Le projet BlackRock vise à opérer une mine de ferrovanadium à Chibougamau et à transporter le minerai à Grande Anse dans une fonderie qui devrait être construite en 2019. Cette usine permettra à l’entreprise d’extraire de la fonte brute, du titane et du vanadium, pour ensuite livrer ces métaux à des clients par chemin de fer ou par la voie maritime du Saguenay. L’investissement requis est de plus d’un milliard de dollars (400 millions pour la mine et 655 pour la fonderie) et créera 175 emplois à Chibougamau et 350 à Saguenay.
Le projet est actuellement en phase finale d’approbation environnementale après une gestation de près de 10 ans. Un des résultats les plus importants de ces longues années de préparation a été de réduire significativement, pour une question de rentabilité, les volumes de minerai extrait de la mine et d’ajouter au projet la production de vanadium. Ce métal (qui tire son nom de Vanadis, la déesse scandinave de la beauté) est utilisé à 90 % pour renforcer l’acier (0,5 % de vanadium double la résistance de l’acier).
Bonne nouvelle pour les promoteurs du projet BlackRock : depuis qu’ils ont décidé de produire 5 200 tonnes de vanadium par an, le gouvernement chinois a imposé de nouvelles normes afin que tout l’acier destiné au secteur de la construction dans ce pays soit dorénavant renforcé par du vanadium, ceci afin d’améliorer la résistance des bâtiments aux tremblements de terre. Les experts estiment que cela augmentera la demande de vanadium de 15 000 tonnes pour 2018-2019, sur une production mondiale de 83 000 tonnes en 2017.
DE NOUVELLES PILES MIRACLES AU … VANADIUM !
Tout cela était sans compter sur la mise au point réussie de nouvelles piles dites à oxyréduction de vanadium. Rechargeables à l’infini durant leurs 20 ans de vie utile, ces piles géantes (la plus petite est de la taille d’un conteneur maritime), ont une capacité augmentable à volonté et peuvent être laissées déchargées pour de très longues périodes sans perdre de leur efficacité. Ces piles sont donc parfaitement adaptées pour des applications nécessitant des stockages importants, comme une réponse à des pics de consommation, ou l’équilibrage de la production énergétique de sources variables telles que le solaire ou l’éolien.
Incidemment, la Chine planifie déjà la mise en place d’un vaste réseau national de piles au vanadium de 100 MW (!!!) chacune pour l’aider à gérer les fluctuations de sa production d’électricité éolienne et solaire. Une pile au vanadium de 200 MW (la plus puissante du monde) est même en cours de construction dans le nord-est de la Chine. L’anticipation de la généralisation de cette nouvelle forme de piles et la décision chinoise d’incorporer du vanadium dans l’acier de construction ont propulsé le prix de ce métal à des sommets historiques, passant de 11 000 $ US la tonne au début de 2017 à près de 45 000 $ US la tonne actuellement !
La décision des promoteurs du projet BlackRock de produire du vanadium s’est donc révélée remarquablement payante : pour 1 % du volume total des métaux qui seront produits annuellement, le vanadium représentera plus de 20 % des revenus de l’entreprise… Cela renforce encore la pertinence économique de ce projet des plus stratégiques pour la région. Bravo aux promoteurs visionnaires de BlackRock !