui est certain, c’est que nous serons affectés prochainement par d’autres événements inquiétants, incluant la mise en place de la nouvelle politique sur les aires protégées. Présentement, on alterne entre fermetures et ralentissements de production. On ne pourra pas endurer une telle situation pendant des mois et encore moins des années, au risque de devenir de moins en moins intéressants pour la relève et les investisseurs. »