SAGUENAY – Moulures Transform d’Alma a développé un produit révolutionnaire pour l’industrie des portes d’armoire et du recouvrement. L’entreprise s’apprête à commercialiser plus largement son innovation, baptisée PurTflex.
Technologie entièrement développée par l’entreprise almatoise, PurTflex est en fait un papier d’enrobage pour la finition de portes d’armoire et de moulures, par exemple. Il vient ainsi faire compétition, entre autres, au polyester et au stratifié couramment utilisés dans l’industrie. Sa différence repose sur sa durabilité, la qualité de son rendu fini et sa flexibilité, qui lui permettent d’épouser les angles carrés avec précision.
Pour bien comprendre l’aspect novateur du papier développé par Moulures Transform, il faut savoir que les portes d’armoire sont fabriquées à partir de plusieurs pièces (moulures, panneau, etc.) qui sont produites en MDF, notamment, puis recouvertes de stratifié, de polyester, etc. Le papier PurTflex est ainsi appliqué en recouvrement sur le MDF pour les moulures, souvent combinées avec une porte en mélamine.
« Nous sommes capables de reproduire exactement le fini de la mélamine pour avoir le même ensemble. […] Nous travaillons avec les fabricants de mélamine qui nous autorisent à utiliser leurs papiers », explique le directeur général de l’entreprise, Alain Girard. Celui-ci précise que la concordance de son produit avec la mélamine est beaucoup plus élevée que celle du polyester, offrant ainsi de meilleures combinaisons.
L’autre avantage du PurTflex est sa flexibilité. Tout en étant résistant et solide, le papier se plie à froid pour épouser les formes de la moulure, permettant des angles carrés, alors que le polyester se casse ou blanchit. « Nous sommes capables d’aller chercher des finitions avec PurTflex qu’on ne peut pas aller chercher avec d’autres produits », indique M. Girard.
Testé par le CRIQ
Selon le directeur général, le produit almatois est également plus résistant que ceux qui sont actuellement sur le marché. « Nous avons fait faire des tests au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Nous avons maintenant la preuve que notre produit est supérieur à ce qui est utilisé dans le marché actuellement », mentionne-t-il.
Précision dans la fabrication
Moulures Transform part donc du même papier que celui utilisé pour le revêtement de la mélamine, mais le processus de fabrication diffère. L’entreprise utilise un traitement de surface spécifique. Il s’agit notamment d’extruder une mince couche de polyuréthane recouverte d’une couche de vernis UV sur le papier décoratif. La machine permet aussi d’imprégner des finitions différentes, par exemple pour imiter le bois, à la fin du processus.
Lorsque l’atelier jeannois crée une nouvelle couleur, elle doit être approuvée par le fabricant de mélamine avant d’être lancée sur le marché. Actuellement, l’entreprise travaille en partenariat avec le fabricant Arauco. « On a développé le savoir-faire pour accorder les couleurs et le fini. […] Après toutes les étapes, il faut vraiment que le papier ait la même couleur que la mélamine. Il ne s’agit pas juste de prendre le papier et de le passer dans la machine. Il faut faire concorder aussi les taux de lustre et le fini appliqué par-dessus », précise Alain Girard. Par la suite, l’entreprise applique le PurTflex sur les moulures qu’elle produit. Elle peut aussi laminer des pièces de toutes sortes avec ce produit.
Pour la fabrication des portes, c’est avec Prémoulé, dont l’une des usines de coupe se trouve à Alma, que l’entreprise fait affaire. Prémoulé utilise le papier PurTflex et les moulures produites par Moulures Transform dans sa gamme Évolution. « On a un grand succès avec les modèles qu’on a sorti juste pour ces produits-là. Il n’y a pas d’autre fabricant de portes d’armoire qui peut faire les mêmes modèles de moulure. Elles ont vraiment l’allure du bois », conclut Alain Girard.
Croissance et relève chez Moulures Transform
ALMA – Alors même que les enfants d’Alain Girard s’intègrent à la tête de Moulures Transform, l’entreprise s’attend à connaître une forte croissance au cours des prochaines années grâce à la commercialisation plus poussée de son innovation, le PurTflex.
