N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La Construction, à l’aube des grands projets industriels régionaux » publié dans notre édition du mois de février.
SAGUENAY – Depuis 1961, l’APCHQ se donne comme mission de faire valoir le professionnalisme de ses membres au sein de ses 14 associations régionales. Si l’organisme est surtout reconnu pour ses services techniques, juridiques et administratifs, elle joue également un rôle de lobbyiste auprès des gouvernements. Portrait de l’une des nombreuses facettes de l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.
« Les services de relation gouvernementale sont moins connus et c’est normal. Ce sont des actions que pose un gros organisme comme le nôtre et qui se jouent au niveau de l’industrie et qui touchent indirectement les membres. L’impact se fait davantage sentir sur l’ensemble du secteur. » M. François Bernier est Vice-président principal Affaires publiques à l’APCHQ. Avec son équipe, il a le mandat d’éclairer les différents gouvernements sur les enjeux qui affectent le monde de la construction au Québec.
Fort de ses 18 000 entreprises membres, l’organisme est bien placé pour connaître les réalités du milieu. Depuis les dernières années, l’OBNL est souvent monté aux barricades pour défendre les travailleurs de la construction. Pensons, entre autres, à la division du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui s’est inscrite au Registre des lobbyistes en 2017 pour dénoncer les amandes émises à des entrepreneurs pour ce que l’organisme considère comme des banalités.
Sur un plan plus national, l’APCHQ est présentement en discussion avec les différents gouvernements, organismes et associations afin de résoudre des défis qui touchent l’ensemble du secteur de la construction résidentielle. Au cours de la prochaine décennie, trois grandes problématiques ont été soulevées : l’accès à la propriété, l’état du parc immobilier québécois et la rareté de la main d’œuvre.
Une richesse négligée
« La propriété est souvent notre seul réservoir de richesse personnel. C’est avec lui qu’on finance nos vieux jours et au Québec, malheureusement, nous sommes loin des autres provinces en termes d’avoir résidentiel, explique M. Bernier ». En effet, au Québec nous avons autour de 61 % en taux de propriété contre 70 % en moyenne pour le reste du Canada.
Selon François Bernier, l’une des causes qui contraignent l’accès à la propriété serait l’acquisition de la mise de fonds par les premiers acheteurs. « Pour une maison de 300 000 $, il faut débourser au minimum 30 000 $, cela représente énormément d’argent pour les jeunes générations. » Bien que le défi soit grand, le principal vice-président aux affaires publiques se veut optimiste en précisant qu’il existe un « buffet de solutions ». Comme les programmes Accès condo à Montréal et Accès famille à Québec. « Ces mécanismes fonctionnent très bien et ils ne coûtent pratiquement rien à l’État. L’argent est prêté aux acheteurs pour leur mise de fonds et ensuite remboursé avec une petite plus-value ».
Cette idée mise de l’avant, entre autres, par l’APCHQ a trouvé écho puisqu’en 2019 le gouvernement fédéral a mis sur pied un incitatif sous forme de prêt sur la mise de fonds des premiers acheteurs. Une autre stratégie avancée par l’organisme de la construction résidentielle c’est le RAP intergénérationnel. Cet outil permettrait à un parent de se servir sans pénalité de ses REER pour la première mise de fond d’un enfant.
Un héritage à entretenir
Les enjeux entourant le parc immobilier sont aussi importants que l’accès à la propriété. Cet héritage de bâtiments que constitue le parc résidentiel est directement lié à la qualité de vie du citoyen et à la santé financière des villes. Il constitue un ensemble de structures qui vieillit et qui doit être mis à niveau.
Le plus gros défi se situe au niveau du secteur locatif. La construction de ses bâtiments remonte à plusieurs années et présentement « il fuit de partout ». Le rôle que se donne l’APCHQ est de mettre de l’avant des programmes comme Rénoclimat.
L’organisme souhaite plus de visibilité sur ces initiatives gouvernementales qui permettent d’obtenir une aide financière pour des travaux d’isolation, d’étanchéité et de remplacement de portes et fenêtres. Selon l’OBNL, cela rentre dans une logique d’efficacité énergétique et environnementale.
« Quel beau défi d’améliorer notre parc locatif. Si nous réussissons avec nos programmes et notre travail à faire une différence, c’est sur le plan environnemental et social qu’on gagne. Puisqu’au final, ce n’est pas aux niveaux des propriétaires, mais celui des locataires que les avantages vont se faire sentir. C’est souvent eux qui paient la facture énergétique et parfois ce sont des personnes à faible revenu. »
Plus de flexibilité
Ce n’est un secret pour personne, la rareté de la main d’œuvre se fait sentir partout et particulièrement dans le domaine de la construction. Il suffit de voir le faible taux de graduation dans les écoles de métiers spécialisé pour sonner l’alarme. Le vieillissement de la population est souvent pointé du doigt lorsque vient le temps de donner une explication, mais ce n’est pas la seule cause. Selon M. Bernier, l’un des problèmes pourrait se trouver dans la structure.
« Nos bassins et nos ratios sont parfois des freins réglementaires pour intégrer du monde dans l’industrie. Tu dois surveiller constamment quand le bassin va ouvrir et quand il va fermer. C’est un système qui nécessite du temps souvent à un moment où le travailleur est occupé et ça crée des préoccupations. Également, il serait bien d’accorder plus de polyvalence aux gens et d’avoir plus de flexibilité. La personne qui pose la vanité pourrait aussi pouvoir installer le miroir ».
Un système de bassin d’emplois mal adapté, une réglementation trop rigide et des ratios contraignants seraient à la base du problème. Le mandat de l’APCHQ est de réfléchir sur comment rajeunir l’industrie et comment la réformer. Pour ce faire, l’organisme est en discussion constante avec les syndicats et les associations pour trouver des solutions.
« Nous sommes dans un contexte où il y a une pénurie de logements à Montréal et de l’autre côté nous avons des usines qui ferment et des gens sur le chômage. La main d’œuvre existe, il faut donc trouver une façon de les intégrer dans notre industrie. »
Les défis de la construction sont nombreux et préoccupants. L’industrie, comme tous les autres secteurs économiques, se transforme et nécessite des ajustements structurels. Les différents gouvernements doivent donc être à l’écoute des enjeux du milieu afin d’offrir une réglementation adaptée. C’est pourquoi le rôle de l’APCHQ est toujours aussi essentiel, selon M. Bernier.