SAGUENAY — Une entreprise pour soutenir la numérisation de l’industrie de l’économie circulaire a récemment été mise sur pied. Entropic contribue au système d’économie circulaire en étroite collaboration avec le groupe RIVRA et le Groupe Coderr.
Le groupe RIVRA a été créé en 2019 pour traiter les items en fin de vie au Québec. C’est une association de cinq usines, qui représente près de 600 employés. « Nous faisons le traitement, le démantèlement et le recyclage de ces appareils. Au travers de tout ça, nous avions besoin d’un système de gestion à l’interne, nous étions incapables de trouver des outils numériques qui faisaient le démantèlement », explique Dave Gosselin, coordonnateur du groupe RIVRA.
« Nous avons donc créé un système qui a mené à la création d’une nouvelle entreprise, Entropic. Il y a déjà 110 000 appareils qui sont utilisés avec ce système. Il fonctionne depuis trois ans, mais il n’est pas commercialisé pour l’instant », ajoute M. Gosselin.
« Un outil complexe, mais efficace »
Les outils numériques qui existent présentement sur le marché sont ceux utilisés par les fabricants, mais selon Sébastien Harvey, le président d’Entropic, ce n’est pas assez efficace, car c’est trop complexe. « Dans une usine, on peut fabriquer 14 modèles de téléviseur, il faut donc gérer 14 procédés. Chez Coderr, c’est plus de 6 000 marques et modèles d’appareil frigorifiques, il n’y a en pas un qui se démantèle de la même manière. Donc fabriquer des objets c’est moins compliqué que les défabriquer », explique-t-il.
Ce principe numérique sert à mieux connaître l’historique des gisements en mouvement et donc mieux planifier l’économie circulaire. « Avec le système Entropic, nous pouvons remarquer que ce que nous démantelons chez Coderr, comme unité réfrigérée, la moyenne c’est 10 ans de vie. Nous pouvons donc anticiper que dans 10 ans, ce qui se vend aujourd’hui va avoir tel gisement. On pourrait planifier l’ensemble des étapes de l’économie circulaire », explique Dave Gosselin.
« Il faut construire un écosystème de données pour suivre ces objets-là. C’est pour cette raison que nous avons créé Entropic. En ce moment, nous travaillons avec les recycleurs ; qu’est-ce qui entre et qui sort de l’usine ? Tranquillement, nous allons nous étendre sur l’ensemble du réseau circulaire », ajoute Sébastien Harvey.
Un leader en la matière
L’idée derrière ce système de l’économie circulaire, c’est avoir une unité sociale et de rendre cet outil accessible à d’autres recycleurs selon M. Harvey. « Faire du développement technologique ça demande du travail, de l’expertise et de l’investissement. Jusqu’à présent, nous avons créé l’outil pour répondre à un besoin spécifique d’un groupe spécifique qui sont les membres du groupe RIVRA. Nous nous sommes rendu compte qu’il y a des usines comme Coderr, un peu partout sur la planète, qui vont avoir besoin d’un système comme celui-ci », assure-t-il.
Entropic débute actuellement les démarches pour commercialiser leur outil qui pourrait servir à tous les acteurs de la chaîne dans différentes provinces canadiennes et même à l’extérieur du pays.« Nous sommes allés voir ailleurs et ces démarches ne se font nulle part donc nous avons un marché qui pourrait s’avérer important. Le Québec et le Saguenay-Lac-Saint-Jean peuvent se positionner favorablement », renchérit le coordonnateur du groupe RIVRA.
Ce logiciel qui a une valeur stratégique, économique et commerciale se devait selon Sébastien Harvey, d’aller chercher l’expertise de chaque entreprise et c’est pourquoi Entropic, groupe RIVRA et Coderr travaillent conjointement sur ce projet.
« Cette alliance sert à aller chercher l’expertise et les forces de chacun des modèles. Entropic n’existerait pas s’il n’y avait pas le savoir-faire du terrain de Coderr et du groupe RIVRA et inversement, le numérique d’Entropic est nécessaire au développement des deux autres entreprises », souligne-t-il.
Afin de commercialiser ce système, Entropic se concentre sur les provinces canadiennes et se sert du réseau stratégique que le groupe RIVRA possède en Europe afin d’aller explorer les opportunités là-bas.
