ALMA – Pour une deuxième année consécutive, neuf microbrasseries régionales s’allient pour créer une bière collaborative à saveur régionale, dont une partie des profits seront remis à Mastera, le centre de formation continue du Cégep de Jonquière. L’ensemble des brasseurs participants sont réunis aujourd’hui [30-05-2018 NDLR] pour concocter les 3000 litres de la boisson houblonnée, qui se trouvera sur les tablettes ou dans les fûts du Festival des bières d’Alma cet été.
Rencontrée par Informe Affaires, quelques heures avant le brassage de la boisson, la responsable boutique et administration chez Riverbend, Audrey Girard, a mentionné que cette initiative vise à prouver l’expertise des régionaux. « Pour nous, c’est un moyen de démontrer notre force en la matière, mais aussi pour montrer que nous faisons de la bière de qualité. Nous sommes, après la Gaspésie, le territoire où l’on retrouve le plus d’établissements brassicoles par habitat », explique-t-elle d’entrée de jeu. « Pour nous, l’élaboration de La Saison des classes 2 est un moyen de contribuer au premier programme en techniques de production en microbrasserie, premier cours destiné à notre industrie dans la province. Comme cela nous permet d’avoir de la main-d’œuvre qualifiée, c’était naturel pour nous de nous réunir et préparer un produit dont une partie des [recettes] iront à l’Attestation d’études collégiales (AEC) », ajoute Sébastien Morasse, copropriétaire de Riverbend.
Entre 6000 et 7000 canettes de la bière de type « grisette » seront commercialisées au cours des prochaines semaines. « Nous la vendrons principalement dans la région. À l’heure actuelle, il est trop tôt pour dire si nous en enverrons dans d’autres régions », précise M. Morasse.
Élus et promoteurs d’événements interpellés
Les brasseurs ont également profité de leur tribune pour déposer un manifeste pour la promotion de la bière locale, qui vise à encourager l’achat de produits maltés provenant de la région. Sébastien Morasse fait savoir que les contrats d’exclusivité signés entre les grands brasseurs et les municipalités, organismes paramunicipaux et événements privent leurs organisations de revenus importants. « Nous voulons lancer un message à l’effet que nos entreprises sont activement impliquées dans leurs milieux. Ensemble, nous avons créé une centaine d’emplois, nous faisons affaire avec des fournisseurs régionaux et nous voulons conscientiser les gens sur l’aspect néfaste des ententes exclusives », affirme l’entrepreneur.
« Les grands événements promus par les localités, organismes liés ou autre, dont nous n’avons pas accès, nous prive de certains revenus, ce qui nous pousse à commercialiser davantage à l’extérieur. De mon côté, en tant qu’entreprise, avoir accès à ces organisations qui ont signé l’exclusivité me permettrait, par exemple, d’embaucher davantage et faire l’achat d’un fermenteur supplémentaire », précise-t-il.
Les entrepreneurs régionaux rappellent que leurs organisations contribuent l’économie régionale. « Paradoxalement, ces ententes nuisent donc au développement d’entreprises régionales, qui font affaire avec des entreprises locales, réinvestissent et créent des emplois ici, en plus de payer des taxes servant entre autres à subventionner des événements chapeautés par des multinationales qui ont un impact limité sur l’économie régionale. Les microbrasseries du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont un vecteur important du dynamisme entrepreneurial de notre région, sans oublier l’impact de celles-ci au niveau du tourisme », rappellent le collectif. Ils espèrent que les élus et organisateurs d’activités seront conscientisés grâce à leur lettre ouverte.