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Maxime Hébert-Lévesque

SAGUENAY – Le Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) connait une croissance négative de 6,2 % pour l’année 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. Pour 2021 on prévoit un réajustement de la croissance, selon une étude économique de Desjardins s’inscrivant dans la tournée En mouvement pour la relance socioéconomique du Québec, autour des + 3,5 %. Une remontée de 9,7 % qui demeure en dessous des 11 % d’augmentation observée en moyenne pour l’ensemble du Québec. Ce qui fait de notre région l’une des plus durement touchés par la crise avec la Gaspésie-Îles-de-la-Madelaine.

Au courant de l’année 2022, on prévoit chez Desjardins que le retard économique accumulé dans la région sera rattrapé, et cela même si la deuxième vague de COVID-19 ressemble à celle que nous avons vécu au printemps dernier « Il faudra attendre quelque mois après 2021 afin de revoir une certaine croissance normale pour la région. Nous estimons qu’il faudrait une deuxième vague plus forte que la première pour voir nos prévisions de retour à la normal pour 2022 être déboulonnées. Les initiatives du gouvernement et son intention de faire des confinements ciblés vont toucher moins lourdement notre économie. Il faudrait un scénario de reconfinement total et sur le long terme pour revoir nos chiffres à la baisse », explique Chantal Routhier, économiste senior chez Desjardins.

Des investissements pour accélérer la reprise

Le PIB du SLSJ repose essentiellement sur les secteurs de l’aluminium et de la foresterie. Selon Desjardins, l’absence de grands chantiers industriels est l’une des causes qui expliquent pourquoi la région a été si durement touchée. « Si un projet comme Métaux BlackRock venait à se réaliser, nous serions en mesure de revoir à la hausse nos prévisions économiques. Ce qui freine l’accélération de la croissance présentement est que de grands donneurs d’ouvrage de la région sont réticents à faire des investissements ».

Un problème paradoxal, mais qui s’explique

Ce qui frappe dans l’étude économique de Desjardins En mouvement pour la relance socioéconomique du Québec est le fort taux de chômage dans la région. Guy Cormier, président et chef de la direction chez Desjardins, précise que 18 000 emplois ont été perdus au SLSJ pour un taux de chômage autour de 16 % pour l’année 2020. Une donnée étonnante considérant les difficultés entourant le recrutement de la main d’œuvre dans plusieurs milieux qui affichent le plein-emploi. « Il y a un gros enjeu concernant la requalification des travailleurs. Oui, le taux de chômage est élevé puisque dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, il y a eu plusieurs mises à pied. Ces gens qui ont perdu leur emploi ne sont pas nécessairement qualifiés pour aller occuper un travail dans le secteur manufacturier ou encore postuler dans un domaine où ils sont peu formés ».

Pas seulement des points négatifs

Bien que les chiffres parus dans la dernière étude de Desjardins puissent sembler accablants, la situation tend à s’améliorer. La relance économique dès le mois de juillet par l’emploi qui est reparti en hausse est une preuve de la vivacité de notre milieu. « De grandes entreprises, comme Rio Tinto, ont continué de payer leur personnel même en période de confinement ce qui a permis de ralentir la décroissance. On voit aussi au SLSJ une mobilisation très forte de la communauté d’affaires pour relancer l’économie de façon concertée et cela est un bon signe ».

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