ALMA – M. Daniel Gobeil, Vice-président des Producteurs de lait du Québec et Mme Julie Gélinas, directrice marketing pour la même organisation ont brossés un portrait de la consommation de lait et de ses sous-produits au cours des dernières années, hier, en conférence de presse au Bar-Restaurant Chez Mario Tremblay à Alma. Force est de constater qu’il y a un recule. Si L'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne (AECG) peut être pointé du doigt, la baisse de consommation est aussi intimement reliée aux changements sociaux.
Au Québec, le lait c’est sérieux. On parle d’une industrie qui compte 4877 fermes, plus 49 000 employés, une production annuelle de 3,33 milliards de litres et un chiffre d’affaires de 2,67 milliards de dollars. Un secteur qui pèse lourd dans notre PIB et qui pourtant connait une décroissance. En effet, depuis 2010, pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous sommes passés de 348 producteurs à 271. Une diminution qui n’est pas unique que dans notre coin de pays puisque pour la même période sur l’ensemble du territoire québécois, c’est 1476 fermes qui se sont envolées.
Toutefois, ce n’est pas la première fois que l’industrie laitière connait des soubresauts dans son économie. Dans les années 80-90, un article paru dans le magazine Times sur les dangers du cholestérol et des matières grasses avait miné la production de lait. On connait depuis un changement dans le mode de consommation. On boit moins le lait, on le mange plus. Comme le précise M.Gobeil « Dans les années 70, la consommation était de 100 litres par habitant annuellement et, présentement, elle se situe autour de 65 litres. Si on regarde le portrait de la consommation, on voit que le fromage représente 38% des ventes total contre 27% pour le lait à boire ».
Le fromage devient donc le nerf de la guerre pour les producteurs d’ici qui voient d’un mauvais œil l’accord AECG. Pour l’année 2019, les taux de remplissage ont atteint 86,7% pour le fromage. Ce qui signifie que les produits étrangers rentrent déjà à presque pleine capacité. Une compétition qui fait mal pour nos fermes, de plus, que le Canada devrait ratifier au cours de 2020 l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. Une entente qui ouvrirait la porte à nos voisins du sud à 3,9% de notre production.
Des changements sociaux
« Nous avons, maintenant, un maximum de 2 semaines pour créer nos campagnes. Nous devons être constamment vigilants sur ce qui anime l’actualité de nos consommateurs. » Mme Gélinas explique les réalités du marketing dans un contexte de médias numériques. En effet, les modes d’accès à l’information ont grandement changé depuis l’arrivée d’internet et on constate de plus en plus l’apparition de fausses nouvelles qui circulent.
Les gens prendraient moins le temps de consulter les médias établis et seraient davantage tournés vers des influenceurs ou autres acteurs du web n’ayant pas de formation scientifique. Cette problématique amène des organismes comme les Producteurs du lait du Québec à revoir leur stratégie numérique. « Il faut moderniser notre approche. Nous avons changé la tonalité envers notre clientèle. La désinformation affecte la consommation. Renverser les mythes créés autour de notre industrie a été notre plus gros mandat des 2 dernières années. Nous avons une approche qui est maintenant beaucoup plus transparente en ce qui concerne la production. Au lieu de présenter le lait comme un produit miraculeux, nous le présentons maintenant comme un aliment judicieux. »