Les produits ont été développés par un laboratoire québécois, qui a fermé ses portes depuis. « Nous avons acquis les brevets et notre objectif est d'amener ces produits-là au marché. Tout ça se fait en partenariat avec le propriétaire original des brevets [Ghislain Gonthier NDLR], qui agit avec nous comme conseiller », indique Hélène Labrosse-Duguay, directrice générale de Produits Nordal, qui fait partie du Groupe Synertech.
Le premier enduit, nommé Oxycir, est une peinture d'anodes antioxydante. Lors du procédé d'électrolyse, elle vient protéger la portion des anodes qui n'est pas immergée dans le bain de cryolite. Ces anodes sont composées principalement de carbone, qui se détériore au contact de l'air. « À haute température, comme c'est le cas dans les cuves d'électrolyse, lorsque le carbone de l'anode entre en contact avec l'oxygène de l'air, il produit automatiquement du dioxyde de carbone. Le but, c'est de stopper cette réaction », résume Mme Labrosse-Duguay, qui est chimiste de formation et spécialiste en innovation, recherche et développement.
Augmenter la durée de vie
Selon les études menées au cours des dernières années, la peinture Oxycir permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES), de même que la consommation nette de carbone. Elle augmente également la durée de vie des anodes de carbone. « Il y a différentes méthodes utilisées actuellement pour protéger l'anode, mais elles ne sont pas aussi efficaces. [...] L'enduit est pertinent pour toute anode de carbone, mais les résultats vont dépendre de beaucoup de choses en fonction des opérations », fait valoir la directrice générale de Produits Nordal.
Celle-ci souligne que les études réalisées en laboratoire on permis d'obtenir de bons résultats jusqu'à présent. « Nous avons comparé deux morceaux de carbone, l'un enduit et l'autre non. Après quelques heures, le fragment non enduit avait une perte de masse de 12 %, comparativement à moins de 3 % de perte de masse pour le morceau enduit », révèle Hélène Labrosse-Duguay.
Elle précise que la peinture est compatible avec la chimie du bain d'électrolyse. « C'est un enduit à base d'alumine, donc il contribue au bain et n'ajoute pas de contaminants. » Mentionnons que le revêtement s'applique lors du processus de fabrication de l'anode, après la cuisson.
Grand potentiel
Madame Labrosse-Duguay souligne que le produit demeure intéressant même dans le contexte du développement de nouvelles technologies d'anodes inertes telles que celle d'Elysis.
« On est encore loin de se débarrasser des anodes de carbone. On en a pour plusieurs années et c'est important de réduire les GES maintenant », assure-t-elle.
Protéger la cuve
Le deuxième produit que Nordal souhaite commercialiser, Refraseal, est un recouvrement de cuve. Celui-ci retarde le vieillissement des composantes de la cuve d'électrolyse utilisée pour le procédé de fabrication d'aluminium.
Il faut savoir que le bain de cryolite dans lequel s'effectue la réaction d'électrolyse est abrasif et corrosif, en plus d'être chauffé à très haute température. Les cuves, composées d'une coquille d'acier, d'isolants et de briques réfractaires, doivent donc être refaites régulièrement, environ aux cinq ans. « C'est important de bien conserver les composantes de la cuve le plus longtemps possible. La couche de notre enduit vient ralentir leur vieillissement. Ça diminue l'infiltration du bain, tant liquide que vapeur, à travers les couches de briques réfractaires qui se trouvent sous la cathode », explique la directrice générale.
Selon l'entreprise, Refraseal permet de maintenir les conditions d'opération initiales plus longtemps et contribue à augmenter la productivité. Des essais sont en cours pour ce produit et obtiennent pour l'instant de bons résultats. « Nous ne l'avons pas encore démontré, mais nous avons de bons indices que ça va permettre de rallonger la durée de vie des cuves. Ça veut dire que le même équipement va durer plus longtemps, donc amoindrir les coûts et diminuer les résidus. La valorisation est bien gérée actuellement, mais réduire à la source, c'est toujours mieux », conclut Hélène Labrosse-Duguay.