Auteur

Karine Boivin Forcier

Voici la Une de notre édition papier du mois de novembre.

SAGUENAY – Coupesag, spécialisée dans la transformation des métaux en feuilles, travaille actuellement comme maître d’œuvre pour la construction d’un bateau d’excursion côtière en aluminium pour l’entreprise Tadoussac Autrement, un créneau qu’elle souhaite développer dans le futur.

Ce nouveau projet entre dans la volonté de l’entreprise de se doter d’un premier produit dont elle détiendrait l’entière propriété. En effet, Coupesag œuvrait au départ à la fabrication de sous-ensembles, sur plans et devis, pour des clients dans différents marchés, mais ne fabriquait pas ses propres produits.

« Le maritime, on le couvrait déjà un peu. On servait quelques chantiers, dont les gens de Groupe Océan, de Chantier Naval Forillon, pour la fourniture de sous-ensembles divers pour la construction de leurs navires. […] On avait déjà fait un navire en 2017, comme sous-traitant pour une firme d’architecture navale. […] Les gens de Tadoussac Autrement avaient approché Navanex pour faire une conception préliminaire et eux, nous connaissant et sachant nos capacités, nous ont fait signe. […] Il y a donc un client qui nous a fait confiance, qui a pris le risque que représente la construction d’un premier navire avec une première ingénierie. On s’est mis tous les trois ensembles : Coupesag comme maître d’œuvre, Navanex comme firme d’architecture navale et Tadoussac Autrement comme client-utilisateur », raconte Steeve Charest, directeur des opérations.

C’est donc à partir des besoins de l’entreprise touristique proposant des croisières et excursions personnalisées dans la baie de Tadoussac et le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent que Coupesag, en collaboration avec Navanex, a développé le navire. « C’est vraiment nous qui faisons le lien direct avec le client. »

Sept emplois

Le navire de Tadoussac Autrement est actuellement en construction dans une usine à La Baie, propriété du groupe englobant Coupesag, PCP Aluminium et Précicast. Le projet a généré la création de sept nouveaux emplois au sein de l’entreprise, qui emploie un total de 75 personnes.

La coque et la structure du bateau de 47 pieds par 14 pieds sont presque terminées. Le navire partira ensuite pour la peinture, puis les travailleurs de Coupesag y installeront les différents équipements, sièges, structure vitrée pour l’observation, etc. Le bateau doit être livré au client au printemps 2022.

Un choix logique

Le choix du secteur maritime pour entamer la diversification de Coupesag s’est fait assez naturellement. Ce créneau combinait plusieurs aspects intéressants, soit un marché déjà connu, la possibilité de développer un produit, la transformation du métal en feuilles et l’utilisation de l’aluminium. « Si ça avait été pour fabriquer des coques en acier, on ne serait probablement pas là. Coupesag fait partie d’un groupe avec PCP Aluminium, qui fait de la deuxième transformation d’aluminium. Ça fait en sorte qu’on a accès à une certaine partie de leur contenu d’aluminium qu’on est capables d’utiliser. On vient donc utiliser les capacités d’une entité du groupe », explique M. Charest.

Le directeur des opérations précise également qu’au fil des ans, l’aluminium a pris une proportion plus grande dans la production de Coupesag que l’acier. « Grossièrement, on a environ un 50 % de transformation d’aluminium, 30 % à 35 % d’acier et un 15 % à 20 % d’acier inoxydable. »

La conception et la construction d’un navire permettent aussi à l’entreprise d’alimenter son atelier de découpe, pliage et transformation de métal en feuilles. « Dans un navire comme celui-là, il y a les sept emplois impliqués dans la construction directe du bateau, mais il y a aussi toutes les activités de découpe, de pliage et de soudage de petits sous-ensembles à notre atelier du 1720 de Laforge. […] On se sert nous-mêmes. Il y a la partie architecture navale qu’on sous-traite, certaines parties d’usinage, mais le contenu découpe, pliage, soudage, c’est 100 % du Coupesag. »

Une gamme complète de navires en développement

La collaboration avec la firme d’architecture navale Navanex de Gaspé pour le bateau de Tadoussac Autrement a débouché sur une nouvelle phase pour Coupesag, qui travaille maintenant au développement d’une gamme complète de navires. L’entreprise deviendrait ainsi le seul constructeur naval dans la région.

