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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Alors que l’enveloppe extérieure du bâtiment de l’usine pilote de biocarbone d’Elkem Métal est terminée et que la finition intérieure devrait être livrée fin mai, l’entreprise a débuté le recrutement des 10 à 15 employés qui formeront l’équipe.

« On a déjà recruté deux à trois personnes et on en recrute deux autres pour les prochaines semaines. Ensuite, on ouvrira probablement près d’une dizaine de postes. […] On commence par recruter des gens plus techniques pour le côté recherche et développement, un docteur en chimie, un technicien au baccalauréat en chimie… Ensuite on va chercher des opérateurs et des techniciens », indique le directeur général du projet, Jean Villeneuve.

Un potentiel de 4 000 tonnes

L’usine pilote est conçue pour la production annuelle de 3 000 tonnes de biocarbone. L’équipe prévoit qu’elle sera en opération cinq jours par semaine, 24 heures sur 24. Elle pourrait toutefois atteindre un potentiel de 4 000 tonnes par an, si les opérations s’effectuent en continu, sept jours sur sept. « On fait l’usine pilote pour tester le procédé, mais aussi pour produire le matériel, donc le biocarbone, pour faire les tests dans nos fours. Selon les besoins que nous aurons pour réaliser ces tests, on pourrait avoir une demande plus élevée pour le matériel », explique M. Villeneuve.

Remplacer le charbon minéral

Ces tests seront effectués dans les fours locaux de l’entreprise, mais aussi dans ceux de ses usines en Norvège. Le but ultime est de remplacer le charbon minéral utilisé dans les usines d’Elkem afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Si on prend l’usine de Chicoutimi, par exemple, c’est 100 000 tonnes de GES que nous produisons annuellement. Si on remplace le charbon par le biocarbone, c’est 100 000 tonnes de GES que nous évitons », souligne-t-il. Le biocarbone émet des GES également, mais comme il provient de résidus de bois, qui ont capté du CO2 pendant la croissance de l’arbre et qui en auraient émis en pourrissant ou en étant brûlés, ce qui permet d’obtenir une certaine carboneutralité. « On calcule qu’une usine qui produit 40 000 tonnes de biocarbone permettra de réduire nos émissions de GES de 100 000 tonnes », précise le directeur général.

Mise en marche à l’automne

Avec la livraison du bâtiment à la fin mai, Jean Villeneuve prévoit pouvoir installer les équipements au cours de l’été et pouvoir entamer la mise en marche de l’usine dès cet automne. La production débutera quant à elle en janvier 2022. M. Villeneuve estime qu’il faudra environ un an pour effectuer les tests du matériel dans les fours et confirmer les résultats obtenus en laboratoire. « On a besoin de caractéristiques très spécifiques pour aller dans nos fours et aussi d’un coût de production assez bas pour compétitionner le charbon », mentionne-t-il.

Une fois cette étape franchie, on pourrait voir la première usine « pleine grandeur », d’une capacité de production de 40 000 tonnes par an, voir le jour vers la fin 2024. Elkem souhaite construire, à terme, un total de quatre usines pour répondre à ses besoins. D’autres usines pourraient toutefois voir le jour puisque le biocarbone d’Elkem pourrait répondre aux besoins d’autres utilisateurs industriels. Jean Villeneuve souhaite que la première soit implantée au Québec, mais cela dépendra de plusieurs facteurs.

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