SAGUENAY – Enjeu dans plusieurs secteurs de l’économie québécoise, la relève d’entreprise présente, dans l’industrie de la construction, plusieurs particularités. Celles-ci doivent être prises en compte dans le processus qui doit être planifié plusieurs années à l’avance.
« La construction, ce n’est pas pareil à un autre type d’entreprise, comme un commerce par exemple. Il y a des règles, des normes. Il faut connaître les différents métiers, les règlements, les lois, la santé et sécurité du travail, etc. », indique France Boivin, directrice générale de l’Association de la construction du Québec (ACQ) Saguenay–Lac-Saint-Jean.
La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) prend notamment en compte les antécédents judiciaires des dirigeants d’une entreprise avant de délivrer une licence. Celle-ci est octroyée aux personnes qui s’occupent de la gestion d’une entreprise de construction et est obligatoire pour exécuter des travaux de construction, sauf certaines exceptions.
Le cédant doit donc s’assurer de connaître son ou ses repreneurs, de bien évaluer ses forces et ses faiblesses. L’ACQ suggère de commencer à penser la relève au moins cinq ans à l’avance. « Ça prend au minimum un an pour les démarches, les examens. […] Sur plusieurs années, le cédant peut voir aller ses repreneurs. On suggère de leur donner un petit pourcentage des actions au départ, de voir comment ça se passe. S’ils sont plusieurs, on peut voir aussi comment ils travaillent ensemble », précise Mme Boivin.
Prévoir les répondants
La question des répondants pour les licences d’entrepreneur de la RBQ doit aussi être prise en compte. Pour obtenir ou maintenir ces licences, une ou des personnes de l’entreprise doivent agir comme répondant pour chacun des différents domaines de qualification, soit l’administration, la gestion de la sécurité sur les chantiers de construction, la gestion de projets et de chantiers et l’exécution de travaux de construction. Pour ce faire, le candidat doit passer un examen de la RBQ pour chaque domaine de qualification pour lequel il souhaite obtenir le titre de répondant.
Lorsque le cédant est le répondant pour un ou plusieurs de ces domaines de qualification, le repreneur doit donc passer les examens pour devenir lui-même répondant pour ces domaines avant le départ du cédant. « Il y a des gens qui se disent que ça fait 20 ans qu’ils sont dans le métier, que ce n’est pas un problème. Mais ça ne se fait pas comme ça. Ce n’est pas facile de passer cet examen. […] Il ne s’agit pas juste de gérer un projet. Il faut connaître les lois, la santé et la sécurité, les types de contrats, l’administration, les ressources humaines. […] Ce n’est pas toujours inné pour tout le monde de devenir gestionnaire ou propriétaire d’une entreprise en construction. […] C’est possible de faire l’examen sans suivre de cours, mais il faut être vraiment à l’aise », indique la directrice générale de l’ACQ Saguenay–Lac-Saint-Jean qui en a vu échouer plusieurs.
Des cours
Afin de répondre aux besoins des entrepreneurs qui veulent se qualifier comme répondants auprès de la RBQ, l’ACQ offre des cours qui sont accrédités par l’organisme. « Avec les cours qu’on offre, l’entrepreneur n’a pas besoin de passer l’examen de la RBQ. Des examens sont intégrés dans nos cours. C’est pour ça que c’est plus facile et accessible, la matière est séparée en plusieurs examens. En les cumulant, nous pouvons donner une attestation à la personne qui l’envoie à la RBQ », souligne France Boivin.
Comme il faut prévoir un certain temps pour passer l’examen ou pour suivre les cours, pour lesquels il faut aussi prendre en compte l’horaire offert par l’ACQ, Mme Boivin suggère d’y penser assez rapidement dans le processus de relève. « Ce n’est pas grave de faire l’examen ou les cours avant », rappelle-t-elle.
Une formation sur la relève
Ayant reçu de nombreux questionnements et préoccupations de ses membres par rapport à la relève, l’ACQ Saguenay–Lac-Saint-Jean a mis sur pied une formation sur ce sujet. Celle-ci a été offerte une première fois l’automne dernier et a attiré une quinzaine de personnes. Elle devrait devenir récurrente dans le calendrier de l’organisme au printemps et à l’automne.
Cette formation inclut différents panélistes qui viennent parler de différents aspects du processus de relève, dont un avocat et un fiscaliste. « Nous y abordons les licences, les structures d’entreprises, le cadre juridique, les garanties et cautionnements, la question du dossier criminel. Il y a des règles à suivre et des choses importantes à faire. […] La formation est vraiment adaptée aux besoins des entreprises en construction. Nous donnons des pistes pour les aider à réfléchir. Notre rôle, c’est un peu de les aviser qu’il faut prévoir beaucoup de choses, de les aider à amorcer une réflexion. »
La directrice générale rappelle qu’il existe plusieurs ressources, dont son organisme, qui peuvent accompagner les entreprises et répondre à leurs questions. « Il faut penser à tous les aspects de l’entreprise. C’est important de prévoir un calendrier pour les étapes de la transition et de se tourner vers les bonnes ressources », conclut-elle.