MASHTEUIATSH - La vitrine technologique en biochar et bioproduits d’Agrinova (VTBB), souvent appelée projet Biochar Boréalis, est dorénavant en mode opération. Même s’il reste différents travaux d’installation d’une partie de l’important banc d’essai, ce centre de valorisation de la biomasse forestière, dont la configuration est unique en Amérique du Nord, assure déjà le développement d’une quinzaine de projets de recherche sur le biocharbon et ses dérivés.
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Pour Carl Bouchard, chargé de projet d’Agrinova pour la VTBB [propriétaire des équipements, elle gère les opérations et la recherche NDLR], il s’agit d’un tour de force puisqu’il implique de la technologie étrangère et une configuration d’installation qui n’a rien de comparable au Canada. En conséquence, l’expertise régionale et québécoise était pratiquement nulle en ce qui à trait à la mise en place et l’opération de ces équipements de pointe. Qui plus est, l’homme confirme que les travaux seront complétés dans les délais prévus, soit le 31 mars 2019, et surtout, à l’intérieur des limites budgétaires fixées.
Résultat de la créativité régionale
Pour expliquer pareil succès, Carl Bouchard souligne la grande collaboration et la créativité des entrepreneurs régionaux impliqués dans la construction du bâtiment et l’installation des appareils de pyrolyse. « Ce n’est pas le projet d’un seul homme. […] La conjoncture était favorable pour que nos entrepreneurs travaillent de concert et innovent dans leurs façons de faire. Nous avons notamment eu une excellente collaboration des entreprises Alco-TMI et Soudure Express pour l’installation des équipements. La région recèle un grand potentiel de fierté pour faire atterrir des projets d’envergure, » lance-t-il fièrement.
Un débouché pour les copeaux
Rappelons que la VTBB de Mashteuiatsh est issue de la volonté de partenaires régionaux ( Agrinova du Cégep d’Alma, Alliance bois, Biochar Boréalis et Mashteuiatsh) qui désiraient trouver des débouchés pour les surplus de copeaux des scieries de la région. L’objectif était surtout de créer les meilleures conditions possibles en R&D pour développer des produits de biochar susceptibles d’intéresser des investisseurs à lancer de nouvelles entreprises. Carl Bouchard confirme qu’actuellement, une quinzaine de projet de recherche se sont amorcés avec des entreprises ou organisations à l’échelle du Québec. Il cite spécifiquement des recherches initiées avec la Coop fédérée et Nutrinor.
Dans ce dernier cas, il s’agit de valider le potentiel de réduction des gaz à effet de serre issus du système digestif des bovins. L’idée est d’introduire du biochar dans l’alimentation des animaux pour que le méthane produit par le système digestif soit capté par ces particules de charbon biologique qui sont poreuses. D’ailleurs, deux chargés de projet en recherche et innovation d’Agrinova, Cristiano Côrtez et Stéphanie Claveau, ont reçu le mandat d’analyser le potentiel de réalisation et de commercialisation de cette idée pour le moins originale.
Un amalgame technologique unique
Pour Carl Bouchard, ce qui distingue la Vitrine technologique en biochar et bioproduits d’Agrinova [aussi appelé Centre de conversion thermochimique de matières lignocellulosiques NDLR] de Mashteuiatsh, c’est principalement la combinaison des équipements installés et leur complémentarité. En fait, deux plateaux de pyrolyse sont disponibles pour les projets de recherche. Une unité à petit volume (le BGR-130), qui peut recevoir environ 60 kg à l’heure, est utilisée pour tester les recettes, concoctées à partir de quelque huit variétés de copeaux issus d’essences de matière ligneuse de la forêt boréale.
L’autre plateau (le BGR-600), qui pourra traiter 800 kg de matière à l’heure, permettra de soumettre à des conditions dites pré-commercialesles formules les plus prometteuses développées à échelle réduite.