Dominique Savard
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Dominique Savard

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La Construction, à l’aube des grands projets industriels régionaux » publié dans notre édition du mois de février.

SAGUENAY – La progression de la certification LEED est très rapide, surtout dans le public et le commercial, selon Alexandre Bouchard, le président de la Branche Saguenay–Lac-Saint-Jean du Conseil du bâtiment durable du Canada-Québec. Et selon lui, elle s’en vient de plus en plus présente dans le résidentiel, surtout avec des projets de développement de promoteurs.

« Ici, c’est intéressant, car la ville de Saguenay offre un programme de subventions pour la certification LEED habitation avec un crédit de taxes régressif sur cinq ans. Mais, j’avoue que c’est encore marginal dans le résidentiel dans la région, alors qu’à Montréal, il y a des quartiers complets qui ont la certification. Il faut dire toutefois que ça fait juste cinq ans que notre organisme existe dans la région et qui en fait la promotion alors que l’organisme du Conseil du bâtiment durable est dans la métropole depuis 2004 », souligne M. Bouchard.

Le président régional ajoute que l’on retrouve près de 900 bâtiments certifiés LEED (privés et publics) au Québec. « Dans la région, je n’ai pas le nombre, mais je peux dire que le Centre géomatique du Cégep de Chicoutimi, le poste de police de Saint-Ambroise, l’édifice de Revenu Québec à Arvida et tout récemment la Bibliothèque d’Arvida, ont reçu cette certification. Le Palais de justice de Roberval et le TGEM de la Base de Bagotville (un projet de 47 M$) sont en voie de certification, alors que deux appels d’offres publics sur le SEAO à la Base de Bagotville totalisant 100 M$ d’investissements exigent aussi la certification LEED », énumère l’ingénieur en mécanique du bâtiment.

Avantageuse pour l’économie locale

Il faut dire aussi que cette certification LEED est avantageuse pour l’économie locale puisque des points dans la grille d’évaluation sont alloués pour l’utilisation de matériaux régionaux. « Dans la grille, on est obligé de démontrer que l’on a acheté un certain pourcentage de matériaux dans la région où est construit le bâtiment. De plus, tous les gros organismes gouvernementaux qui construisent des bâtiments ont une politique de développement durable. Le gouvernement doit démontrer qu’il fait des actions positives pour l’environnement. Et le bâtiment représente environ 15 % des GES au Canada. Notamment à travers la SQI (Société québécoise d’infrastructure), qui a construit Revenu Québec et qui s’occupe de la construction du nouveau palais de justice à Roberval, notamment, les nouveaux bâtiments doivent être certifiés LEED. »

À la CDC (Construction Défense Canada) qui octroie les contrats sur la Base des Forces canadiennes de Bagotville (BFC) on a de grands objectifs en énergie et gaz à effets de serre à atteindre d’ici 2030 et l’un de leurs moyens, est de faire certifier leurs bâtiments, toujours selon M. Bouchard. Donc tout nouveau bâtiment qui sera construit sur la BFC, doit être certifié LEED. « Maintenant, c’est extrêmement important que nos professionnels, nos ingénieurs et nos architectes aient les compétences pour faire ces projets. Sinon, la SQI et la CDC vont s’allier à des firmes de Québec et Montréal pour s’occuper de la certification LEED. »

La manière dont ça fonctionne, c’est que dans tout projet LEED, il doit y avoir obligatoirement un professionnel agréé dans l’équipe de travail. À la SQI ou la CDC, le bassin est ouvert à tout le Québec. En revanche, à la Ville de Saguenay, par exemple, les appels d’offres sont souvent ouverts à la région. Si la Ville fait dorénavant un projet LEED dans ses projets, comme celui de la Bibliothèque d’Arvida, elle devient un moteur de promotion et de compétences de certifications pour nos firmes professionnelles. Saguenay demande à ses citoyens dans son plan de développement durable de faire attention à l’eau, à l’énergie, à faire la gestion des déchets, etc., mais elle doit démontrer qu’elle aussi fait des actions concrètes. La certification LEED en est une que le public peut juger et qui est évaluée par ses pairs. »

Le secret dans les programmes de subventions

Pour inciter la population à se tourner vers le bâtiment durable et la certification LEED, Alexandre Bouchard avoue que le secret réside dans les programmes de subventions. « Le coût de l’énergie au Québec est ridiculement faible, ce qui fait que peu d’édifices ont des panneaux solaires, par exemple. Pour faire rouler l’économie verte, le gouvernement s’est tourné vers des programmes. Et il y en a de l’argent là-dedans. Que ce soit pour la transition énergétique, Hydro-Québec, Énergir, etc. Par exemple, quelqu’un qui a une chaudière à l’huile et qui veut la remplacer pour une chaudière biomasse, les subventions remboursent 75 % de la conversion. L’argent est là. Mais, pour analyser cela, ça prend du temps, des professionnels qui ont les capacités pour faire ces calculs-là et un client qui le veut. »

Enfin, M. Bouchard affirme qu’il y a quelque chose de majeur qui s’en vient l’an prochain. « La Régie de l’Énergie va mettre à jour le code de l’énergie au Québec et les constructeurs vont avoir une période de 18 mois pour s’y conformer et apprendre à travailler avec. Ça va être une révolution pour le Québec en énergie, car on est vraiment en retard en comparaison avec d’autres provinces.

À propos de la certification LEED

La certification LEED offre une vérification indépendante par une tierce partie attestant qu’un bâtiment, une habitation ou une communauté a été conçu et construit à l’aide de stratégies visant à atteindre une performance élevée dans des domaines clés de la santé des humains et de l’environnement : l’emplacement et le transport, l’aménagement écologique du site, les économies d’eau, l’efficacité énergétique, la sélection des matériaux et la qualité de l’environnement intérieur.

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