Auteur

Carol Néron

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : La forêt, porteuse d'avenir publié dans notre édition du mois d'avril.

SAGUENAY – Le métier de bûcheron et la définition rattachée à ce type de travail ont considérablement évolué au fil des années. La hache et la sciotte, associées traditionnellement à l’image de ce travailleur de la forêt, font désormais partie du folklore québécois.

« Jusque dans les années 70, ceux qui, selon l’expression populaire, allaient “travailler dans le bois”, étaient des “mal pris” dans l’esprit de pas mal de gens de cette époque. Les bûcherons n’avaient pas d’autre choix », illustre David Boivin, directeur des Ressources humaines à la Coopérative forestière Petit Paris de Saint-Ludger-de-Milot. Au Québec, le travail de bûcheron était considéré, à tort, comme un « sous métier » qui exigeait surtout des muscles et une formation générale réduite à sa plus simple expression. Ce n’est plus le cas de nos jours, heureusement, même si cette activité professionnelle demande toujours de ceux qui la pratiquent beaucoup d’effort. Aujourd’hui, les métiers de la forêt regroupent une quinzaine de spécialités qui vont de l’ingénierie à la mécanique industrielle en passant par la sylviculture, l’opération de machinerie lourde et l’estimation des récoltes.

Travailleur et entrepreneur

En tant que fournisseur de services pour la grande entreprise ou des propriétaires de lots privés, le travailleur forestier est aussi un entrepreneur. Dans ce dernier cas, cependant, celui qui se risque à emprunter cette voie doit assumer de gros risques financiers, ainsi que le démontre, exemples à l’appui, M. Boivin. « En 2022 seulement, le coût moyen pour s’équiper d’un « kit » de machinerie lourde de base, composé d’une abatteuse et d’un transporteur, a augmenté de 22 %. Il faut donc parler d’un investissement de départ de plus de 1,2 million $. Il y a encore des gens qui tentent le coup même s’ils sont moins nombreux qu’auparavant. Ceux qui opèrent aujourd’hui en forêt sont dans le domaine depuis plusieurs années ou c’est parce qu’ils ont pris la relève de l’entreprise familiale. C’était plus facile de se lancer en affaires quand l’argent avait encore de la valeur. »

Impact économique

Par ailleurs, la forêt et ceux qui en vivent sont indissociables de l’économie de la région, rappelle Promotion Saguenay. L’organisme précise que « le Saguenay fournit 20 % de l’exploitation québécoise. Cette récolte se compose de 81 % de résineux et 19 % de bois franc. De manière générale, la région constitue la plus importante réserve de bois du Québec. Son industrie forestière compte 500 entreprises actives, dont neuf importantes œuvrant en première transformation. »

Exemple à suivre

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la gestion éclairée du parterre forestier dans l’optique du développement durable a eu raison d’un autre mythe, celui de la déforestation. À ce sujet, David Boivin parle de son expérience personnelle. « Les pratiques de notre industrie forestière sont un bel exemple de développement durable : l’arbre récolté est vivant, mais, ensuite, on reboise. Les forêts repoussent. On ne fait pas de l’extraction. On fait vraiment de l’aménagement forestier. Il n’y a pas plus écologique que nous. Notre forêt est un jardin très bien entretenu. Je suis un forestier dans ce qu’il y a de plus profond en raison de mes racines familiales. J’ai commencé dans les années 70 avec mon père. C’est possible de concilier récolte, aménagement forestier et aires protégées. »

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