La conception de cette gamme représente un investissement de 150 000 $. À cela s’ajoute l’établissement dans l’usine de La Baie, soit un montant d’environ 75 000 $ à 100 000 $. « On vient de débuter ce projet de conception de gamme de navires avec Navanex. L’objectif, c’est de concevoir une gamme de 35 à 100 passagers, en passant par 50 et 75. À partir de cette gamme, on veut établir la construction de navires à temps plein à l’intérieur de notre usine », affirme Steeve Charest, directeur des opérations de l’entreprise.

Pour ce projet, Coupesag a reçu l’aide de la Société de la Vallée de l’aluminium (SVA), de même que celle du Créneau Ressources, sciences et technologies marines (RSTM). Le développement de la gamme a débuté et avance tranquillement.

« Notre objectif premier, c’est de terminer la construction que nous avons actuellement. Navanex a amorcé des travaux préliminaires pour commencer à définir la gamme, valider les réglementations, définir aussi les éléments visuels. » Les navires développés dans le cadre de ce partenariat sont des bateaux d’excursion côtière. L’entente entre les deux entreprises prévoit une utilisation bipartite des produits. « Toute la partie signature visuelle de la coque va appartenir à Coupesag. Tout ce qui est coque, performance, ce qui est sous l’eau, si on peut dire, peut être réutilisé par Navanex aussi », note M. Charest.

Produire à l’avance

L’objectif est d’obtenir une gamme suffisamment standardisée pour être capable de produire à l’avance. « Une fois le navire de Tadoussac Autrement terminé, on entre en chantier sur une deuxième coque, qui n’est pas vendue actuellement. On répète la coque qu’on vient de faire. Notre pari, c’est que quand le bateau va entrer en opération, un deuxième client va signifier de l’intérêt pour acquérir celle qui sera en construction. Nous, ce qu’on aimerait, c’est de ne pas avoir d’interruption dans la construction de ces navires », explique le directeur des opérations.

Générer de la croissance

L’idée derrière cette diversification est d’augmenter les marges bénéficiaires de l’entreprise. Ce choix permet aussi de générer une croissance d’affaires au niveau de l’unité de l’entreprise située à Chicoutimi. « En 20 ans d’existence, nous avons toujours servi une centaine de clients, avec toutes sortes de requis et d’exigences, autant de qualité, de logistique, d’approvisionnement. Avoir un produit-propriétaire nous permet de sortir un peu de ce créneau-là et d’aller chercher des marges bénéficiaires plus importantes », souligne-t-il, précisant que cela permettrait à l’entreprise de se démarquer des 80 à 100 autres commerces du même type à travers le Québec.

À terme, les gestionnaires de Coupesag souhaiteraient générer avec ce projet des retombées pour tous les membres de leur groupe d’entreprises, qui regroupe également PCP Aluminium et Précicast. En plus de Coupesag, PCP Aluminium retire actuellement des bénéfices de la construction du bateau en aluminium pour Tadoussac Autrement.

De nouvelles connaissances

Se lancer dans le développement de navires a nécessité certaines connaissances que l’entreprise ne possédait pas au départ. « Principalement, les connaissances qu’on a dû aller chercher sont en lien avec les réglementations de Transport Canada et les différentes sociétés de classification. Ça, ça ne faisait pas partie de notre quotidien. C’est pour ça que, pour nous, avoir des gens comme Navanex avec nous dans ce projet vient nous aider à parfaire ces connaissances-là. Ils ont un très bon bagage d’expérience là-dedans et nous aident beaucoup », indique Steeve Charest.

Du côté technique, c’est surtout le démarrage de la coque sur un gabarit de départ qui a représenté un défi différent avec la construction du navire de Tadoussac Autrement, puisque le reste de la construction fait appel à des connaissances que l’équipe possédait déjà. « Toutefois, on a l’habitude de faire des assemblages mécaniques de petite et moyenne dimension. C’est certain que de faire une pièce mécano-soudée de cette envergure-là a pu également représenter un défi pour nos travailleurs. »

Plan d’investissement en cours

En parallèle de ses projets dans le maritime, Coupesag réalise par ailleurs un plan d’investissement dans son atelier du 1720 de Laforge à Chicoutimi. Elle fait actuellement l’installation d’un robot-soudeur et d’un équipement de pliage automatisé, un projet d’un million de dollars. « C’est lié au désir d’automatisation des procédés chez Coupesag pour conserver la compétitivité et accroître nos parts de marché », conclut le directeur des opérations. Rappelons que l’entreprise avait réalisé, en 2017 des investissements de 2,25 M$ pour l’automatisation d’une partie de ses opérations de découpe.

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