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Maxime Hébert-Lévesque

ALMA – Les gestionnaires de l’entreprise almatoise Produits Boréal (PB) spécialisée dans la conception et la vente de maisons préfabriquées visent l’expansion chez nos voisins canadiens en planifiant la construction prochaine d’une nouvelle usine de production. En effet, le bâtiment devrait prendre forme dans le nord de l’Ontario d’ici 2024 et consolider les emplois de la firme au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

« Le nord de l’Ontario est une place où l’économie est en mouvement et où il y a un potentiel de croissance pour les entreprises comme la nôtre. D’ailleurs, le centre de transformation que nous comptons construire dans la région de Sturgeon Falls se consacrera exclusivement au marché ontarien. Pour l’instant, nous ne connaissons pas exactement la date à laquelle les travaux débuteront. L’emplacement géographique n’est pas encore déterminé et la règlementation est différente en Ontario qu’au Québec concernant la construction. Il y a plusieurs détails à finaliser, mais nous sommes assez avancés dans le projet pour annoncer que le chantier devrait débuter à l’automne 2023 ou au printemps 2024 », explique Audrey Coulombe, directrice générale adjointe de Produits Boréal. Le projet représenterait un investissement avoisinant les cinq millions de dollars. Ce qui serait le plus important montant débourser par l’entreprise depuis sa fondation en 2012 par les frères Girard. « Nous pensons créer au moins une vingtaine d’emplois permanents dans ce coin du pays. »

Consolidation d’emplois

Bien que la nouvelle usine ait des impacts économiques principalement en Ontario et sa population, l’annonce de l’investissement signifie également une bonne nouvelle pour les travailleurs almatois. « Les principales forêts de pins blancs, l’essence utilisée pour la fabrication de notre technologie de blocs emboitables, sont situées dans le nord de l’Ontario et dans l’est des États-Unis. Il a été observé par notre équipe que notre croissance dépendrait de la facilité d’accès à la matière première. Nous avons de très bons fournisseurs au Québec, mais nos besoins augmentent et en ouvrant une usine au pied des forêts de pins blancs, nous mettons toutes les chances de notre côté. De plus, le centre de transformation sera autonome pour une partie des activités, mais l’étape du collage continuera de se faire à Alma. Cela signifie une augmentation de l’ouvrage pour notre équipe du SLSJ. Le département du service à la clientèle demeura également à Alma », précise Mme Coulombe.

Il est à noter que l’épinette noire, une essence abondante au Québec et principalement au SLSJ, présente des propriétés mécaniques comparables à celles du pin blanc. Toutefois, en raison de son taux d’humidité élevé et de sa sève abondante l’épinette n’est pas esthétiquement appropriée pour la construction du type de produit qu’offre PB.

Caractéristiques techniques

La technologie développée par PB et nommée Thermolog consiste en des blocs composés de quatre planches de pins entourant une matière isolante. Chaque bloc peut mesurer de huit à douze pieds et est emboitable. Cela permet la fabrication d’une maison en rappelant vaguement le principe d’un jeu Lego. L’entreprise almatoise livre donc à sa clientèle le plan pour assembler le bâtiment, l’ensemble des blocs requis et les structures pour la fabrication du toit. L’acheteur peut alors s’autoconstruire en suivant les indications fournies par PB ou encore débourser pour le service de construction. « Nous nous occupons de la coquille seulement. C’est au client par la suite d’embaucher un plombier, un électricien ou un entrepreneur général pour monter la structure. »

Développement durable

L’équipe de Produits Boréal étudie actuellement une manière d’augmenter ses actions écoresponsables. « Le bilan écologique d’une entreprise est un aspect important et nous avons à cœur d’augmenter le nôtre. Nous nous penchons sur un moyen de réutiliser nos rebuts. La fabrication des Thermolog génère beaucoup de copeaux de bois. Ceux-ci, malheureusement, ne se classent pas pour les papetières. L’idée est donc d’en faire du matériel agricole. En effet, un projet sera en cours dès l’an prochain pour vérifier leur potentiel comme litière animale », conclut Audrey Coulombe.

Planifier la relève 20 ans d’avance

« Produits Boréal, en date d’aujourd’hui, c’est 225 employés en incluant le personnel de nos divisions de métallurgie et des portes et fenêtres, c’est également deux usines sur la rue de la technologie à Alma et ce sont des infrastructures localisées en Estrie et sur la Rive-Nord de Montréal. Nous sommes en croissance et nous évoluons dans un marché en ébullition. La compétition est présente et nos concurrents sont des joueurs importants comme les Maisons Bonneville. Au cours de l’année 2020, durant la pandémie, l’équipe à la direction a réalisé qu’en période d’incertitude, il était préférable de jouer plusieurs coups à l’avance, autrement dit, être prévoyant », explique Audrey Coulombe, directrice générale adjointe de Produits Boréal.

Les gestionnaires en sont venus à la conclusion qu’il fallait dans un premier temps optimiser la rétention à l’emploi des acteurs clés de l’entreprise et dans un deuxième temps assurer la pérennité de celle-ci pour les 20 prochaines années. « La solution s’est imposée d’elle-même : ouvrir l’actionnariat. »

Consolider les acquis

La vision pour les copropriétaires de PB est d’introduire de trois à cinq nouveaux actionnaires chaque année, et ce, sur une période de cinq ans. « Évidemment, l’actionnariat n’est pas ouvert à tout le monde. Nous avons élaboré quelques critères pour les employés désireux d’acquérir des actions participantes doivent remplir. Nous approchons essentiellement des individus qui occupent des postes clés au sein de la PME. Cette année, ce sont trois employés qui se joignent au cercle des dix copropriétaires : Guy Girard, Mario Lapointe et Pierre-Luc Lépine. Trois personnes qui sont avec nous depuis un moment et qui apportent une valeur ajoutée à l’entreprise. Par exemple, M. Lépine est notre directeur adjoint aux ventes, consolider son emploi nous assure un bon fonctionnement de ce département », souligne Mme Coulombe.

Demeurer régional

Pour les dirigeants de PB, l’appartenance à la région est importante. Bien que l’entreprise soit active sur l’ensemble du territoire québécois et qu’elle possède plus qu’un bâtiment administratif, son siège social demeure à Alma. « C’est sans prétention qu’on peut avancer que d’ici 20 ans, au moment où les actionnaires majoritaires prendront leur retraite, la valeur de l’entreprise sera élevée. Si on suppose que la firme dépassera la centaine de millions de dollars, il y aura peu d’acheteurs qualifiés dans la région pour l’acquérir. Il y a de fortes chances qu’un consortium étranger soit l’unique repreneur potentiel. Or, ce n’est pas ce qu’on désire. Nous voulons que PB demeure régionale et québécoise. En ouvrant l’actionnariat dès maintenant à une relève, nous préparons les repreneurs de demain », explique Audrey Coulombe qui conclut en précisant qu’un programme de rachat d’action non participante est en cours et ouvert à un plus large regroupement de travailleurs. Cela permettrait aux employés d’acquérir des parties de l’entreprise sans débourser des sommes considérables.

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