SAGUENAY – Fives a inventé un système de dérailleur de patins de ponts roulants. Cet équipement de sécurité coupe l’alimentation en électricité du pont roulant avant qu’il n’arrive dans la zone où sont effectués des travaux, éliminant ainsi le risque de collision. Cette problématique sécurité avait été identifiée par les techniciens lors de leurs inspections sur des sites clients.
De son vrai nom, le « Safe-T-Crane » (dérailleur de collecteur de courant) permet de protéger une zone de travail lors de l’entretien ou de la réparation d’un pont roulant, tout en permettant l’utilisation d’un autre pont roulant sur le même chemin de roulement. Parmi les nombreuses caractéristiques, on notera la coupure de l’alimentation pour empêcher le pont roulant en marche de pénétrer la zone de travail ; la non-interruption de l’alimentation des barres conductrices ; le déraillement volontaire des preneurs de courant et, enfin, une installation possible des deux côtés du pont.
Respect des normes SSE
Ce dérailleur se distingue par un contrôle accru de la sécurité pour les opérateurs et installe une frontière sécuritaire pour protéger la zone de travail, tout en respectant les normes SSE (Santé, Sécurité et Environnement) en vigueur. Pour les clients qui ont déjà installé ce système au sein de leur entreprise, ils remarquent une versatilité de l’objet, mais aussi sa facilité d’installation. Lors de travaux en hauteur, à l’intérieur de la portée du pont, il n’y a pas de suspension de charge au-dessus du travailleur, sans oublier qu’il n’y a aucun impact négatif sur la production.
Dans le quotidien de l’entreprise, située à Saguenay, les ingénieurs travaillent sur les structures de levage (pont roulant) pour les alumineries, les mines ou encore les compagnies de béton. « Ici, dans la région, plusieurs industries ont des ponts roulants. Lorsque nous intervenions sur un de ceux-ci, nous étions à risque parce que le second pouvait nous frapper. La façon de se protéger passait par une invention qui est devenue le dérailleur de collecteurs de courant », a souligné Éric Lavoie, responsable Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Fives.
Réflecteurs mécaniques
L’invention ne fonctionne pas avec des capteurs de mouvements, mais plutôt avec des réflecteurs mécaniques. Avec des sections de plexiglas qui, lors de l’installation, sont rattachées sur les barres avec des courroies qui sont cadenassées. Une fois l’équipement en mouvement, les patins se lèvent et arrivent sur la partie du plastique et ne bougent plus. « Cela a été inventé pour sécuriser nos interventions chez les clients. Auparavant, c’était « Énergie Zéro ». Donc, on verrouillait tous les équipements quand nous étions présents, ce qui veut dire que toute l’électricité était enlevée et qu’il y avait donc un arrêt de la production. Face à cette problématique qui irritait nos clients, nous devions trouver une solution », a ajouté Éric Lavoie.
Un an de R et D
L’entreprise de Saguenay a travaillé en étroite collaboration avec les ingénieurs et le groupe de travail qui ont conçu l’invention, qui a demandé une année de recherche et développement. Après avoir testé plusieurs prototypes, le résultat final devait répondre à une exigence précise : celle de pouvoir être installé sur la panoplie de différents ponts roulants à travers le monde. « Notre dérailleur a la possibilité d’être exportable partout à l’étranger. Nos succursales à Sept-Îles, Québec, Kitimat, Ontario et même au Brésil le proposent et le vendent déjà aux clients. Comme ce dérailleur est récent, nous en avons vendu une douzaine en quelques semaines, c’est le cas de l’Usine Alma de Rio Tinto, qui en possède deux, et l’Usine Jonquière en a aussi un exemplaire ».
Moins de 2000 $
L’accessibilité de ce dérailleur réside en plus dans son prix peu élevé, soit aux environs de 2000 $ (selon la longueur du pont roulant) De plus, l’installation ne demande qu’à peine quinze minutes, sans effort particulier. « Les équipements qui roulent sur des rails demandent un temps de freinage, de par leur poids et leur vitesse. À la centrale de Shipshaw, c’est un pont roulant de 250 tonnes, donc la distance d’arrêt est plus importante qu’un autre de deux tonnes qui s’arrête en très peu de temps. Si nous ajoutons des sections, le prix variera », a mentionné le responsable du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Rapport d’inspection électronique
Fives est sans contredit un spécialiste dans l’inspection des équipements de levage. Avec cette invention, la CSST leur a remis en 2015 le prix « Innovation ». De plus, l’entreprise ne s’est pas arrêtée là, puisqu’elle a créé un rapport d’inspection sur tablette électronique qui sauve temps et argent. « Dans notre métier, nous sommes proactifs en cherchant les dernières normes. Mes techniciens utilisaient des feuilles en papier pour le rapport. Une fois rendu au bureau, une secrétaire devait retranscrire le tout à l’ordinateur et il arrivait parfois qu’une étape ne soit pas inspectée. Nous avons mis au point un système sur une tablette électronique et tant que le technicien n’a pas coché tous les éléments pour son inspection, c’est impossible de passer à l’action suivante. L’autre avantage est, qu’avant, ce rapport pouvait prendre deux mois avant sa réception, tandis qu’aujourd’hui, c’est en moins de 24 heures en version PDF dans le courrier électronique », a conclu Éric Lavoie.