Auteur

Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Rio Tinto investira 110 M$ pour l’ajout de 16 nouvelles cuves à son centre d’électrolyse AP60 du Complexe Jonquière. Les travaux débutant en 2022 permettront d’augmenter la production de 45 %, en plus de sécuriser une centaine d’emplois et d'en créer 12 nouveaux.

Ces investissements ont été annoncés lors d’une conférence de presse, ce matin. « Il s’agit de la première fois depuis plus d’une décennie qu’un projet offensif de production d’aluminium primaire est annoncé au Québec. Nous en sommes très fiers », a affirmé Sébastien Ross, directeur exécutif par intérim des opérations Atlantique de Rio Tinto.

Les nouvelles cuves seront construites dans le bâtiment existant du centre technologique AP60 et entreront en fonction à la fin 2023. Elles augmenteront la capacité de cette installation, qui compte actuellement 38 cuves, de 26 500 tonnes métriques d’aluminium primaire annuellement, pour atteindre une capacité de 86 500 tonnes métriques.

M. Ross considère que la technologie AP60 en est une de transition pendant le développement du projet Elysis, qui propose une production d’aluminium sans carbone. « L’AP60 est la technologie d’électrolyse la plus efficace sur le plan énergétique, rentable et respectueuse de l’environnement actuellement, puisqu’elle génère sept fois moins de gaz à effet de serre que la moyenne de l’industrie », a-t-il rappelé.

Retombées régionales

Les appels d’offres seront lancés sous peu, alors que les travaux débuteront au printemps prochain. Le directeur exécutif par intérim des opérations a assuré que les équipes du bureau de développement régional et de l’approvisionnement joueront un rôle d’appui auprès des entrepreneurs régionaux afin de maximiser les retombées.

Une étape importante

L’annonce de ce matin s’inscrit également dans la transition avec le Centre d’électrolyse Ouest de l’usine Jonquière, qui doit fermer en 2025. Le président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (SNEAA), Donat Pearson, considère d’ailleurs qu’une étape importante a été franchie avec ces investissements, attendus depuis de nombreuses années.

M. Pearson a toutefois incité la multinationale à en faire plus et à se mettre au travail dès maintenant, notamment en raison des délais de construction pouvant aller jusqu’à trois ou quatre ans. « Ce sont 500 à 600 travailleurs directs et indirects qui seront touchés si nous ne trouvons pas de solution », a-t-il souligné, invitant Rio Tinto à poursuivre ses investissements dans la région et la concrétisation des autres phases d’AP60.

Cuves supplémentaires?

Sébastien Ross a également annoncé le lancement d'une étude préliminaire, simultanée à la construction des 16 cuves, pour la construction de cuves supplémentaires dans les années à venir. De nouveaux investissements pourraient donc être annoncés avant la fin des travaux présentés ce matin. « On veut conclure l’étude préliminaire dans les six mois maximum. Le but est d’avoir une transition harmonieuse dans l’attente d’Elysis. C’est notre objectif d’annoncer davantage de cuves », a-t-il déclaré.

« Rio Tinto s'est engagée à renforcer sa position de leader dans la production d'aluminium à faible teneur en carbone fabriqué à partir d’hydroélectricité afin de répondre à la demande de nos clients en Amérique du Nord et en Europe. Notre technologie AP60 est l’une des plus efficaces sur le plan énergétique, des plus respectueuses de l'environnement et des plus rentables disponibles aujourd’hui. Elle produit de l'aluminium dont la teneur en carbone est parmi les plus faibles au monde grâce à l'hydroélectricité renouvelable du Québec. Nous évaluons présentement des possibilités d'investissements supplémentaires, alors que nous progressons dans le développement de la technologie d’électrolyse sans carbone ELYSISTM avec nos partenaires », a renchéri Ivan Vella, chef de la direction de Rio Tinto Aluminium.

Rappelons que la multinationale prévoit une croissance de 3,3 % par an au cours de la prochaine décennie, stimulée par la transition énergétique et la décarbonisation.

En bonne position

Plusieurs élus municipaux, provinciaux et fédéraux étaient présents pour l’occasion. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon qui a lancé hier la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium (SQDA) 2021-2024, a rappelé que le Québec est en bonne position pour les projets de production d’aluminium, notamment avec son hyroélectricité propre et abondante.

« Le Québec est l’un des très bons endroits au monde pour investir. On a un écosystème qui est performant, une main-d’œuvre qualifiée; notre expertise est reconnue et nos centres de recherche sont renommés. On a un grand atout, avec notre hydroélectricité […] Au Québec, nous sommes le quatrième producteur mondial d’aluminium primaire. On en fait 2,9 millions de tonnes métriques chaque année, 90 % de la production canadienne se fait ici et nous sommes responsables de 60 % de la production nord-américaine », a-t-il souligné.

Selon lui, la province continuera de se positionner parmi les joueurs les plus importants de cette industrie à l’échelle mondiale. « S’il y a une chose que je vais répéter chaque fois que je parle d’aluminium, c’est que notre industrie va jouer un rôle déterminant dans la décarbonation de l’économie mondiale et dans la croissance économique du Québec », a-t-il ajouté.

Commentaires