SAGUENAY – La Scierie Girard de Shipshaw a fait office de pionnier dans l’industrie en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) il y a près de trois ans, avec la conversion à l’électricité de ses séchoirs à bois. Une première qui a, depuis, fait des petits à travers la province.
L’entreprise croit que l’utilisation de l’hydroélectricité est une avenue intéressante pour la réduction des émissions de GES dans l’industrie forestière québécoise. « Je pense que l’industrie va progressivement délaisser le gaz. […] Il y a une dizaine d’autres séchoirs à l’électricité qui se sont construits à travers le Québec depuis trois ans et il y a encore plusieurs projets dans les cartons », affirme Benoît Girard, président de la scierie.
Les séchoirs à bois sont généralement alimentés au propane ou à la biomasse, mais l’électricité représente maintenant une option intéressante au Québec, puisqu’elle est beaucoup moins polluante que le gaz.
« Comme nous n’avions pas une grosse puissance dans nos séchoirs, l’acquisition d’une chaudière pour la biomasse n’aurait pas été un projet réaliste pour nous. C’est toutefois une option intéressante pour les entreprises qui ont besoin de plus de puissance et qui réutilisent les écorces de leurs opérations. En revanche, pour de nouveaux projets ou l’augmentation de possibilités de séchage, par exemple, l’électricité devrait prendre la place du gaz », explique le président de la Scierie Girard.
5 000 tonnes en moins
Les six séchoirs à bois de l’entreprise fonctionnaient auparavant au propane. Leur conversion à l’électricité, un investissement de 3,1 M$, a permis de réduire ses émissions de GES de près de 5 000 tonnes d’équivalent CO2. « L’aspect environnemental, c’est la première chose qui nous a poussés à faire ce choix. C’est important. On veut faire le plus qu’on peut pour contribuer à minimiser les impacts sur la planète. »
Autre avantage substantiel, cela devait permettre à la scierie de réduire sa facture d’énergie d’environ 1 M$ annuellement, selon les prévisions évoquées lors de la mise en œuvre du projet. Cette réduction serait possiblement encore plus importante aujourd’hui avec la flambée des coûts des carburants fossiles qu’on connaît actuellement.
« Nous avions basé notre modèle d’affaires sur des coûts de propane de 40 cents le litre. Avec ça, nous coupions de moitié nos frais de chauffage. Aujourd’hui, je pense que le propane est rendu autour de 75 cents le litre [il tournait autour de 1 $ le litre en mars NDLR], alors nos coûts auraient explosé si nous utilisions toujours ce carburant », indique M. Girard.
Les prix de l’hydroélectricité sont beaucoup plus stables. La Scierie Girard bénéficie du programme Tarif de relance industrielle d’Hydro-Québec qui propose un tarif avantageux. « On utilise 7,5 MW pour les séchoirs. Nous avons un tarif avantageux, mais l’hiver, lors des périodes de pointe par grand froid, on va nous demander d’arrêter les séchoirs pour diriger l’électricité vers les besoins. »
Facile à utiliser
Benoît Girard rappelle qu’en plus d’une réduction des émissions de GES et de la stabilité des prix de cette énergie, les systèmes opérant à l’électricité offrent une grande fiabilité et une facilité d’utilisation et d’entretien. « C’est comme les plinthes électriques dans la maison. […] Ça donne une qualité de vie à nos opérateurs aussi, parce qu’il y a moins d’alarmes. Avec le propane, il y en avait souvent parce qu’il faut surveiller les fuites, des problèmes avec les brûleurs, etc. Après trois ans à l’hydroélectricité, tout fonctionne comme prévu, il n’y a pas de bris », conclut-il.