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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Il y a eu près de 52 000 transferts de petites et moyennes entreprises actives avec employés (PMEAE) au Québec entre 2015 et 2021, selon la première étude nationale sur le repreneuriat dévoilée récemment par le Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ). Et le phénomène tend à s’accélérer en 2021.

Quelque 8 600 changements de propriétaire-dirigeant primaire ont été dénombrés en 2021, soit une augmentation de 32,1 %. « Il y a eu une forte accélération durant la dernière année du cycle. Nous nous attendons aussi à une hausse en 2022-2023 », indique le président-directeur général du CTEQ, Alexandre Ollive. Une mise à jour avec les chiffres de 2022 est prévue cet automne, ce qui permettra de confirmer si cette tendance se maintient.

L’enquête, qui repose sur l’implantation d’une base de données regroupant plus de 180 000 entreprises, confirme également que les retombées financières et économiques du repreneuriat sont désormais proportionnellement plus importantes chaque année que celles de la création de nouvelles sociétés. « À partir de 2021, on constate qu’il y a plus d’entreprises qui se transfèrent qu’il ne s’en crée. Tous les indices corroborent un début de vague qu’on attendait, mais qui se concrétise. Ça démontre que le repreneuriat est essentiel pour notre produit intérieur brut (PIB) et pour notre richesse collective », affirme M. Ollive.

En effet, entre 2015 et 2021, les changements de propriétaire-dirigeant primaire ont affecté jusqu’à 26 milliards (G) de dollars chaque année. Seulement pour 2021, le chiffre d’affaires de ces PME représentait en moyenne 4,8 M$, pour plus de 41 G$ de revenus et 33 G$ d’actifs. Les entreprises touchées par un transfert lors de cette année employaient près de 137 000 personnes, soit 3 % de l’emploi total du Québec.

Les intentions se concrétisent

L’étude a également pu mesurer l’écart entre les volontés de transferts déclarées et la réalisation du projet. Selon les informations recueillies, ce seraient 91 % des entrepreneurs ayant manifesté leur intention de passer le flambeau qui agissent. « On peut donc faire l’hypothèse que les mêmes chiffres peuvent se transposer des intentions à l’action dans les prochaines années. La mise à jour que nous ferons cet automne devrait nous permettre de voir si cette hypothèse se poursuit », mentionne le PDG du CTEQ.

Selon les données de Statistique Canada, 9,0 % des PME du secteur privé au Québec, ce qui représente environ 24 000 PME, envisagent de vendre ou de transférer dans l’année à venir. « Ce que cette étude démontre, c’est qu’on a une capacité d’évaluer de façon précise l’impact du repreneuriat, mais aussi la nécessité de bien se préparer. […] Il y a une réflexion à faire, étant donné qu’il devrait y avoir une forte vague. Ça exige de l’accompagnement, des services, des experts, des outils de financement adapté. Et ça, ça ne peut pas être juste un partenaire. C’est tout l’écosystème qui doit être impliqué. Le rôle de tous est essentiel, parce que le volume est important », estime Alexandre Ollive.

Plus performantes

L’étude nationale révèle finalement que les PME ayant subi un transfert de propriété figurent parmi les plus performantes au Québec. Elles affichaient en 2021 des revenus annuels moyens de 4,8 M$, soit 9,2 fois plus que ceux générés par les entreprises nouvellement créées.

« Les entreprises qui se transfèrent sont évidemment les plus intéressantes, qui ont de bons bailleurs de fonds, qui ont une activité, qui sont compétitives. Le transfert permet aussi une évolution. Quand on vient de finir un cycle de vie avec un propriétaire-dirigeant, l’organisation a besoin d’innovation, d’une nouvelle vision, etc. Le repreneuriat assure ça. Il bâtit sur des acquis pour consolider une croissance », conclut M. Ollive.

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