Auteur

Sophie Villeneuve

Les changements qui ont marqué notre monde au cours des dernières années nous font la preuve d’une chose : les vaches sacrées auxquelles on tenait si fermement ne sont plus intouchables. L’accès presque automatique à tout ce que l’on veut, quand on veut n’est plus aussi vrai qu’il l’a déjà été.

La rupture des chaînes d’approvisionnement nous force plus que jamais à aborder d’une manière plus créative notre accès alimentaire, à développer une forme de souveraineté en la matière, même si nous avons élu domicile tout près du 50e parallèle.

La souveraineté alimentaire s’appuie sur quelques piliers indissociables les uns des autres, mais plus fondamentaux selon la localisation géopolitique. J’insisterai davantage sur celui qui m’apparaît le plus pertinent afin d’alimenter (!) la présente réflexion.

Les besoins alimentaires des peuples sont la base. Leurs connaissances et compétences à cet effet doivent être parfaites. Même dans une société comme la nôtre où l’accès au savoir et aux outils est facile, rien ne doit être pris pour acquis. L’harmonie avec la nature doit être au cœur des démarches entreprises pour conserver une cohérence, mais surtout pour respecter la biodiversité et éviter des problèmes aux impacts encore inestimés. Les fournisseurs d’aliments et leur travail doivent être valorisés, les décisions doivent reposer sur les populations locales et le caractère sacré des aliments doit être considéré.

L’aspect proximité, soit la réduction de la distance entre les fournisseurs et les consommateurs, est l’élément qui m’intéresse le plus dans le contexte de cette chronique. C’est tout d’abord circonstanciel : nous vivons différents problèmes depuis la pandémie avec les chaînes d’approvisionnement, mais presque au même moment, Hydro-Québec a mis sur pied des tarifs préférentiels qui permettent aux agriculteurs audacieux de développer en serre des productions qu’il n’aurait même pas été imaginable de rêver en territoire boréal.

Dans un contexte de surplus énergétiques et afin de permettre à un maximum d’entreprises québécoises de contribuer à l’autonomie alimentaire, Hydro-Québec a réduit la facture à 5,59¢ par kilowattheure, ce qui permet aux producteurs en serre de diminuer leurs coûts en électricité d’environ 40 %. Ce tarif avantageux, qui avant 2020 était réservé aux grands producteurs, permet maintenant une diversification des productions, mais donne surtout plus de moyens et d’outils de succès aux petits producteurs.

Au Québec, grâce à ces facilitants, 34 000 tonnes supplémentaires de fruits et légumes de serre ont été commercialisées, ce qui représente une hausse de 81% par rapport à 2018, selon les chiffres du MAPAQ.

Voir les productions régionales et la diversité de produits offerts sur le territoire donne toutes les raisons du monde de se réjouir. Il faut que ça continue. Ça nous montre également que bien des possibilités existent pour peu que nous y mettions la créativité et l’audace.

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