SAGUENAY – L’important projet Camping Saguenay de 14 M$ sur le chemin Saint-André à Jonquière, qui devrait proposer 250 emplacements et une cinquantaine de chalets, sera en grande partie fabriqué avec des matériaux recyclés, ce qui donne une couleur écoresponsable à cet important projet pour l’industrie touristique régionale.
Ce sont les conteneurs maritimes transformés en petits chalets qui attirent le plus l’attention lorsqu’on arrive sur le site du projet Camping Saguenay par le chemin Saint-André. Mais bien d’autres éléments se démarquent sur ce chantier hors normes des promoteurs Jocelyn Villeneuve et de Claire Tremblay. Des centaines d’arbres ont dû être coupés et recyclés dans la construction des bâtiments, 10 000 tonnes de roche concassée ont été nécessaires pour la fabrication des cinq kilomètres de route qui sillonnent le site et 14 millions de dollars sont nécessaires pour mener à bien l’ensemble des travaux.
Pour résumer, il s’agit d’un camping géant de 140 acres comprenant 250 emplacements, 50 chalets, un bâtiment principal, une cabane à sucre et plusieurs autres infrastructures connexes. « Nous serons ouverts à l’année. Il y aura 50 % des terrains prévus pour les campeurs saisonniers, mais il aura aussi une grande variété de terrain pour ceux et celles qui désirent une expérience plus en nature », souligne M. Villeneuve. Si l’attention est tout de même dirigée sur les fameux conteneurs, c’est parce qu’il s’agit d’un chantier élaboré en grande partie avec des matériaux recyclés et assemblés sur place.
Rien ne se perd, tout se récupère
Jocelyn Villeneuve n’est pas à sa première expérience dans le domaine de la construction, alors que l’entrepreneur maintenant retraité a travaillé toute sa vie dans ce secteur. « J’ai commencé ma carrière en récupérant de la brasque, un résidu de cuves d’aluminium, pour la recycler pour l’Alcan. C’est ma spécialité de donner une deuxième vie aux choses. » C’est donc en se promenant un peu partout que l’homme d’affaires et son équipe ont recherché des immeubles voués à la démolition. « Nous avons récupéré le mobilier de plusieurs salles de spectacle dans le coin de Shawinigan. Présentement, nous revenons de l’Hôtel-Motel Les Cascades d’Alma. Il doit être démoli et nous rachetons de l’entrepreneur plusieurs matériaux et équipements en très bon état. »
Cette façon de faire a permis aux meneurs du projet d’économiser gros sur la facture totale. « Si nous avions tout acheté en neuf et si nous avions sous-traité la construction, le projet aurait coûté au bas mot 25 M$ au lieu de 14 ! Les conteneurs maritimes pour faire les chalets ne coûtent que 4000 $ l’unité et sont très résistants. En plus de sauver de l’argent, on arrive avec un résultat durable et plus écologique. »
L’expertise d’une vie
Jocelyn Villeneuve poursuit en avançant que les gens de son entourage croient en son projet à cause de sa grande expérience. « Tous les arbres que nous avons abattus ici sont passés dans notre moulin à scie afin d’en faire des planches pour l’édification de nos bâtiments. Également, on réutilise le pin gris déclassé pour fabriquer des meubles. J’ai aussi acheté les camions et l’équipement pour tout faire moi-même. Nous sommes indépendants sur le plan construction, nous avons à l’interne les ressources nécessaires pour mener à bien les travaux et cela rassure les banquiers. »
Toutefois, l’entrepreneur confie sans gêne que la recherche d’investisseurs a été ardue en période de COVID-19. « Par chance, nous avons les reins assez solides pour assumer les investissements. La pandémie a fait en sorte d’amener certaines incertitudes comme la date d’ouverture et nous avons dû revoir la taille des terrains, on exige maintenant 30 pieds de large entre les localisations pour conserver la distanciation. Ces aléas ont refroidi l’ardeur de certains, mais nous avons encore des partenaires sérieux comme la BDC, les Caisses Desjardins et Investissement Québec. »
La ville et l’entrepreneur, deux vitesses
Si tout se passe comme prévu, Jocelyn Villeneuve compte ouvrir ses portes au printemps 2021. Un souhait qu’il espère réaliser, étant donné qu’il se donne une dizaine d’années pour amortir ses investissements. « La COVID-19 nous dira quand et comment on pourra démarrer notre première saison. Pour l’instant, je suis dans l’inconnu concernant le nombre de personnes que je pourrai engager et le nombre de vacanciers que l’on pourra accueillir. »
La pandémie n’est pas le seul obstacle à se placer au travers de la route de l’entrepreneur. Selon ce dernier, la ville de Saguenay tarderait à délivrer les permis. « Si c’était juste de moi, tout serait construit et fonctionnel, mais les gens à la municipalité ne vont pas à la même vitesse. J’ai souvent l’impression de me battre avec eux. Par exemple, la forêt qui nous entoure était très abîmée à cause de la tordeuse d’épinette. À la ville on m’a exigé d’acquérir un permis pour procéder à la coupe et, à l’Environnement, on m’a dit que ce n’était pas nécessaire… » L’homme d’affaires reste donc patient et conclut en affirmant que son projet devrait générer à la municipalité quelque centaine de milliers de dollars en retombées économiques par année.