N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Économie durable, l’importance d’une économie verte et responsable ! » publié dans notre édition du mois de mars.

 

ALMA – Les signaux du marché sont de plus en plus en nombreux à démontrer que des opportunités d’affaires sont associées aux initiatives de développement durable (DD) en entreprise. Même en temps de crise sanitaire, les grandes organisations dotées de stratégies de responsabilité sociale affichent une meilleure rentabilité. Un message à retenir, selon Catherine Dufour Rannou, conseillère en développement durable au Centre québécois de développement durable (CQDD).

En effet, amorcer une démarche de développement durable ou adopter des pratiques d’affaires écoresponsables se traduit par un positionnement stratégique pour les PME qui entendent entretenir des liens d’affaires avec ces grandes entreprises, plus performantes et durables. « On constate trois signaux du marché qui incitent les PME à entreprendre une démarche en DD et en pratiques d’affaires écoresponsables. Il s’agit des attentes croissantes des consommateurs, les nouvelles attentes des grands acheteurs et des grands donneurs d’ordres, ainsi que les nouvelles attentes de la main-d’œuvre au Québec par rapport au développement durable », mentionne Catherine Dufour Rannou.

La consommation responsable en hausse

Selon la conseillère en DD, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à être prêts à payer plus cher pour des produits ou des services qui sont écoresponsables ou qui ont des pratiques d’affaires écoresponsables. « C’est un phénomène observé partout sur la planète et qui s’accélère. Les chiffres de différentes études le prouvent. Au Québec, par exemple, une des références qu’on regarde beaucoup, c’est le baromètre de la consommation responsable ESG-UQAM. Dans le 11e baromètre de 2020, on relève que 86,4 % des consommateurs trouvent important d’acheter des produits fabriqués au Québec afin d’être solidaires avec entreprises locales. C’est une augmentation de 18,1 % depuis la dernière Vigie COVID-19 publiée six mois plus tôt, soit en juin 2020. C’est un signal pour les PME, car les consommateurs sont prêts à payer un peu plus, si celles-ci sont plus responsables, plus engagées, réinvestissent dans la région, s’améliorent par rapport à la gestion des matières résiduelles, regardent plus en profondeur leurs chaînes d’approvisionnement, les ramènent plus localement, etc. », précise Mme Dufour Rannou.

Intégration de critères de DD

De leurs côtés, les grands donneurs d’ordre sont de plus en plus nombreux à intégrer des critères de DD dans le choix de leurs produits et/ou de leurs fournisseurs. Selon le baromètre sur l’achat responsable de 2016 réalisé par l’ECPAR (Espace de concertation sur les pratiques d’approvisionnement responsable), 90 % des 76 organisations canadiennes qui ont participé à cette étude pratiquent l’achat responsable. Parmi celles-ci, 46 % ont déclaré que l’intégration totale du DD à leurs pratiques d’achat est un objectif de priorisation de leurs achats.

« Ça indique que le fait d’être une PME qui se positionne comme une entreprise engagée, qui fait une démarche, a un plan d’action, une politique de DD lui donne une longueur d’avance sur ses concurrents qui n’en n’ont pas pour consolider ses relations d’affaires avec ses clients actuels ou pour aller chercher de nouveaux segments de marché et de nouveaux clients engagés dans ce sens. Je lève d’ailleurs toujours le drapeau aux PME que j’accompagne pour que les bottines suivent les babines. Il vaut mieux être modeste et réaliste que de faire semblant que l’on a fait quelque chose et que ce n’est pas le cas. De plus en plus de gros joueurs ou de donneurs d’ordres ont des grilles d’évaluation pour leurs fournisseurs », prévient la conseillère en DD.

Nouvelles attentes de la main-d’œuvre au Québec

Le troisième signal du marché énoncé par Catherine Dufour Rannou concerne les nouvelles attentes de la main-d’œuvre au Québec. En effet, le fait d’adopter des pratiques de DD et d’être engagée comme PME serait un atout pour attirer les nouvelles générations d’employés et les nouveaux talents qui sont de plus en plus conscientisés, en plus d’assurer la rétention de ceux déjà en place.

« Le portrait 360 sur les aspirations de la main-d’œuvre au Québec publié en 2020 par le CPMT en collaboration avec Léger, relève, parmi les cinq grands constats qui sont liés à la rareté de la main-d’œuvre, l’importance maintenant accordée à la responsabilité sociale, au bilan environnement ainsi qu’au bilan éthique d’un employeur. Ainsi, selon les résultats de ce sondage, pour 85 % de la main-d’œuvre sondée, la responsabilité sociale de l’employeur ou du futur employeur est importante, alors que le bilan éthique est tout aussi important pour 83 % des répondants, comparativement à 71 % pour le bilan environnemental. Quelque 98 % des jeunes âgés de 15 à 17 ans veulent vivre selon leurs valeurs sur le marché du travail et 91 % de ceux-ci veulent protéger l’environnement. Ces données sont parlantes. J’en parle aussi aux entrepreneurs que j’accompagne pour qu’ils fassent la promotion de leurs engagements dans les offres d’emploi ainsi que lors des entrevues. Ils devraient aussi avoir une section sur leur site Internet pour y inscrire notamment leur politique et leurs réalisations. »