SAGUENAY – En 60 ans, on peut dire que le Groupe Intercaren a fait, du chemin ! Fondée en 1959 par Georges Gilbert, l’entreprise familiale fait sa marque depuis six décennies sur les routes du nord-est du Québec dans le domaine du transport interurbain, scolaire, adapté, collectif et médical.
Le président du conseil d’administration, Jasmin Gilbert, et son fils Hugo, président du Groupe Intercar, ont fait leur entrée au sein de l’entreprise de la même façon, soit sur le tas, notamment à titre laveur de véhicules et chauffeur d’autobus, le premier en 1968, suivi par la relève, 27 ans plus tard.
« En 1975, mon père a fait l’acquisition d’Autocar Fournier, qui desservait Jonquière et le Lac-Saint-Jean. Il m’a délégué pour la prise de possession de cette entreprise située à Jonquière pour ensuite me demander de s’en occuper. Il préférait rester au bureau d’Autobus Laterrière. Après avoir fait mes classes pendant quatre ans, c’est là que j’ai commencé à faire des acquisitions. Je pense ici aux Autobus à Dolbeau et Roberval en 1979, à la portion d’Autocar Fournier qui opérait Québec-Alma-Dolbeau en 1985, au trajet Jonquière-Chicoutimi-Québec et Québec-Baie-Comeau de Voyageur en 1990, le transport scolaire et adapté en 1998, plus précisément la grosse acquisition de Scobus et ses 110 autobus scolaires et nolisés répartis à Chicoutimi, Jonquière et La Baie en 2000. Quand Hugo est sorti de l’école en 1995, je préférais qu’il fasse son apprentissage avec d’autres que moi, son père, et il a fait ses classes pendant 10 ans à Québec », raconte le paternel.
Nouveaux services
Tout au cours de ces années, Intercar a diversifié sa gamme de services. En plus du secteur traditionnel du transport interurbain, scolaire et de location, ont été développé les domaines du transport adapté, médical et collectif. Aujourd’hui, l’entreprise compte sur une flotte de 375 véhicules et génère un chiffre d’affaires de 38 M$, alors qu’il était de 300 000$, il y a 60 ans.
« Depuis deux ans, nous avons ajouté le transport collectif pour les communautés un peu plus éloignées. Par exemple, la MRC de La Jacques-Cartier qui dessert la région de Stoneham a besoin de huit autobus chaque matin pour transporter des citoyens jusqu’au territoire desservi par le réseau de la Société de transport de la Capitale (STC) à Québec. Quant au transport médical acheté il y a trois ans, ce service s’adresse aux personnes nécessitant des soins, devant effectuer des examens de santé ou recevoir des traitements ou ayant besoin d’un transport accompagné, mais non urgent. Ce service représente annuellement plus de 6 500 prises en charge. L’ajout de nouveaux services comme ceux-ci viennent du fait que nos secteurs traditionnels se sont endurcis, sont à maturité et pour certains en déclin comme le transport interurbain », précise Hugo Gilbert dont l’entreprise fait aussi sa marque dans le transport d’équipes sportives dont celles des Saguenéens, des Remparts et du Drakkar de la LHJMQ.
Le Groupe Intercar compte 450 employés au Saguenay-Lac-Saint-Jean (65 % des effectifs), sur la Côte-Nord et à Québec. Les prochaines années n’excluent pas d’autres acquisitions, mais la priorité est de maintenir les acquis et les amener à un autre niveau. « Avec la maturité des secteurs et tout ce qui s’est développé au Québec, c’est dur aujourd’hui de procéder à des acquisitions parce que c’est tellement consolidé en grosses entreprises que les transactions sont rendues difficiles. Toutefois, si nous avons l’opportunité d’en faire une proche de notre territoire, nous serons là. Mais notre objectif est de chercher la productivité à l’interne de l’entreprise et se préparer pour les prochaines décennies », de laisser tomber Jasmin et Hugo Gilbert.
En attendant des autobus électriques plus autonomes
Pour améliorer leur rendement énergétique et financier, les dirigeants du Groupe Intercar ont fait l’essai de quelques autobus scolaires électriques pendant un mois l’automne dernier. Malheureusement, le test n’a pas été concluant en raison du manque d’autonomie, selon Jasmin et Hugo Gilbert.
« L’autonomie est d’environ 140 km et notre circuit est de 200. Entre chaque sortie, matin, midi et l’après-midi, le temps de recharge n’est pas assez long. On s’est donc tourné du côté des véhicules au propane. Nous en avons neuf, et nous allons en acquérir 10 autres l’an prochain. Ces autobus consomment un peu plus qu’un véhicule standard, mais le coût du litre du propane est moitié moins cher que celui du diésel. En plus d’être moins polluant, il y a une économie au niveau du litre et l’entretien mécanique est également très simple. Il faut faire attention, toutefois, à la fluctuation du prix du propane et nous avons bon espoir que l’électrique s’améliore. »
Virage informatique
L’entreprise jonquiéroise se met également au goût du jour avec d’importants investissements informatiques avec leur site Web transactionnel et les systèmes centralisés de gestion. « Depuis trois ans, on essaie d’avoir une entreprise vraiment tournée vers les nouvelles technologies. La création du site Web transactionnel a permis de vendre pour 1,5 M$ de billets l’an dernier. Maintenant, on a nos colis 100 % transactionnel, et les clients peuvent les suivre. Jamais je n’aurais pensé un jour devoir embaucher deux techniciens informatiques. Nous en avons un à temps plein pour gérer notre site web, et un autre pour le support à l’implantation de notre parc informatique dans les terminus », signale Hugo Gilbert qui peut toujours compter sur sa tante Jocelyne qui est en charge de l’administration du business.
Transport en commun
Pour le futur, les Gilbert croient que de belles occasions vont se dessiner au cours des prochaines années. Ils visent particulièrement le transport en commun, tout comme leurs partenaires de la Fédération des transporteurs privés. « On sait que les STS coûtent très chers aux villes et au gouvernement et l’achalandage est souvent faible à l’extérieur des grands centres. On pense qu’on pourrait être une option à ces sociétés pour la sous-traitance de certains circuits. Pourquoi ne pas tenter, tranquillement, d’intégrer le transport privé sur les routes de la STS? C’est notre grosse bataille des prochaines années et une solution d’économie pour les municipalités et le gouvernement dans le transport urbain. »
Enfin, Hugo Gilbert croit bien qu’il y aura de la relève pour la 4e génération de Gilbert dans l’entreprise familiale. « J’ai deux fils de 12 et 10 ans. Samuel a déjà commencé à travailler comme laveur d’autobus l’été dernier et il veut revenir cette année. Il faut dire qu’ils ont grandi dans une famille entrepreneuriale où les discussions les fins de semaine tournent autour de l’entreprise et des autobus. Ils baignent là-dedans. Qu’est-ce que ça va donner plus tard ? Je ne le sais pas, mais je peux dire qu’ils vont avoir le choix de prendre l’entreprise s’ils ont du bon sens…! »
Groupe Intercar en chiffres
170 000 : Nombre de passager sur les services interurbains
10 000 : Nombre d’élèves transportés chaque matin dans les écoles
4 500 : Nombre de voyages nolisées annuellement
15 M : Nombre de kilomètres parcourus annuellement
375 : Nombre de véhicules
6 500 : Nombre de personnes prises en charge par le transport médical
38 M$ : Chiffre d’affaires annuel
1,5 M$ : Montant perçu par la vente de billets sur le site Web l’an dernier