Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Le transport, un service vital publié dans notre édition du mois de septembre.

SAGUENAY – Le métier de camionneur-livreur, souvent lié au permis de conduire de classe 3, fait présentement partie des mal aimés. En proie à une forte pénurie de main-d’œuvre, il est toutefois un maillon essentiel de la structure économique actuelle.

« On ne peut pas livrer partout avec des 53 pieds. La plupart de la livraison locale dans les entreprises est effectuée par des camionneurs-livreurs de classe 3. Ce sont eux qui alimentent nos petites industries régionales. S’ils ne sont plus là, demain matin, ce sont plusieurs secteurs qui subiront un impact. On peut penser à toutes les commandes en ligne de particuliers aussi », indique Caroline Girard, directrice générale de Transcol.

Le travail d’un camionneur-livreur est donc essentiel. Toutefois, pour exercer ce métier, il ne s’agit pas seulement d’avoir un permis de conduire de la bonne classe. Il faut savoir s’organiser, gérer la logistique de sa remorque afin de s’assurer d’être efficace et d’éviter les bris. « Moi, je fais la tête du lac Saint-Jean. Il faut que je planifie mon trajet et la façon de placer les choses dans ma remorque pour ne pas avoir à retourner sur mes pas. Ça prend une bonne planification! Les clients reviennent régulièrement, mais ce n’est pas toujours la même marchandise. C’est un emploi qui demande d’être autonome et débrouillard », illustre Mario Larouche, camionneur depuis 17 ans et à l’emploi de Transcol depuis 2011.

Il y a également tout l’aspect du service à la clientèle qui n’est pas à négliger. « Le chauffeur nous représente auprès du client. Le sourire, les façons de faire professionnelles sont importants. C’est vraiment un métier avec plusieurs facettes », rappelle Mme Girard.

Conditions intéressantes

Pour la plupart, les emplois de camionneur-livreur sont liés à des horaires de jour du lundi au vendredi. Transcol a d’ailleurs organisé ses trajets pour s’assurer que ses chauffeurs sont de retour vers 16 h 30-17 h. « Ce sont des horaires plaisants. Ça permet d’avoir une vie sociale aussi. Il y a des gens qui ont leur classe 1, qui n’aiment pas partir à la semaine et qui choisissent finalement la classe 3 », souligne la directrice générale de l’entreprise.

C’est d’ailleurs ce qui a poussé M. Larouche à quitter le domaine du déménagement pour rejoindre Transcol. « Je faisais des routes partout à travers le Canada, d’un océan à l’autre en déménagement. Je partais plusieurs jours. J’ai eu mon premier enfant en 2009 et mon deuxième en 2011. Je voulais être là pour ma famille et revenir à la maison. Je commence à 7 h le matin et je suis de retour le soir », raconte-t-il.

Autre point positif selon Mario Larouche : le métier de camionneur-livreur demande de bouger. « Nous pouvons gérer environ 25 clients. Nous débarquons souvent du camion. Ça tient en forme !", lance-t-il. Le fait de travailler régulièrement avec les mêmes clients permet aussi de développer une belle relation avec eux. "Les employés créent une certaine vie sociale entre eux. Le matin, tout le monde est là, se charge. Ils jasent entre eux. Il y a moins de solitude qu’un chauffeur longue distance par exemple », affirme Caroline Girard.

À revaloriser

Madame Girard estime qu’il est impératif de revaloriser le métier. « C’est une profession essentielle. Il faut que les marchandises se rendent dans les entreprises. C’est la dernière ligne qui va approvisionner les industries de la région.»

La directrice générale cible principalement les jeunes, mais également les femmes, qui sont plus nombreuses à exercer ce travail. Selon elle, ces emplois peuvent être très pertinents pour des jeunes qui n’ont pas forcément envie d’aller au cégep ou pour qui l’école a été plus difficile. « Avec l’assurance, ça demande normalement 25 ans, mais avec notre école, nous pouvons avoir des gens qui sont un peu plus jeunes. Ça peut être une belle avenue avec un salaire intéressant et des conditions attrayantes. C’est un métier physique, qui permet de se garder en forme aussi », fait-elle valoir.

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