Moulures Transform a commencé à produire ses premières couleurs de PurTflex il y a cinq ans, mais a profité de ces années pour consolider et tester son produit. Preuves de l’efficacité et de la durabilité du PurTflex en main, l’entreprise almatoise est maintenant prête à le faire entrer plus massivement sur les marchés. « Il est de plus en plus connu. Nous travaillons avec une nouvelle entreprise de mélamine (Arauco), qui est plus connue que celle avec qui nous faisions affaire auparavant », affirme le directeur général et propriétaire, Alain Girard.
Prendre le temps
L’entreprise a eu des discussions avec d’autres fabricants de mélamine, notamment européens et indiens, qui veulent percer le marché nord-américain des portes d’armoire. Elle souhaite aussi développer des partenariats avec des firmes canadiennes ou américaines. « Nous avons été approchés par plusieurs entreprises, mais étant donné notre capacité de production actuelle, nous ne pouvions pas répondre à leurs demandes, qui mentionnaient de gros volumes rapidement. Nous avons préféré décliner », mentionne M. Girard, qui précise que pour subvenir aux besoins de ces nouveaux clients, Moulures Transform aurait dû faire passer sa production de moulures en PurTflex d’un à 10 millions par an. « On veut prendre le temps de sonder le marché », ajoute-t-il.
Investissements requis
L’augmentation de la capacité de production est toutefois dans la mire de Moulures Transform, qui prévoit la faire passer à trois ou quatre millions de moulures par année d’ici deux ans. « On s’attend à une belle croissance. On est prêts à prendre notre envol », souligne le directeur général. L’entreprise, qui, en plus de produire le PurTflex, fabrique des moulures et effectue la lamination de différentes pièces, a déjà loué des espaces afin de supporter l’augmentation de production. « Nous manquions d’espace, surtout pour le développement du PurTflex. Présentement, nous louons des locaux afin de pallier ce manque », précise Alain Girard.
L’homme d’affaires prévoit également, dans un avenir rapproché, des investissements pour l’acquisition d’équipements lui permettant de traiter, avec le procédé PurTflex, des papiers jusqu’à 48 ou 60 pouces de large (la grandeur est actuellement limitée à 27 pouces).
Agrandissement planifié
Moulures Transform évalue aussi la possibilité de réaliser un agrandissement de son bâtiment. Elle a d’ailleurs acquis un terrain situé juste derrière ses locaux actuels afin d’obtenir la superficie suffisante pour son développement. « Je me donne encore un an pour définir nos besoins, faire le plan de la nouvelle usine. J’aimerais bâtir d’ici deux ans. Pour l’instant, avec l’espace loué, c’est suffisant pour nos besoins », indique M. Girard.
Le directeur général veut s’assurer que les investissements correspondront véritablement aux besoins de croissance de l’entreprise et s’arrimer au marché. « On veut vraiment s’adapter à la demande et être en mesure de bien fournir nos clients », note-t-il.
Par ailleurs, du côté des fabricants d’armoires, Moulures Transform laisse la porte ouverte à des partenariats avec d’autres entreprises, mais seulement si leur marché diffère de celui de Prémoulé, entreprise québécoise qui utilise le PurTflex dans sa gamme Évolution, produite à Alma. Prémoulé distribue ses produits un peu partout en Amérique du Nord. « Notre but, ce n’est surtout pas de leur faire compétition en offrant notre produit à un autre fabricant de portes d’armoire. Si une entreprise développe quelque chose dans un secteur où ils sont moins présents, ça pourrait être intéressant », mentionne Alain Girard.
La relève s’implante
Par ailleurs, un processus de relève est en train de s’implanter au sein de l’entreprise d’Alma, puisque les enfants de M. Girard, Vanessa et Jonathan, viennent de s’intégrer à la direction. La première occupe le poste de directrice des ventes, alors que le second assume le rôle de directeur d’usine. « Ils sont en train de prendre position dans l’entreprise. […] Je n’ai pas encore défini quand je vais prendre ma retraite. On est vraiment au tout début du processus », conclut l’homme d’affaires.