SAGUENAY – Même si la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean reste une région où le bois d’œuvre représente une masse économique importante, Carl Grenier, chargé de cours à l’Université de Laval, prévoit encore une baisse dans les commandes du papier journal d’ici les prochaines années.

L’Association forestière du Saguenay–Lac-Saint-Jean avait invité Carl Grenier pour donner une conférence sur le bois d’œuvre. Avec le titre « Avancer debout ou périr à genoux ? », le conférencier a estimé qu’il avait joué la carte de la provocation, mais si en fin de compte, la fin de l’âge d’or du papier journal est aujourd’hui, derrière nous.

Durant 45 minutes et ce, devant Richard Garneau, président et chef de la direction de Résolu ; Jacques Asselin, maire de La Doré ; Lawrence Potvin, maire de Métabetchouan-Lac-à-la-Croix ; Karine Trudel, députée de Jonquière ou encore du maire de Saguenay, Jean Tremblay, Carl Grenier a indiqué que depuis 2008, la consommation américaine de bois d’œuvre correspond à sa production annuelle canadienne. Par ailleurs, le chargé de cours a souligné à plusieurs reprises que les entreprises devaient investir dans les nouvelles technologies.

Depuis 2012, la tendance est à la baisse pour les pâtes et papiers, pourtant les scieries semblent être en meilleures formes économiquement. « Il faut savoir que 75 % de notre production s’en va aux États-Unis, ce qui représente plus de 37 % pour PIB au Canada », a-t-il mentionné.

Alors que Barack Obama sera en visite à Ottawa en juin prochain, Carl Grenier a souligné que le bois d’œuvre sera au menu dans les différentes discussions entre les deux chefs d’État. « Le Québec voudra cueillir le fruit de sa nouvelle politique forestière, en étant exclu des restrictions d’un accord restreignant l’accès au marché américain, tandis que la Colombie-Britannique souhaite un accord négocié comportant des options, mais avec la possibilité d’une taxe à l’exportation ».

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean ?

Greenpeace s’attaque sans retenue contre PFR Résolu depuis de nombreux mois. Pour Carl Grenier, les groupes environnementaux font partie du paysage et de la société civile. « On ne peut pas penser que ces gens-là vont disparaitre. Pas du tout. Ils jouent un rôle et sur le plan de la concurrence internationale, si Greenpeace est plus actif ici qu’aux États-Unis, il y a un problème. Il faut que le terrain de jeu soit égal des deux côtés », a-t-il exprimé en entrevue à InformeAffaires.com.

Revenant sur l’avenir du papier journal, le conférencier a souligné que la tendance est mondiale et que la population fait face à un changement technologique avec la transition du journal version en papier en version numérique. « Je ne vois pas comment cette tendance pourrait s’inverser dans les prochaines années. C’est un changement mondial et donc il faut s’ajuster et ce n’est pas du tout facile. La consommation diminue de 7 % par année. Tous les producteurs sont avec le même problème, la baisse de la consommation du papier journal ».

Richard Garneau

Le président et chef de la direction de PFR Résolu a écouté attentivement la conférence. « C’est exactement notre réalité face à Résolu. Il a exposé de façon très claire et précise les difficultés que nous avons avec le commerce international et le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis. Même si nous gagnons au niveau légal, malheureusement le niveau politique ne suit pas. J’espère que nous allons pouvoir trouver un moyen pour le Québec avec le nouveau régime forestier pour avoir accès au marché américain contrairement à la Colombie-Britannique qui est le seul marché auquel nous pouvons avoir accès au Québec », a-t-il commenté à InformeAffaires.com.

Allant sur la même lancée que le conférencier, Richard Garneau pense que l’âge d’or du papier journal est derrière nous. « Je ne pense pas que nous allons revoir les belles années du papier journal comme durant les années 80 ou 90. L’âge d’or c’est derrière nous, c’est du passé et nous avons passé à une nouvelle technologie, mais il va toujours y avoir du papier que ce soit pour écrire ou prendre des notes. Nous ne sommes pas rendus dans une société sans papier », a-t-il conclu.