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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le groupe Fusium, qui inclut Fonderie Saguenay et TMA, a fait l’acquisition de Fonderie BSL de Rimouski. La transaction, effectuée le 1er novembre, consolide sa position de leader en matière de pièces coulées métalliques de courtes et moyennes séries.

Cet achat permet à Fusium d’ajouter un autre alliage à son offre, puisque Fonderie BSL se spécialise dans les séries d’acier, dont l’acier inoxydable et l’acier hautement allié. La division Fonderie Saguenay se concentre sur la fonte, tandis que TMA, basée à Trois-Rivières, produit des pièces en aluminium et en magnésium. « Nous pouvons ainsi toucher à plus d’industries. Nous avions aussi des clients communs. Certains nous demandaient des alliages que nous ne faisions pas, donc nous devions les référer, et c’était la même chose pour Fonderie BSL. Nous sommes maintenant capables de les offrir », indique Philippe Dubuc, président et directeur général de Fusium, actionnaire avec Alexandre Rouleau.

L’entrepreneur explique que plusieurs entreprises s’affichent comme étant en mesure de réaliser n’importe quel projet en matière de pièces moulées métalliques, sans en avoir véritablement la capacité. « Nous, c’est vraiment concret. Nous avons trois usines physiques qui produisent localement », assure-t-il. Chaque division possède ainsi son expertise propre.

L’autre intérêt de l’acquisition pour le groupe est la possibilité de créer des synergies entre ses différentes divisions. « Nous pouvons utiliser la même force de vente. Nous combinons les meilleures pratiques d’affaires de chaque entité pour poursuivre notre progression. »

Une opportunité

C’est le départ à la retraite d’un actionnaire de Fonderie BSL qui a créé l’opportunité d’acheter pour Fusium, dont le siège social se trouve à Saguenay. « L’autre partenaire se retrouvait seul et il y avait une bonne expansion de l’entreprise. Il y avait des défis techniques pour le savoir-faire et la gestion administrative, donc il nous a approchés dans ce sens-là au départ. Au fil des discussions, nous avons déterminé qu’il serait plus pertinent pour nous d’acquérir », précise M. Dubuc.

Fusium a ainsi racheté toutes les actions de Fonderie BSL, mais l’ancien propriétaire est demeuré à titre de gestionnaire de l’usine, qui poursuit ses activités à partir de Rimouski. « Nous sommes maintenant en déploiement pour la transition. Nous nous familiarisons avec leurs opérations et nous implantons nos outils. Notre équipe de vente s’approprie aussi les détails des produits de BSL. »

Recrutement

L’intégration de l’entreprise rimouskoise porte à 90 le nombre d’employés de Fusium. Le groupe est toujours en recrutement, puisque ses gestionnaires souhaiteraient augmenter leurs effectifs de 10 à 15 %. « Pour assurer la croissance, le défi, c’est notre capacité de recruter de nouveaux travailleurs. Notre force, ce sont nos gens et notre savoir-faire », affirme Philippe Dubuc.

La PME met d’ailleurs beaucoup d’efforts à développer l’expertise de son équipe. « Nous mettons beaucoup d’énergie et d’argent sur la formation de nos gens. Nous avons même un système de gestion de l’apprentissage (Moodle) en ligne de nos formations internes. Nous plaçons beaucoup l’accent sur la passation des connaissances. […] Nous aimons développer des fondeurs. […] C’est ce qui fait qu’on se démarque », souligne le PDG.

Comme plusieurs employeurs, Fusium s’est aussi tournée vers le recrutement international pour combler des besoins en main-d’œuvre. Cinq travailleurs d’origine tunisienne œuvrent chez Fonderie Saguenay depuis plusieurs années et ont
maintenant obtenu leur résidence permanente. Cinq autres sont attendus au cours des prochains mois. Chez Fonderie BSL, deux membres de l’équipe sont natifs du Brésil. « C’est Immigration Québec qui nous accompagne pour le recrutement en Tunisie et jusqu’à présent, nous avons connu de beaux succès », conclut M. Dubuc.

L’entreprise se démarque aussi à l’international

SAGUENAY – Avec trois usines au Québec et l’expertise dans différents alliages, le groupe Fusium a tous les outils en main pour poursuivre son développement à l’international.

