SAGUENAY – « L’économie québécoise se porte très bien et nous devons nous assurer que cette bonne performance se répercute dans toutes les régions, et notamment ici, au Saguenay. La région est très réceptive à accueillir les grands projets d’investissement comme ceux d’Arianne Phosphate, GNL Québec et Métaux BlackRock dans le respect de nos institutions et de la réglementation, et les intervenants déploient beaucoup d’efforts et se mobilisent pour diversifier l’économie de la région. » C’est ce qu’a notamment déclaré le ministre de l’Économie et de l’Innovation Pierre Fitzgibbon, ce matin, devant quelque 125 membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Saguenay Le Fjord (CCISF).
M. Fitzgibbon a également cité de la mise en place d’incubateurs et de centres de transfert technologique; du déploiement autour d’Ubisoft et de CGI, du secteur numérique et de projets structurants; du secteur de la forêt qui demeure un employeur important pour l’économie régionale et où il promet d’annoncer de bonnes nouvelles dans quelques semaines. Il a aussi affirmé que l’aluminium est la marque de commerce du Saguenay-Lac-Saint-Jean. « Ici, on est parmi les meilleurs au monde. L’expertise, le travail et le savoir-faire de la région est reconnue mondialement. »
Il a parlé des projets d’investissement qui sont en cours dans la région comme :
- Nature Alu, qui vise l’implantation d’une usine de production d’aluminium de haute pureté à La Baie, un projet de 15 M$ qui bénéficie d’une aide gouvernementale de 5 M$;
-du projet FjordAl Aluminium, concernant l’implantation d’une usine de tiges d’aluminium à Saguenay au coût de 6,6 M$, dont près de 1,8M$ du gouvernement du Québec;
-du projet de vitrine technologique de MECFor pour la démonstration d’un véhicule électrique autonome destiné au transport de métal en fusion. Il s’agit d’une initiative de 1,5 M$;
-ELYSIS a officiellement lancé ses travaux de construction de son Centre de recherche et de développement à Saguenay au coût de 50 M$. Les experts techniques du monde entier vont y poursuivre le développement de technologies de rupture qui visent à éliminer toutes les émissions directes de gaz à effet de serre du processus de production d’aluminium;
- Rio Tinto Aluminium poursuit ses divers projets en cours, notamment la mise en service à la raffinerie d’alumine Vaudreuil de quatre nouveaux filtres-presses dotés de la toute dernière technologie, dans le cadre d’un projet d’investissement de 250 M$, permettant ainsi d’assurer le maintien d’emplois de qualité et bien rémunérés.
Le ministre a assuré l’audience que le gouvernement du Québec est bien entendu déçu du report de deux projets d’investissement de l’entreprise Rio Tinto. « Je comprends qu’il ne s’agit pas d’un abandon de ces projets, mais qu’il s’agit d’une décision qui s’explique principalement par la turbulence sur le marché de l’aluminium. Néanmoins, l’entreprise continue d’investir les sommes nécessaires au pour honorer ses engagements envers le gouvernement. Je reste en contact avec les dirigeants de l’entreprise et je sais que le Québec demeure au centre de la stratégie d’avenir du groupe Rio Tinto, qui pourrait enclencher, je l’espère, plusieurs autres investissements à l’horizon 2025 », précise le ministre qui avait des rencontres avec les syndicats et la grappe d’aluminium régionale après le déjeuner de la CCISF.
Pénurie de main-d’œuvre
La disponibilité de la main-d’œuvre demeure ici comme dans le reste du Québec, un réel défi dans la région alors que le taux de chômage est en baisse, que le vieillissement démographique s’accentue rapidement et que les départs à la retraite se multiplient, toujours selon Pierre Fitzgibbon.
