En mars dernier, le Réseau Capital et l’Association canadienne du capital de risque ont dévoilé les résultats d’une étude réalisée en 2017 sur l’ensemble des transactions en capital de risque au Québec. On y apprenait que sur les 330 transactions recensées, la très grande majorité, soit 220, avaient été réalisées dans la grande région de Montréal. Seulement 20 s’étaient conclues au Saguenay–Lac-St-Jean/Côte Nord et 90 ailleurs au Québec. Notons qu’aucune transaction n’avait été observée en Abitibi-Témiscamingue ou en Mauricie…
Un développement décidé dans les grands centres
Cette faiblesse déplorable des investissements en capital de risque dans nos régions n’est malheureusement pas une nouveauté. Une des principales raisons qui explique cette faiblesse vient du fait que les principaux fonds Québécois dédiés au développement économique sont nationaux et donc basés à Montréal ou Québec (à l’exception notable du Fonds Régional de Solidarité de la FTQ et de Capital Régional Desjardins). Quand ces fonds nationaux évaluent des investissements, ils comparent des projets de nos régions avec ceux des entreprises les plus rentables de tout le Québec.
Ainsi, ces Fonds ayant des objectifs fortement économiques, ne priorisent ni le développement ni celui de l’emploi, ni même les projets d’une région comme le Saguenay–Lac-St-Jean par exemple. C’est en réponse à ces faiblesses inhérentes à l’habituelle prise de décision à partir des grands centres, que le Saguenay-Lac-St-Jean revendique, malheureusement depuis plusieurs années, la création d’un nouveau fonds régional de capital de développement. Notre région abrite d’ailleurs le plus ancien de ceux-ci : Pluri capital/Soccrent, qui a été créé en 1986 et a été à l’origine d’entreprises remarquables comme Spectube (transformation de l’aluminium), l’usine Panneaux Chambord, l’usine de panneaux MDF de La Baie et plusieurs autres.
Bien que les aléas économiques aient fait que certaines de ces entreprises ne soient plus en activité aujourd’hui, toutes étaient économiquement pertinentes et viables lors de leur lancement et toutes ont eu des impacts important pour notre région. Au fil des années, Pluri capital est devenu un fonds d’investissements, toujours basé au Saguenay, mais qui n’a plus notre région comme territoire d’action spécifique.
Un fonds de 100M$ dédié entièrement à notre région
Afin de relancer le processus de création de richesse, notamment à partir des PME manufacturières, il faut rapidement mettre en place un nouveau fonds régional en capital de développement / diversification / innovation dédié, entre autre, aux PME manufacturières. Ce fonds devrait être pourvu d’au moins 100 millions $, et venir d’une petite partie de l’imposante contribution de la région au Fonds des Générations (Le Saguenay–Lac-Saint-Jean alimente ce Fonds pour au moins trois fois la taille de son économie…)
L’objectif du fonds régional dédié serait de rendre disponible du capital de développement (à taux d’intérêts raisonnables par rapport aux fonds de capitaux de risque qui eux visent des rendements très élevés) pour les phases de pré-démarrage et de démarrage de projets axés sur la diversification économique et pour les projets de modernisation/innovation, notamment pour les PME du secteur manufacturier.
Le comptable Arthur Gobeil, ex-candidat à la mairie de Saguenay et actuel directeur général de Promotion Saguenay, un important regroupement de manufacturiers de chez-nous, de même que les ex-députés Denis Trottier et André Harvey sont parmi les nombreux leaders régionaux qui appellent à la création d’un tel fonds. Du capital de développement dédié à la région, voilà l’outil qu’il nous faut pour faire la différence.