N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Le secteur forestier en changement, publié dans notre édition du mois d'avril.
ROBERVAL – Selon le président d’Alliance Forêt Boréale (AFB), Yannick Baillargeon, les importants feux de forêt de 2023 ont été un électrochoc menant à des réflexions non seulement sur les enjeux climatiques, mais également sur les façons d’améliorer l’ensemble de la filière forestière pour la rendre plus résiliente.
« On se demande comment on peut aménager de meilleure façon la forêt. Le Forestier en chef lui-même dit qu’il y a des solutions pour le futur. […] C’est essentiel de réfléchir à comment on peut soutenir la filière et les communautés qui en dépendent. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur 49 municipalités, nous en avons 23 qui sont monoindustrielles forestières. Il faut tout mettre en place pour assurer leur pérennité », affirme M. Baillargeon.
Alliance Forêt Boréale, qui regroupe des élus représentant les communautés forestières du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, estime qu’il est nécessaire de revoir la gouvernance du régime forestier. « Il faut rapprocher le pouvoir décisionnel du territoire. Nous avons besoin de gens imputables sur le terrain, près des communautés, pour prendre les décisions. On ne peut pas faire du mur-à-mur à travers le Québec. […] La direction générale doit venir du gouvernement, mais on peut s’assurer de répondre à cette vision en tenant compte des spécificités régionales », fait valoir le président de l’organisme.
Une volonté
Au cours des dernières années, les représentants d’AFB ont effectué plusieurs interventions auprès du gouvernement pour lui demander d’investir dans la forêt, de décentraliser la gestion et de revoir le régime forestier. À la suite des feux de forêt records de l’été 2023, ils avaient aussi réclamé un réinvestissement massif en sylviculture, afin de reboiser les superficies brûlées.
Leurs revendications semblent finalement avoir été entendues, puisque des sommes ont été prévues dans la mise à jour économique de novembre et d’autres ont été débloquées dans le budget 2024. « Ce sont deux bons points qui avancent. On est encore loin de la coupe aux lèvres, mais on sent la volonté du gouvernement », indique Yannick Baillargeon.
Selon lui, il est essentiel de réinvestir en sylviculture et de mettre les gens au travail rapidement afin de limiter les impacts à long terme de l’été 2023. « Il ne faut pas perdre trop de temps. On ne peut pas tout reboiser en un an. C’est environ 10 % de ce qui a été brûlé qu’on va reboiser chaque année. Les pépinières sont capables de produire les plants, mais ça va prendre des ressources pour les mettre en terre aussi. C’est sûr que ça ajoute une pression sur ce domaine », mentionne-t-il.
Tables de réflexion
Alliance Forêt Boréale se réjouit aussi de la tenue des Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt, organisées par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts jusqu’au 12 avril. « Nous avons participé à ces tables. Il y a beaucoup de choses qui ont été apportées. C’était très intéressant », souligne M. Baillargeon.
Selon le ministère, les résultats de ces discussions permettront d’élaborer une vision commune et de déterminer des solutions d’avenir pour optimiser la gestion des forêts du Québec, notamment pour favoriser l’adaptation aux changements climatiques et pour assurer la pérennité de la forêt. « Je pense que le gouvernement a maintenant tout en main pour rendre le secteur forestier plus résilient et pérenne », croit le président d’AFB.
Planification stratégique
L’organisme vient d’amorcer les travaux pour définir sa nouvelle planification stratégique. « C’est vraiment ce qui va dicter nos prochaines actions. Nous devrions dévoiler les orientations stratégiques, desquelles vont découler nos objectifs, au cours des mois à venir », précise Yannick Baillargeon.
L’équipe d’AFB œuvre aussi sur des activités pour 2024, mais le président ne peut en révéler plus pour le moment.
Rappelons qu’Alliance Forêt Boréale, créée en 2014, se veut un point de rencontre des communautés et des travailleurs de l’industrie forestière du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Elle a pour but de promouvoir le développement lié à l’exploitation durable de la forêt boréale. « Nous sommes un regroupement d’élus à la défense des communautés forestières. C’est leur vitalité économique qui nous intéresse », conclut M. Baillargeon.