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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Ayant récemment complété un processus de relève, l’entreprise de construction et d’ébénisterie Habitalogik a investi plus de 750 000 $ depuis un an pour la mise à jour d’équipements et l’agrandissement de ses infrastructures.

Deux projets en ce sens prennent principalement place cette année. Le premier, un investissement d’environ 200 000 $, consiste en l’élargissement par l’arrière du bâtiment d’Habitalogik dans le parc industriel Henri-Girard à Chicoutimi, afin d’ajouter un local de 1 800 pieds carrés.

Cet espace est destiné à l’entreprise de confection d’accessoires et vêtements de plein air Nopé, qui y installera sa manufacture et son entrepôt. Débutés en février, les travaux devaient se terminer vers la mi-avril.

Un second agrandissement de 1 400 pieds carrés est prévu à l’automne. Il prendra place sur le côté du bâtiment. « On ajoute de l’espace pour la division ébénisterie. Elle passera de près de 2 000 à 3 000 pieds carrés », précise Sébastien Jean, président d’Habitalogik, actionnaire avec son cousin Pierre-Luc Brassard.

Automatiser l’ébénisterie

Les autres investissements réalisés visent à automatiser certaines opérations de la division ébénisterie. « Elle existe depuis le début quand mon père a fondé l’entreprise. C’est toutefois un secteur où c’est très difficile de trouver des employés, ça prend des personnes très expérimentées. C’est aussi très long pour la fabrication. Nous étions devant un choix : moderniser l’atelier ou fermer. Nous avons décidé de moderniser », explique M. Jean.

L’entreprise a donc acquis, il y a un an, une plaqueuse de chants, machine qui permet de coller les chants qui masquent les bords visibles des panneaux d’un meuble. Il s’agit d’un investissement de 100 000 $.

L’achat d’une machine de découpe numérique CNC et d’équipements reliés a également été prévu afin de faciliter et accélérer la tâche des travailleurs. Ceux-ci, totalisant 250 000 $, entreront en fonction vers le mois de janvier 2023. « Nous sommes en train de passer à l’ère numérique. »

Nouvel actionnaire

En plus de la modernisation de l’atelier d’ébénisterie, les actionnaires d’Habitalogik étaient devant un autre défi pour assurer l’avenir de cette division. « Mon père avait une expertise dans l’ébénisterie. Mon cousin et moi n’avons pas toutes les connaissances qu’il possède dans ce domaine. Avec son départ à la retraite en décembre, nous ne nous sentions pas tout à fait outillés pour gérer le département », raconte le président de l’entreprise.

Les deux hommes d’affaires ont donc choisi de s’associer à l’un de leurs employés de longue date en ébénisterie, Benjamin Roy, pour créer une nouvelle entité spécifiquement pour ce créneau. Très expérimenté, M. Roy deviendra actionnaire de la nouvelle entreprise créée aux côtés de MM. Jean et Brassard. Il assurera la gestion quotidienne de l’ébénisterie. Le projet devrait se concrétiser vers la fin septembre 2022.

Une relève familiale en douceur

C’est en 2018 que les deux cousins sont officiellement devenus propriétaires de l’entreprise, mais le fondateur a continué à leur transmettre ses connaissances. Cette relève sécurise une vingtaine d’emplois. « Nous avons eu la chance que mon père reste avec nous encore quelques années. Il nous a bien préparés pour sa retraite. Nous sommes prêts à affronter les défis ! », affirme Sébastien Jean, président et actionnaire majoritaire.

Un chemin naturel

« Mon père a fondé Habitalogik en 1988 et je suis né cette année-là. J’ai donc grandi en même temps que l’entreprise. Elle a fait partie de mon quotidien et j’ai baigné là-dedans pendant plusieurs années », raconte M. Jean, qui a rejoint l’entreprise comme apprenti menuisier après avoir fait son cours en Technologie du génie civil au cégep.

C’est après sa première année comme compagnon, en 2012, que son père lui a offert de devenir actionnaire. En 2013, Pierre-Luc Brassard s’est joint à eux. « Au début, j’étais surtout sur les chantiers, puis j’ai commencé à effectuer des tâches de gestion de plus en plus. En 2018, mon père était prêt à vendre ses parts », mentionne Sébastien Jean.

Transition progressive

Le processus s’est relativement bien passé, même si, selon le jeune entrepreneur, reprendre une entreprise déjà en place n’est pas forcément plus évident que d’en fonder une. « Nous faisons nos premiers pas avec un bateau qui est déjà gros. Heureusement, mon père nous a laissé beaucoup de place. La transition a été lente, mais assez rapide en même temps », souligne-t-il.

L’un des points les plus difficiles pour la transition a été qu’au fil du temps, les trois repreneurs avaient développé leurs propres clients. « Chacun faisait l’estimation, la gestion de projet et la facturation pour ses clients. Ça a été le plus gros problème à résoudre pour la transition et le départ de mon père. Là, nous nous sommes structurés avec un vendeur, un estimateur et un gérant de projet. »

Pendant le processus de relève, Sébastien Jean a également décidé de s’inscrire à l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB) afin d’acquérir de nouvelles compétences, en plus de réfléchir et valider sa démarche. « Oui, l’entreprise existait déjà et allait dans une direction assez fixe, mais moi, j’ai envie d’avoir aussi le plaisir de développer des choses comme entrepreneur. J’avais besoin d’un peu d’accompagnement pour me sécuriser et me donner confiance pour diriger l’entreprise de la façon dont je souhaite le faire. […] La formule de l’EEB est vraiment adéquate pour ma situation. Nous avons de l’accompagnement de qualité et de bons coachs. Il y a presque autant de repreneurs que de fondateurs dans ma cohorte. Nous vivons les mêmes enjeux », explique-t-il.

Nouvelle entreprise

Parmi les nouveaux projets, Sébastien Jean et Pierre-Luc Brassard ont lancé, récemment, une nouvelle entreprise dans le domaine de l’immobilier : les Immeubles Habitalogik. « Nous avons acheté un premier bâtiment résidentiel sur le boulevard Saint-Paul pour le reconvertir en immeuble commercial que nous offrirons en location. Nous avons obtenu les autorisations. Nous démolissons le bâtiment pour en reconstruire un neuf », résume M. Jean.

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