« À cela s’ajoute la bonne performance de l’économie québécoise dans son ensemble, créant ainsi une pression importante sur le marché du travail. Depuis septembre 2018, il s’est créé au Québec plus de 136 000 emplois. Le contexte de faible taux de chômage fait que nos entreprises doivent avoir des stratégies de recrutement et de formation continue créatives. Du côté du gouvernement, nous suivons tous très attentivement le phénomène de la rareté de la main-d’œuvre. On veut notamment convaincre nos travailleurs d’expérience de demeurer sur le marché du travail. On déploie aussi plusieurs mesures pour favoriser l’intégration des immigrants en emploi et pour adapter la formation aux besoins des entreprises. Les jeunes qui sont encore à l’école représentent une large part des effectifs qui seront nécessaires dans un avenir rapproché. Ces jeunes vont vivre une situation unique dans l’histoire du marché du travail. Près de la moitié des emplois qui seront éventuellement occupés par des jeunes présentement au primaire n’existent même pas encore aujourd’hui. Il faut aussi avoir une meilleure adéquation entre la formation de nos jeunes et les besoins des entreprises pour répondre à l’enjeu de la main-d’œuvre, et ainsi réduire l’écart de productivité du Québec. »
Investissement Québec, la clé
La productivité des entreprises est l’obsession du ministre Fitzgibbon et il assure que l’on va en entendre parler au cours des trois prochaines années. Il souligne que de 2013 à 2018, la productivité des entreprises au Québec a augmenté de 0,8 % par année, alors qu’en Ontario, elle a progressé de 1,4 %. Il ajoute que le taux d’automatisation est évalué à environ 25 % au Québec, alors qu’il est de 55 % aux États‑Unis et de 75 % en Allemagne.
« On accuserait donc un retard d’une dizaine d’années au Québec dans le domaine de l’automatisation. Il faut prendre des bouchés doubles pour combler ce retard. Investissement Québec représente la clé de voûte de ce grand casse-tête. J’ai toujours trouvé que la société d’État pouvait en faire beaucoup plus pour aider nos entreprises. La réforme d’Investissement Québec s’imposait donc comme une priorité de notre gouvernement. Le projet de loi permettra entre autres la fusion des ressources du Centre de recherche industrielle du Québec, le CRIQ, avec celles d’IQ. En gros, on veut qu’IQ stimule l’innovation dans les entreprises, la croissance, l’investissement local et étranger, l’exportation et la création d’emplois à haute valeur ajoutée dans toutes les régions du Québec. Mon ministère poursuivra le travail d’orientation, de planification et de stratégie.
Et l’environnement !
Le ministre de l’Économie et de l’Innovation a non seulement parlé de développement économique, de productivité et d’innovation, il avoue qu’il ne pouvait passer sous silence le sujet de l’environnement.
« On ne peut ignorer le message que nous ont lancé de nombreux jeunes concernant la préservation de notre environnement. Je peux vous dire qu’au conseil des ministres, nous sommes tous préoccupés par la lutte contre les changements climatiques. Tout en demeurant fidèles à l’ADN économique et entrepreneurial de notre parti, nous croyons en la capacité des entreprises à innover et à contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Et devant ce grand défi, on peut déjà compter sur une grande force : notre hydroélectricité. En grande partie grâce à Hydro-Québec, le Québec a déjà l’un des plus faibles taux d’émission de GES par habitant en Amérique du Nord. Mais comme gouvernement, on sait qu’on doit en faire plus, et comme ministre de l’Économie et de l’Innovation, je veux en faire plus. Plus que jamais, dans les prochaines années, l’environnement va nourrir l’économie du Québec. J’ai d’ailleurs ciblé quatre secteurs stratégiques, particulièrement porteurs, où des innovations vertes issues du Québec ont le potentiel d’avoir un impact sur notre environnement, soit :
- la captation et la valorisation du carbone;
- la production de nouveaux carburants;
- le recyclage et la valorisation du plastique; et
- l’application de technologies propres, notamment dans le domaine des transports.
« Le Québec possède une expertise notoire dans l’électrification des transports ainsi que des centres et des instituts de recherche reconnus dans le domaine des matériaux avancés. On possède aussi des ressources minérales stratégiques, comme le lithium, le graphite et le cobalt, et les expertises industrielles et technologiques pour les transformer en batteries. »
Réponses aux questions en bref
À propos de GNL Québec ?
« GNL est un projet que l’on favorise. C’est clair qu’au niveau économique on doit le regarder. Au même moment, il faut qu’il soit acceptable par le BAPE, notamment. Et tout le questionnement sur l’empreinte du carbone, si on est négatif en Alberta, il faut regarder où ira ce gaz liquéfié, risque d’aller à un endroit où l’on consomme du charbon pour les prochain 15 à 25 ans. On ne peut pas juger du projet aujourd’hui sans avoir tous les renseignements. C’est un projet de 14 G$. Pour le gouvernement du Québec, on est clairement favorable à laisser travailler ces gens-là. »
À Gérald Savard MRC du Fjord qui demande la présence d’un sous-ministre sénior dans la région ?
« En effet, nous avons promis le transfert de 5 000 fonctionnaires dans les régions du Québec. C’est une promesse que nous devrons concrétiser. Il faut regarder cela de façon efficace. »