« On travaille sur la prochaine version du système qui sera le démantèlement de n’importe qu’elle catégorie de produit. Le système sera généralisé et sera avantageux pour la commercialisation, car nous allons pouvoir nous adresser à plusieurs catégories de clients », lance Sébastien Harvey.
L’économie circulaire ; fabriquer, acheter, recycler et redistribuer
SAGUENAY — Qu’est-ce que l’économie circulaire ? Avoir un bac bleu et recycler nos matériaux de la maison religieusement est-il synonyme d’économie circulaire ? Selon certains professionnels du milieu, nous sommes loin du compte.
L’économie du Québec est actuellement linéaire, c’est-à-dire fabriquer, acheter, jeter. Selon Dave Gosselin, coordonnateur du groupe RIVRA, elle devrait être circulaire : fabriquer, acheter, recycler et redistribuer sur le marché afin que plus rien ne soit envoyé au dépotoir. "L’économie circulaire, c’est de traiter les matières qui sont en fin de vie afin de les rendre accessibles à d’autres entreprises pour les réintroduire dans le système", souligne-t-il.
Plusieurs avantages
L’économie circulaire serait bénéfique pour l’environnement en évitant notamment l’enfouissement et en recyclant les matériaux. Elle est positive pour l’aspect social, car ce système crée des emplois. Cependant, elle est également bénéfique pour l’économie, selon Sébastien Harvey, directeur général d’Entropic, une entreprise mise sur pied pour soutenir la numérisation de l’industrie.
"Sur certaines pièces électroniques, il y a de l’or. Quand ces appareils sont en fin de vie, nous creusons un trou et nous les enfouissons. Alors que dans d’autres contextes, nous allons ailleurs creuser un autre trou pour extraire de l’or. C’est ridicule quand nous pourrions récupérer le maximum de l’or déjà extrait au départ", explique Sébastien Harvey.
Pour que le principe d’économie circulaire fonctionne, il doit générer des revenus. Selon Dave Gosselin, les écofrais sur les appareils en fin de vie sont la solution pour contribuer au coût de démantèlement, de recyclage et de la traçabilité nécessaire pour exercer l’économie circulaire.
"Au Québec, il y a un principe de responsabilité élargie des producteurs (REP) : ce sont des écofrais pour les appareils en fin de vie. Lorsque tu achètes une télévision, tu payes 3,50 $ d’écofrais; un réfrigérateur, c’est près de 20 $. Il y a des écofrais sur les pneus, l’huile et autres produits. Au Québec, ces frais de récupération applicables deviennent de plus en plus présents et ils contribuent à payer pour le travail que nous faisons", explique-t-il.
Aucune loi sur le gaspillage n’est encore implantée au Québec, l’économie circulaire est donc un principe moins facile à adopter pour les entreprises qui ne se sentent pas obligées de l’implanter.
"L’Europe a une loi en vigueur sur le gaspillage et ça aide les entreprises à réutiliser la matière. Ici, nous n’en avons pas, donc le commerçant va prendre des matières neuves lors de la fabrication au lieu de prendre la matière réutilisée", assure Sébastien Harvey.
Un travail de longue haleine
Chaque année, ce sont près de 10 millions de tonnes de déchets qui sont enterrés au Québec et cela coûte près de 100 $ la tonne selon Recyc-Québec. "Le défi c’est que l’économie circulaire s’avère plus rentable qu’enfouir les déchets. C’est complexe et ça nous prend des outils numériques pour évaluer tout ça. Le problème c’est que nous n’avons pas accès à toutes les données vu le manque de traçabilité des items", explique le directeur d’Entropic.
Ce sont plusieurs organismes, entreprises et acteurs gouvernementaux qui doivent participer à l’économie circulaire, c’est pourquoi ça prend un système de traçabilité et des lois pour l’entourer, selon Sébastien Harvey. "Lorsque ces lois-là arrivent, tout le monde panique parce ces règles obligent à faire les choses et les documenter. Le dépôt de cinq cents sur les canettes consignées devait être ajouté sur les pintes de lait, les pots de yogourt et autres contenants. Ce nouvel aspect est remis pour la troisième fois parce que les commerçants ne savent pas comment le gérer."
C’est pourquoi le groupe RIVRA a cocréé une entreprise qui aidera au soutien numérique pour la traçabilité de ces items. "Dans l’économie circulaire, ça prend la collaboration entre diverses expertises. L’humanité ne s’en sortira pas si l’on ne structure pas cette économie, c’est donc pourquoi Entropic a été créé", ajoute M. Harvey.