Et plus le pallier politique est de proximité, plus c’est difficile et compliqué. Et plus ça impose de sacrifices.
On le voit, de plus en plus nombreux sont ceux (surtout celles) qui ne vont pas au bout de leur mandat de quatre ans, ou qui ne le renouvèlent pas.
Plusieurs raisons l’expliquent. Et faute de tomber dans une nostalgie qui apaiserait momentanément le côté déprimant de ce constat, en se disant que c’était tellement mieux dans le temps, je vais tenter de me pencher sur ce qui occasionne ces difficultés accrues, et de voir comment on va devoir y palier si on veut avancer.
Qu’est ce qui a changé dans les attentes qu’on a envers nos élus ? Les attentes envers nos élus.
En fait c’est simple, avec l’avènement d’abord de l’information en continu (autour de 1995 avec RDI et LCN) et des médias sociaux, on s’est mis à s’attendre de nos élus qu’ils soient partout à la fois, en tout temps.
Non seulement ils doivent maintenant participer aux séances de conseil, mais ils ne peuvent manquer toute inauguration de parc, souper « spagat » d’un organisme communautaire, multiplier les séances d’informations publiques, les événements bénéfices, les congrès nationaux, alouette.
C’est à se demander si on ne devrait pas s’attendre de nos élus qu’ils soient sur la lune pour un selfie à midi, tout en construisant de leurs blanches mains des écoles, en pavant de nouveaux tronçons de route, en construisant des hôpitaux, des ponts, le tout en ayant le doigté de l’expliquer avec le sourire et la bonne clip aux médias en temps réel, et en maintenant une vie de famille équilibrée.
Ces attentes sont irréalistes.
En fait, elles mènent directement à l’épuisement. Ou à l’écœurement.
En 2024, ça prend beaucoup de volonté pour se lancer, considérant la tâche, l’état d’esprit de la population et les obligations liées.
Pour plusieurs, le pallier municipal est celui de l’action la plus proche des citoyens. Celui qui occasionne le moins d’obligations de se déplacer, bien que maintenant, il est devenu presque incontournable pour les élus d’aller chercher des outils dans des instances nationales comme celles des différentes fédérations. Pour se former, pour répondre aux fameuses attentes et pour performer.
Mais au fond, que devrait-on attendre de nos élus? La fonction d’élu, à proprement parler, est celle de donner la vision, les orientations, et de trancher, de prendre des décisions.
Maintenant, comment faire pour prendre des décisions éclairées?
Il est d’abord impératif de le faire avec son cœur. D’éviter de voir son Égo se mettre dans le chemin. Parce que ça aussi, ça arrive trop souvent. À tellement vouloir la reconnaissance et être sur la photo, on finit par oublier le pourquoi du comment du réel engagement public.
Pour prendre des décisions éclairées, il faut de l’ouverture, il faut comprendre les préoccupations de ses citoyens et avoir une vision d’avenir, une vision axée sur le long terme.
Assumer ses décisions, même celles qui sont controversées, même quand il vente, quand ça chauffe et quand c’est compliqué.
Partir du principe qu’il ne sera jamais possible de faire plaisir à tout le monde. Mais que faire plaisir à la majorité, surtout celle qui est silencieuse, ça convient aussi.
Malheureusement, à l’instar de plusieurs autres types d’engagements publics, comme l’enseignement ou les soins, l’engagement politique ne vient pas très souvent avec des remerciements ou des félicitations.
Et pour ceux qui diront que le salaire suffit comme remerciement, je répliquerai rapidement que peu de métiers ont des conditions comparables, pour un traitement équivalent.
Il est impératif de redonner certaines lettres de noblesses à la fonction, mais surtout aux humains qui ont le courage de se lancer et d’occuper ces fonctions, en commençant par donner la chance au coureur.
Parce qu’il est faux de penser que ceux qui se lancent sont mal intentionnés. En fait, je suis obligée de dire que dans toute ma carrière, je n’en ai pratiquement jamais croisé.