Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’agroalimentaire, moteur de la relance » publié dans notre édition du mois de juillet.

ALMA – Si la sensibilité de la population face à l’achat local commençait déjà à s’ancrer avant la pandémie, l’incertitude causée par la crise du coronavirus aura cristallisé les habitudes de plusieurs, selon les constatations de la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui a remarqué une croissance significative auprès de ses membres.

L’agente aux communications de la Table agroalimentaire, Bénédicte Armstrong, explique que l’industrie a su tirer profit de la pandémie, alors que de nombreux consommateurs souhaitaient s’approvisionner en denrées brutes et transformées dans la région. « Dans la première vague, les gens avaient des craintes du côté des approvisionnements en épicerie et ont commencé à chercher des alternatives régionales à leurs produits », explique la porte-parole d’entrée de jeu.

Bénédicte Armstrong ajoute que la proximité avec les entrepreneurs agroalimentaires aura également plu aux clients. « Il y a eu un réflexe instinctif des gens, qui cherchaient des alternatives locales pour s’alimenter. Nos entreprises régionales font de plus en plus de produits de base. On a tout ce dont on a besoin. Il suffit d’apprendre à connaître davantage l’offre et c’est là qu’on remarque que la proximité avec le producteur est tellement un gros plus. On sait qui a fait l’huile qu’on utilise pour agrémenter nos salades », image-t-elle.

Cristalliser les habitudes

Depuis la mise sur pied de l’initiative Zone Boréale, l’organisme remarque une plus grande prise de conscience des consommateurs face à l’agroalimentaire régional. « Les détaillants mettent davantage en évidence les produits de chez nous. On ne retrouve plus uniquement de petits présentoirs éparpillés. Parfois, ça peut être un étalage complet. Il faut aussi signaler que la clientèle demande de plus en plus leurs produits préférés à leurs commerçants. C’est signe que cette sensibilité était déjà bien là avant la pandémie, mais on ne se cachera pas que les derniers 16 mois auront cristallisé les habitudes de plusieurs, mais auront aussi fait éveiller les consciences de quelques personnes que nous n’étions pas en mesure d’atteindre. La COVID a permis en partie d’intensifier ça. On a fait un pas de géant », indique Bénédicte Armstrong.

Faire le virage numérique

En fin de compte, la Table agroalimentaire a constaté une croissance marquée des ventes de ses membres, augmentation attribuable à l’innovation et la capacité d’adaptation des entrepreneurs. « Du côté des producteurs et transformateurs, ç’a été une année de tous les records. Ils ont su s’adapter rapidement lors des ordres de fermetures en faisant le virage numérique et accorder une importance au commerce électronique, parce qu’ils étaient contraints avec les mesures. Maintenant, c’est une porte d’entrée supplémentaire qui sera assurément très pratique pour eux à long terme », précise la porte-parole.

Par ailleurs, après des craintes à la mi-mars 2020, les entreprises agroalimentaires ont pu constater que la clientèle était derrière eux. Pâques aura été un puissant indicateur à ce chapitre puisque les familles achetaient tous leurs cadeaux sucrés en ligne ou en appelant directement les chocolateries ou distributeurs de proximité. « La peur au ventre au début du premier confinement s’est finalement traduite par des records de ventes. Pâques aura démontré que chaque petite initiative compte. On a vu des entreprises se serrer les coudes entre elles en créant des boutiques en lignes et en organisant leurs livraisons. Au final, elles ont manqué d’inventaires pour Pâques. C’est là qu’on a pu voir la mobilisation d’une région », soutient-elle.

Parmi les membres de la Table agroalimentaire qui ont subi le plus les contrecoups, c’est sans contredit les restaurateurs qui ont dû tenir leur salle à manger fermée pendant une longue période. « C’est sûr que ça leur a fait mal, mais leur résilience et leur capacité d’adaptation en se tournant vers les commandes en ligne ou pour emporter, c’est évident que ça leur aura donné un coup de pouce et, il faut se le dire, la population était sensible envers les restaurateurs », commente l’agente aux communications.

L’été du tourisme gourmand

Et malgré les assouplissements et les changements de paliers de couleur, les régionaux et visiteurs semblent être encore friands des produits d’ici. « Cette année, on surveille beaucoup les nouveaux produits de transformation. Les gens innovent. On a tous les condiments locaux de toutes sortes. On a maintenant plein de choix. L’autocueillette sera aussi à surveiller cet été. On a constaté une hausse du nombre de visiteurs sur notre site Web et c’est ce qui ressort le plus. Les gens seront décidément dans les champs pour récolter leurs petits fruits. Ça risque d’être un été également très occupé du côté du tourisme gourmand. Notre partenaire, Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean, nous a demandé davantage de cartes agrotouristiques que d’habitude. Ça part rapidement », conclut Bénédicte Armstrong.

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