N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Le transport, un service vital publié dans notre édition du mois de septembre.
SAGUENAY – Les compagnies de transport du Saguenay–Lac-Saint-Jean n’ont pas été épargnées par les nombreuses ruptures dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des composantes électroniques et des pièces mécaniques qui ont frappé leur industrie en 2021 et 2022.
Ces ruptures ont commencé à se manifester un peu avant la pandémie. Heureusement, alors que la plupart des observateurs ne s’attendaient pas à un retour à la normale avant 2024, la situation a commencé à se résorber pour se stabiliser tout à fait il y a tout juste quelques mois.
Pour Dominic Tremblay, directeur du département des pièces chez Camions Avantage, qui compte quatre succursales Western Star et Freighliner dans la région, le pire est désormais derrière l’industrie. « Il y a encore quelques délais, mais ils sont normaux, le bon temps est de retour. On peut même dire que nous nous en sommes bien sortis ».
Son collègue, Dominique Pageau, contremaître au Centre du camion Pro-Cam de Chicoutimi, est du même avis. « En ce qui nous concerne, les problèmes reliés à l’approvisionnement font aussi partie du passé ».
Enfin, Alain Corneau, directeur des opérations chez Transcol de Jonquière, mentionne que les délais de livraison pour des camions neufs sont revenus à la normale et qu’il est de même pour les pièces et les composantes électroniques.
Deux poids, deux mesures
La crise a donné des maux de tête aux grandes entreprises de transport, mais elle s’est transformée en migraine pour des petits transporteurs, illustre Dominic Tremblay.
« Un camionneur qui travaille à son compte et qui ne recevait pas sa commande à temps devait forcément rester immobilisé. Il se retrouvait vite dans une situation financière précaire à moins de pouvoir compter au moins sur un deuxième véhicule pour honorer ses contrats de livraison et c’était loin d’être toujours le cas. Des travailleurs autonomes ont été carrément pris de court pendant cette période critique. Les propriétaires de grosses flottes avaient la possibilité de remplacer une pièce électronique ou mécanique défectueuse en en prélevant une semblable en bon état sur un autre véhicule qui n’était pas en service. Cela leur permettait de faire face aux délais sans trop de dommages ».
Gérer la chaîne d’approvisionnement
Des voix s’élèvent au Québec pour que des mesures soient prises afin d’assurer une gestion plus efficace de la chaîne d’approvisionnement mondiale en composantes électroniques en temps de crise.
La politique "Just in time", appliquée depuis les 40 dernières années dans tous les secteurs de l’économie, est devenue moins fiable, estiment les experts. Cette gestion très serrée des approvisionnements a démontré ses grandes faiblesses dans la foulée des confinements pendant la pandémie. Ses conséquences, en particulier sur la productivité, ont donné des résultats catastrophiques en Asie, en Europe, ainsi qu’au Moyen-Orient. Les États-Unis et le Canada n’ont pas été épargnés. La crise était mondiale.
Défis et perspectives
Selon une récente étude de la Division fédérale de l’économie, des ressources et des affaires internationales, la plupart des entreprises du secteur du camionnage et de la logistique ont licencié des employés en raison de la pandémie. Les chauffeurs ont été les plus affectés.
« De nombreuses entreprises de transport ont dû réévaluer leurs façons de faire pendant la pandémie. Elles doivent maintenant s’ajuster à la réalité postpandémie afin d’assurer le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement et la sécurité de leurs employés. Le secteur du transport et de la logistique est en train de subir de profonds changements technologiques et fait face à une pénurie de main-d’œuvre. Il pourrait manquer jusqu’à 25 000 conducteurs en 2025 dans cette industrie. Une stratégie de valorisation de ce métier, notamment auprès des femmes, pourrait aider à pourvoir les postes vacants ».