SAGUENAY – L’ingrédient secret qui a influencé la décision d’Ubisoft de s’établir à Saguenay, ce sont les perspectives d’avenir dans le domaine technologique et la vision mise de l’avant par la communauté, a-t-on pu apprendre lors d’un panel de discussion tenu dans le cadre du congrès de l’Association des professionnels en développement économique du Québec (APDEQ) qui se déroulait à Saguenay du 3 au 5 octobre.
Selon Francis Baillet d’Ubisoft, il était essentiel que la région ou la ville où s’établirait l’entreprise ait des perspectives d’avenir et une vision installée depuis plusieurs années. S’il n’y avait pas eu d’entreprises startup en technologies, pas de chercheurs intéressés à développer les technologies, par exemple, cela aurait été plus difficile. « Il y a eu une vision. Ils se sont dit : on va investir dans ce secteur-là même si on n’a pas encore d’entreprise et on va les attirer. […] Cette vision-là doit être déjà implantée. On ne peut pas l’implanter lors de l’appel », a-t-il déclaré.
Deux autres critères ont joué un rôle clé dans l’établissement du studio de jeux vidéo à Saguenay. D’abord, l’UQAC et ses programmes en jeux vidéo, fournit une banque de talents disponibles pour le recrutement, dans un domaine où l’enjeux se trouve au niveau des ressources humaines. Le deuxième élément était la capacité d’attraction de Saguenay. « Il faut être capable d’attirer nos seniors à venir travailler dans la région », souligne M. Baillet.
Le rôle de l’accompagnement
Le rôle joué par les professionnels en développement économique de Promotion Saguenay, qui ont accompagné Ubisoft dans le processus à partir du moment où ils ont reçu son appel, a été souligné. Après avoir identifié les enjeux à considérer, ils ont réussi à réunir une quinzaine d’intervenants du milieu autour de la table afin de présenter les attraits de Saguenay à Ubisoft. « On a d’abord un rôle de catalyseur pour notre région. On est l’interlocuteur unique pour l’entreprise. On lui présente ce dont elle a besoin. […] On présente la ville sous son meilleur jour, les avantages concurrentiels, assez d’informations pour qu’elle puisse prendre une décision éclairée pour son implantation », indique Patrick Bérubé, directeur du développement commercial et services de l’organisme.
Selon lui, il est important que les professionnels en développement économique qui tentent d’attirer une entreprise chez eux demeurent authentiques dans ce qu’ils offrent. « Il faut présenter ce que nous sommes et ce que nous avons à offrir », estime-t-il. La mobilisation du milieu a aussi été mise de l’avant dans la réussite d’une telle « opération de séduction ». M. Baillet a d’ailleurs affirmé que la cohésion et la capacité à rallier les gens sont des atouts des développeurs économiques, laissant entendre qu’Ubisoft pourrait les appeler bientôt pour une prochaine implantation dans une région.
Occasion de réseauter
Outre le panel de discussion, le congrès de l’APDEQ a permis aux 135 professionnels présents de suivre des ateliers et conférences pour s’outiller notamment face aux défis et enjeux de chaque génération et dans leur rôle d’accompagnateur d’entrepreneurs et de communautés. Sous le thème L’art d’accompagner, l’évènement se voulait également une belle occasion de réseauter et de s’inspirer. « Chaque fois qu’on tient un congrès, on visite une région différente. Ça permet d’inspirer les développeurs économiques en voyant ce qui se fait dans une région pour pouvoir l’adapter dans la leur ou s’en inspirer pour leur propre territoire », mentionne le président sortant de l’APDEQ, Vincent Lecorne, qui terminait son mandat lors de l’AGA de l’association, le 5 octobre.
M. Lecorne souligne que le métier de professionnel en développement économique fait face à plusieurs défis, dont celui de développer les compétences de la relève et de maintenir un bon niveau, puisqu’il ne s’agit pas d’un ordre professionnel défini. Pour accompagner les organisations, l’APDEQ a notamment créé un document de référence contenant les compétences à développer dans ce métier et offre des formations à ses membres tout au long de l’année. L’association permet aussi à ses membres de se supporter entre eux. « Il y a une belle synergie au sein de l’APDEQ. Ce sont tous des gens qui se connaissent. C’est un métier exigeant et complexe. On a un réseau de 600 membres qui se tient et se maintient, que les professionnels peuvent solliciter à tout moment pour du support », conclut le président sortant.