N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Construction, une industrie en ébullition publié dans notre édition du mois de février.

 

SAGUENAY – Le secteur de la construction a connu une forte effervescence au cours des dernières années. Cette situation, combinée à la pénurie de main-d’œuvre, aux enjeux d’approvisionnement et à l’augmentation des prix des matériaux, a transformé les barèmes et les repères du passé dans ce domaine.

« Les réalités du marché ne sont plus les mêmes. Tout le monde a dû s’ajuster, être beaucoup plus patient et compréhensif, tant en matière de délais que de prix », souligne le président de l’Association de la construction du Québec (ACQ) région Saguenay–Lac-Saint-Jean, Keiven Tremblay.

Avec les années records que la construction a connues et l’augmentation des chantiers, de nombreuses entreprises sont occupées pour de longues périodes. « Les gens le voient lorsqu’ils vont en appel d’offres. Il y a peu ou pas de soumissionnaires parce que tout le monde est très engagé. La capacité de soumissionner sur de nouveaux projets est moindre. Toutefois, ça se replace graduellement », précise M. Tremblay.

L’approvisionnement en matériaux et équipements s’est également avéré un enjeu dans les dernières années, ce qui a entraîné une hausse des prix et un allongement des délais. La situation tend à se résorber du côté des matières de base, mais pas pour les produits spécialisés. « Les prix se placent un peu. C’est à la baisse. Mais quand on parle de matériaux spécialisés, les délais sont complètement fous. D’autant plus si l’on doit commander à l’étranger. Bien entendu, on ne peut pas maintenir ces produits en grandes quantités, puisqu’ils ne sont pas transférables sur d’autres projets », révèle l’entrepreneur qui explique que la demande mondiale pour les matériaux est forte. Le prix des marchandises spécialisées a augmenté et n’est pas négociable.

Contraintes

Ces différentes situations, en plus de la pénurie de main-d’œuvre, font en sorte que certains chantiers s’allongent ou que les échéanciers sont reportés. Selon Keiven Tremblay, la plupart des contrats au cours des dernières années se sont prolongés en raison de retards d’approvisionnement. « Par exemple, pour les portes spécialisées, comme les sorties de secours, il y a une pénurie importante. Les délais de livraison pour ces produits sont excessivement longs. Même si tout est prêt sauf les portes, le chantier n’est pas terminé. »

Cela crée différentes contraintes logistiques et financières pour les entreprises en construction. « Le coût des matériaux augmente et nous devons aussi tenir plus de matériaux de base en stock. Ça a un impact sur les flux de trésorerie. Les chantiers qui s’allongent font en sorte que nous ne sommes pas toujours payés au complet à l’intérieur de courts délais, surtout au niveau des retenues sur contrats, payées à la toute fin du projet. Ça crée une pression financière », mentionne M. Tremblay. Les entreprises doivent ainsi avoir une structure financière bien organisée afin de pouvoir supporter ces contraintes.

Le président de l’ACQ Saguenay–Lac-Saint-Jean croit que, tout comme les entreprises de la construction, les donneurs d’ordres n’ont pas le choix de s’adapter aux nouvelles réalités du marché. « La patience est de mise. Les délais sont très variables », note-t-il. Les organisations qui ont des projets à venir doivent donc s’assurer d’une bonne planification en amont pour éviter les écueils.

Les activités se maintiennent

Le domaine de la construction connaît depuis la pandémie des années records en termes de chantiers et d’heures travaillées. Bien qu’un certain ralentissement se fasse sentir du côté résidentiel, les secteurs commercial, industriel et institutionnel se maintiennent pour l’instant.

Selon le président Keiven Tremblay, il est certain que l’augmentation des taux d’intérêt n’est pas étrangère à cette légère baisse du côté résidentiel. « Moi, je ne travaille pas dans ce secteur, mais d’autres entrepreneurs m’en parlent beaucoup. La réponse est quasiment instantanée. Dès qu’il y a une annonce d’augmentation des taux, et avec l’inflation, la demande des consommateurs diminue. »

Du côté institutionnel, M. Tremblay fait remarquer que le gouvernement a procédé au lancement de nombreux chantiers afin de relancer l’économie à la suite de la pandémie et que ceux-ci se poursuivent. Parallèlement, plusieurs infrastructures dans la province sont vieillissantes et nécessitent des mises à jour ou des remplacements. Il va y avoir une demande soutenue à ce niveau-là pendant un bon bout de temps », indique-t-il. Une légère hausse des heures travaillées dans le secteur industriel est également prévue.