Selon le PDG de la PME, Philippe Dubuc, il y a de moins en moins de fonderies sur le marché nord-américain. « Les capacités en Amérique du Nord dans le secteur ont baissé au cours des 10 à 15 dernières années. Avec notre aptitude à offrir différents alliages, ça nous donne une grande force concurrentielle dans le marché », affirme-t-il, rappelant que Fusium travaille avec la fonte (Fonderie Saguenay), l’aluminium et le magnésium (TMA) et l’acier (Fonderie BSL).

Le groupe est reconnu comme un leader dans le domaine du moulage au sable pour son savoir-faire en matière de pièces complexes et de courtes séries. « Nous avons l’expertise technique. Nous sommes appréciés pour notre fiabilité, notre qualité et notre interprétation des besoins des clients. Nous sommes souvent recommandés à l’échelle locale et internationale », mentionne M. Dubuc.

Se positionner

Si Fonderie Saguenay est née afin de fournir les alumineries, ce marché ne représente plus que 30 % du chiffre d’affaires de Fusium. L’entreprise dessert maintenant des industries diverses, allant du traitement minier à l’aéronautique, en passant par l’automobile, les pompes et l’énergétique. « Nous n’avons pas de catalogue de pièces, nous produisons toujours sur mesure. Le client va nous demander une pièce avec ses dessins et ses spécifications », précise le PDG.

Afin de se positionner sur les marchés internationaux, les dirigeants de Fusium ont effectué une réflexion stratégique. Celle-ci les a menés à opter pour le développement d’industries, comme les mines ou l’automobile, plutôt que de zones géographiques. « Nous avons regardé les types de produit que nous pouvions réaliser pour chaque marché. Ensuite, nous avons repéré où ces marchés se trouvent à travers le monde », explique Philippe Dubuc.

Le territoire couvert par l’entreprise est donc immense, avec une équipe de ventes relativement réduite. « Nous misons beaucoup sur la stratégie numérique. Nous nous déplaçons également pour des salons et des expositions spécialisés, mais ça se passe beaucoup par Internet. »

Expansion

Actuellement, le Canada représente 50 % du chiffre d’affaires de Fusium, tandis que les États-Unis comptent pour 30 %. Le 20 % restant est réparti ailleurs dans le monde, dont les Émirats arabes unis, l’Australie et l’Islande. M. Dubuc souhaite prendre encore plus d’expansion à l’international au cours des prochaines années.

« C’est vraiment dans ces marchés que nous pourrons avoir de la croissance. Au Canada et au Québec, il y a de nouveaux clients, mais c’est souvent en remplacement de certains qui ferment ou d’autres qui ont trouvé des solutions différentes », note-t-il.

Développer le métier

Pour l’homme d’affaires, il est essentiel de demeurer à la fine pointe au niveau technique. « Nous aimons développer notre métier de fondeur. Nous sommes très pointus dans ce que nous faisons. »

C’est ainsi que l’entreprise a investi un million de dollars en 2016 afin de créer une modèlerie. Ce département assure la conception et la fabrication des modèles de moules au sable et emploie des ingénieurs, des techniciens et des modeleurs. « L’objectif, c’était d’aller chercher le savoir-faire. Ce sont des connaissances qui se perdent graduellement dans le marché et nous voulions maîtriser cette étape-là. »

L’implantation de la modèlerie lui permet de se démarquer encore plus auprès des clients. « C’est majeur. C’est un enjeu dans l’industrie. Les clients qui ont l’habitude d’acheter des pièces moulées métalliques comprennent assez rapidement l’intérêt quand nous leur présentons notre façon de faire », assure Philippe Dubuc.

Industrie 4.0

Fusium a également investi dans les technologies 4.0, depuis de nombreuses années. « Nous sommes très forts là-dessus depuis toujours. Même quand mon père était propriétaire, c’était aussi dans son ADN. »

Elle a notamment développé un système de gestion intégrée (ERP), qu’elle fait évoluer au fil de ses besoins. Celui-ci permet d’assurer que toutes les opérations, de la demande du client jusqu’à l’expédition et au suivi, sont administrées de façon intégrée. « À ça se greffent des capteurs dans les usines, la gestion des communications et des finances, etc. Nous sommes très actifs pour automatiser et analyser tout ça de manière efficace », conclut M. Dubuc.

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