Dominique Savard
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Dominique Savard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Le Transport : un actif stratégique pour la région », publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – À l’exception du marché des bateaux croisières, Port de Saguenayne connaît pas de diminution d’achalandage dans ses installations, malgré la crise provoquée par la pandémie de la COVID-19. Reconnu comme un service essentiel, le transport maritime de marchandises poursuit ses activités dans un contexte particulier de mesures de prévention sanitaire.

« À titre de port régional, on sert principalement les industries de l’aluminium, de la métallurgie, de la forêt, et ces dernières ont poursuivi leurs opérations. Il a fallu s’adapter, mais nous maintenons nos activités et le trafic de marchandises se maintient », souligne le directeur général de Port de Saguenay, Carl Laberge. Le DG avoue que le secteur de ses activités qui est le plus touché est celui des croisières, avec l’interdiction de recevoir des navires jusqu’au mois de juillet.

« Nous n’avons pas de contrôle là-dessus. Les revenus dans ce secteur comptent pour 15 à 20 %, alors que pour l’achalandage, ça représente 50 % du nombre de bateaux visiteurs. Évidemment, ces données seront valides sont s’il n’y a pas de saison du tout de bateaux croisières. En ce qui concerne le transport de marchandises, il n’y a pas vraiment de variation jusqu’ici, mais nous sommes tôt dans l’année après seulement quatre mois. La situation peut changer. On est aussi solide que nos clients. »

De l’argent privé pour la relance

Carl Laberge demeure confiant dans la relance économique régionale de l’après COVID-19 dans la conjoncture où il y a de grands projets qui ont été développés au cours des dernières années. « Certains, comme BlackRock et Arianne Phosphate, ont obtenu les autorisations nécessaires, alors que GNL était en voie de passer les audiences publiques. Nous avons actuellement, à Grande-Anse, en comptant ces projets-là, pour 16 milliards de dollars d’investissements privés pratiquement sur une tablette et qui sont prêts à démarrer. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean peut avoir un rôle très important à jouer dans la relance économique au niveau québécois et canadien parce que ces projets sont prêts et aussi parce qu’ils sont privés. On investit actuellement beaucoup d’argent public pour soutenir les entreprises et les citoyens, mais tantôt il va falloir le rembourser. On va avoir besoin d’argent privé », affirme M. Laberge.

Le DG ajoute que, tout dernièrement, le décret de la conduite de gaz pour éventuellement alimenter BlackRock a également été autorisé. « Ça chemine tranquillement pour les projets d’infrastructures qui sont autour de cela de manière que, lorsqu’on sera sûr qu’un projet va aller de l’avant, les infrastructures de base vont venir avec. Juste cela, c’est 100 M$ d’investissements quand on compte la ligne électrique, la ligne de gaz et la ligne d’eau pour un projet comme BlackRock ou un autre projet industriel à Grande-Anse. Il va y avoir des fenêtres d’opportunités. Il n’y a pas beaucoup d’endroits au Canada où il y a autant de projets d’investissements différents, privés et de cette ampleur. Nous sommes privilégiés d’avoir cela. »

Le convoyeur incontournable

Du côté des projets d’investissement, celui d’un système de convoyeur demeure prioritaire pour l’administration portuaire. « C’est l’un des projets que l’on veut pousser beaucoup cette année. C’est une de nos priorités. Nous avons fait une demande
de financement auprès des gouvernements fédéral et provincial. C’est sûr que ce projet est rattaché à celui de BlackRock ou à un autre client important de volume de vrac. Ça pourrait être aussi du transport de vrac régulier avec un plus grand volume », mentionne M. Laberge en confirmant que ce convoyeur représente un investissement d’environ 60 M$.

En ce qui concerne le projet de prolongement de la ligne de quai, estimé à 50 M$, nécessaire pour être en mesure de transborder des charges plus lourdes que ne le permet l’actuelle infrastructure, le dossier est toujours en développement de façon à être prêt quand les volumes vont le justifier, confirme le DG.

Un premier vraquier de granules quitte pour l’Angleterre

Par ailleurs, Port de Saguenay a réalisé une grande première le 9 avril dernier alors qu’un premier vraquier chargé de granules de bois de l’entreprise Granule 777, propriété de Barrette-Chapais, a quitté le quai Marcel-Dionne à Grande-Anse en direction de l’Angleterre.

« Nous avons vécu cette première en pleine pandémie de COVID-19. Le navire, avec sa cargaison de 25 000 tonnes de granules, a rejoint sa destination le 22 avril. C’est une opération prévue aux deux mois, avec six ou sept bateaux par année. Le contrat avec l’Angleterre a pour but de remplacer le charbon par les granules de bois dans la production d’électricité. C’est une belle histoire », avoue le directeur général de Port de Saguenay, Carl Laberge.

Rappelons que Granule 777 a investi 6,8 M$ pour la construction de deux immenses dômes en béton et un convoyeur sur le site du terminal maritime de Grande-Anse. Les installations peuvent emmagasiner chacune
21 000 tonnes de granules industrielles. « Nous avons commencé aussi à faire des voyages pour Granules LG de Saint-Félicien, qui a fait construire pour sa part un entrepôt de 30 000 pieds carrés au montant de 2 M$, pour un type d’entreposage différent de celui de Granule 777. »

Trafic ferroviaire de Rio Tinto

L’année s’annonce également intéressante dans le trafic ferroviaire avec un bon début, toujours selon M. Laberge. « Nous avons déjà reçu plusieurs milliers de tonnes de marchandises qui sont entrées par chemin de fer et on s’attend à en avoir encore pas mal. Il s’agit de produits pour Rio Tinto et les industries régionales. Le trafic se fait dans les deux sens, autant pour les arrivées que pour les départs. »

Carl Laberge ajoute que, depuis la construction de la desserte ferroviaire en 2015, le trafic n’était pas très élevé, alors qu’il s’attend à une très bonne année cinq ans plus tard. « Je crois que c’est dû au fait que le client s’habitue de plus en plus à cette logistique-là. Il était habitué à entrer sa marchandise par camion et il fallait modifier la procédure pour utiliser le train. On n’a qu’à penser au chargement, par exemple. Il y a de gros entrepôts à l’entrée du site et le stock est acheminé au quai par camion. »

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