SAINT-HONORÉ – Si l’industrie de l’aéronautique a subi une période plus moribonde au début de l’an 2000, il s’agirait d’une situation totalement différente depuis quelques années selon le directeur du Centre québécois de formation aéronautique (CQFA) Steeve Noreau. Les pilotes formés par le programme public exclusif au Cégep de Chicoutimi ont un taux de placement de 100 % et leur cheminement au sein de cette industrie leur permet de gravir les échelons somme toute rapidement.
« Après le 11 septembre, inutile de préciser que les pilotes ont mangé leur pain noir. Les conditions étaient difficiles et les possibilités d’avenir étaient plus difficiles à entrevoir », raconte d’entrée de jeu Steeve Noreau. « Aujourd’hui, les plus récentes données montrent un taux de placement de 100 %. Ce qui veut dire que les pilotes qui veulent travailler dans le domaine ont de bonnes perspectives. Il faut dire que la demande est forte, surtout depuis la reprise des voyages après les restrictions pandémiques », relate le directeur.
Le pilotage d’aéronefs dépasse les avions de ligne, rappelle M. Noreau. À cet effet, les différents niveaux de services aériens subissent une demande croissante dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre qui ne les épargne pas.
Cheminement à plusieurs niveaux
« Auparavant, nous avions une bonne proportion d’étudiants-pilotes qui avaient des lettres d’intention de transporteurs régionaux comme Jazz Aviation. Maintenant, la progression est plus normale. C’est-à-dire qu’ils montent les échelons auprès d’entreprises de nolisement, ensuite les liaisons régionales et finalement auprès des compagnies aériennes nationales. Ça permet d’acquérir plus de bagages. Le cheminement est devenu plus normal depuis quelque temps », mentionne-t-il.
Il faut également rappeler que des étudiants se spécialisent dans la manœuvre d’hélicoptères et qu’il y a aussi une branche en pilotage de brousse. Encore une fois, dans ces deux domaines, les besoins en main-d’œuvre sont appréciables, ce qui permet aux diplômés de se placer dans leur domaine sans obstacle, selon les propos du directeur Noreau. « Et il ne faut pas oublier les compagnies minières qui ont besoin de pilotes. On y pense peu, mais ils ont des besoins pour la cartographie sismique, géomagnétique et ils ont des aéronefs qui sont similaires aux nôtres. Donc un pilote formé au CQFA se retrouve avec plusieurs voies de sortie et une progression rapide avec des salaires intéressants », ajoute-t-il.
Attirer plus d’étudiantes
Parmi les priorités identifiées par la direction du CQFA, il y a celles de faire graduer davantage de femmes pilotes afin de faire tomber la perception qu’il s’agit d’un métier typiquement masculin. « Nous voulons défaire l’étiquette qu’il s’agit d’un métier d’homme. L’an dernier, nous avons eu 13 filles admises parmi les 40 étudiants. Nous partons sur la prémisse que les filles, ça respecte les consignes et elles s’appliquent. Elles progressent bien et sont performantes. Pour nous, c’est indiscutable qu’elles feront de très bonnes pilotes », admet Steeve Noreau.
En plus de cet effort d’attractivité auprès de la gent féminine, l’équipe du CQFA a mis davantage d’énergie dans des régions moins visitées par l’institution d’enseignement dans le passé. C’est ainsi que la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et l’Outaouais figurent parmi les régions où le CQFA rayonne désormais. Lorsque questionné sur les demandes d’admission, le directeur précise qu’elles sont stables. « Nous recevons de 400 à 450 demandes annuellement, à l’exception d’environ 350 durant la pandémie. Le bassin d’étudiants est toujours aussi grand. Pour nous, c’est plus important d’avoir accès à une base d’étudiants stable que de gérer une décroissance. C’est donc dire que nos efforts de prospection de nouvelles régions rapportent », de conclure Steeve Noreau.
Mentionnons que le CQFA accueille annuellement 120 étudiants dans son pavillon aux abords de l’aéroport de Saint-Honoré, dont 90 % d’entre eux proviennent de l’extérieur du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Le programme collégial public exclusif au Cégep de Chicoutimi génère une soixantaine d’emplois.